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Les syndicats en 2014

Quand le syndicalisme fait fausse route

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
14.01.2014
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  • L’auteur, chroniqueur, animateur à la radio et chroniqueur à la télévision Éric Duhaime. (Gracieuseté d’Éric Duhaime)

Début 2013, l’auteur, chroniqueur pour le Journal de Montréal, le National Post et à LCN, Éric Duhaime, a publié l’essai politique Libérez-nous des syndicats. Ce livre a été l’un des meilleurs vendeurs l’an dernier. «Ces gens qui achètent mon livre, ce n’est sûrement pas parce qu’ils pensent que les syndicats sont quelque chose d’extraordinaire. Il y a beaucoup de gens qui en ont assez. Malheureusement, il n’y a pas d’organisation qui a un milliard par année pour faire du lobbying et de la propagande pour représenter leurs idées», stipule le polémiste Éric Duhaime, qui a déjà travaillé avec Gilles Duceppe, Mario Dumont, Stockwell Day et Marc Bellemare.

La dernière élection de Régis Labeaume, maire de Québec, est un autre signe évident pour M. Duhaime que la population «en a soupé» des syndicats. «C’est la même chose avec les travailleurs syndiqués de la construction. Si on leur demandait aujourd’hui s’ils voulaient ou non se syndiquer et payer des cotisations, on serait surpris du nombre de travailleurs qui choisiraient de ne plus se syndiquer», continue le chroniqueur.

«Les syndicats depuis 40 à 50 ans au Québec ont évolué de telle sorte que, historiquement, ils étaient voués à la défense des travailleurs, c’était tout à fait légitime et souhaitable dans n’importe quelle société démocratique qui se respecte. Malheureusement, dans les dernières décennies, le syndicalisme québécois s’est comporté comme un vulgaire corporatif qui tente de faire la promotion d’une idéologie et d’intérêts particuliers. Ce syndicalisme-là est en train d’être démasqué, on l’a vu quotidiennement, même à la commission Charbonneau, je pense que les gens, ça, ils en ont marre», déclare le détenteur d’une maîtrise en administration publique de l’École nationale d’administration publique (ÉNAP) et d’un baccalauréat en science politique de l’Université de Montréal.

«Prenons l’exemple de l’industrie de la construction dans son ensemble. C’est un endroit qui est hyper syndiqué. On a créé une sorte de système mafieux. C’est ce que l’on voit, pas seulement dans la commission Charbonneau, mais aussi dans la commission Cliche [commission d'enquête sur l'exercice de la liberté syndicale dans l'industrie de la construction] en 1974. Quarante ans plus tard, on voit le même système et tout ce qui a changé, ce sont les noms. On est passé du président de la FTQ Construction de l’époque qui s’appelait André «Dédé» Desjardins jusqu’à Jocelyn Dupuis [ex-directeur général du syndicat de la FTQ-Construction] et son collègue Richard Goyette [ex-directeur général de la FTQ-Construction, tous les deux coauteurs du livre Syndicalistes ou voyous? - Nos années à la FTQ-Construction]», explique-t-il.

«Cependant, c’est la même corruption, le même système qui est demeuré. Tant qu’on n’aura pas le courage de redonner aux travailleurs québécois leur liberté d’association syndicale, on va perpétuer ce système-là. On va continuer de s’attaquer aux fraudeurs plutôt qu’au système mafieux», constate M. Duhaime.

Moyens et politiques

La confiance des Québécois envers les syndicats a certainement été ébranlée par différents problèmes soulevés par Éric Duhaime, dont les moyens qui font «fonctionner» le syndicalisme ainsi que ses liens avec la politique.

«Quand je parle de système mafieux, je fais référence à une organisation qui collecte un milliard de dollars de cotisation syndicale obligatoire au Québec seulement. Il n’y a pas d’entreprise ni personne qui peut se comporter comme ça, surtout que ceux à la tête des organisations syndicales ne sont pas toujours démocratiquement élus, on l’a vu à la FTQ récemment. Ça fait 50 ans que la FTQ n’a pas eu d’élection pour décider qui allait diriger», signale le cofondateur de Réseau Liberté-Québec, organisme sans but lucratif visant le réseautage des Québécois partageant des idéaux de droite.

«Un deuxième problème des syndicats est leur ingérence dans le processus politique. On l’a vu en 2011 avec l’abolition du placement syndical dans l’industrie de la construction par la ministre Lise Thériault [gouvernement libéral du Québec]. Il y a eu des gorilles syndicaux qui sont allés intimider les gens sur les chantiers, ils ont même failli en noyer deux à Trois-Rivières», rappelle M. Duhaime.

«En campagne électorale, on aide des partis politiques. On l’a vu très bien exprimé à la commission Charbonneau, c’est dans le livre de Jocelyn Dupuis lorsqu’il explique qu’il avait fait un marché avec André Boisclair et le Parti québécois. Le Parti québécois, en échange de son appui, a appuyé le système syndical. Ces syndicats se permettent de faire des appels, d’installer les affiches, d’assurer la sécurité des candidats et du chef de parti durant la campagne gratuitement, il y a une partie des ressources qui est détournée à l’avantage des partis politiques», tranche-t-il.

«Les politiciens ont la main haute sur les syndicats, autant du côté fédéraliste que souverainiste. Par exemple, je pense au Fonds de solidarité de la FTQ. On voit que ce fond, supposément pour les travailleurs, a été dirigé par le mari de Pauline Marois et qui, par la suite, a été dirigé par Raymond Bachand qui est devenu ministre des Finances au Parti libéral du Québec. Ça fait en sorte que même si la police a accumulé des preuves de 26 pots-de-vin provenant du dirigeant de la FTQ, du plus important syndicat au Québec, il n’y a aucune accusation qui a été portée, on réussit deux fois plutôt qu’une à bloquer la volonté des policiers d’arrêter le chef du plus gros syndicat québécois», se désole Éric Duhaime.



Liberté et fin de l’antagonisme

D’autres éléments ayant un impact sur la popularité des syndicats sont les questions traitant de liberté de choix et les rapports conflictuels. «J’étais en Suède récemment. On dit que c’est le modèle sociodémocrate européen. On cite souvent les pays scandinaves. Ils ont eu un rôle historique très important, mais en Suède, depuis environ 15 ans, on a constaté une baisse du taux de syndicalisation de 15 %. Les travailleurs ont la liberté de s’associer, même quand tu es dans une entreprise où les travailleurs sont tous syndiqués, même comme fonctionnaire, tu as le droit de dire “moi, je ne paie pas de cotisation syndicale”», s’exclame M. Duhaime.

«Au Québec, le fait de ne pas avoir cette liberté de s’associer présente un déséquilibre dans nos relations de travail, ça va faire en sorte qu’on va être de moins en moins concurrentiel, ça a un impact majeur sur la productivité, sur le développement des entreprises. On en est à un point où la convention collective devient plus importante que le résultat», pointe-t-il.

«L’employeur et l’employé devraient être vus comme des associés qui ont des intérêts communs, pas des ennemis qui se battent. La mentalité syndicale au Québec n’a pas évolué en ce sens. Tout ce qu’elle veut c’est de continuer à se battre au nom d’une idéologie vieillotte en voyant l’employeur comme des méchants. Il devrait plutôt être perçu comme un allié, afin de s’assurer que les travailleurs aient de meilleurs revenus, que l’employeur ait de meilleurs revenus et que tous les deux conquièrent de plus grands marchés, main dans la main, en plus de développer de meilleures façons de fonctionner. Ces organisations n’ont pas intérêt à montrer les résultats d’une entreprise ou d’un domaine de la fonction publique, de toute façon, ils reçoivent leur milliard par année», pense Éric Duhaime.

L’exemple de la crise de l’assurance-emploi sur le plan fédéral est un cas qu’Éric Duhaime décrit comme une autre confrontation avec une mentalité de batailleurs. «Toujours dans une perspective “des méchants”, ici des “méchants conservateurs la droite contre la gauche”, les syndicats ont tenu une lutte extrêmement idéologique. Ils ont fait des grosses manifestations, des obstructions à plusieurs niveaux. On se rend compte aujourd’hui, quand tu regardes l’impact de ce qui s’est passé durant les derniers mois, ça a affecté très peu de gens. Les principaux effets sont vraiment positifs, on se retrouve avec des entreprises qui en bénéficient», suggère M. Duhaime.

Inadaptés

Selon M. Duhaime, les syndicats ne peuvent plus s’adapter au marché du travail actuel. «Les récentes générations travaillent sur les ordinateurs, partout sur la planète, elles changent de carrière tous les trois, quatre ou cinq ans, on a des fois deux, trois, quatre employeurs en même temps, etc. Il y a de plus en plus de travailleurs autonomes. Le nouveau modèle de travail n’est plus compatible avec les syndicats. Au Québec, on reste collé sur une vieille réalité et cela risque d’avoir des impacts excessivement négatifs dans notre économie à long terme», en déduit-il.

M. Duhaime déplore qu’il n’ait pas eu de dialogue possible avec les différentes organisations syndicales. «Ils rejettent tout en bloc, ils tentent de me discréditer. Ils attaquent le messager plutôt que le message. Ils disent que c’est de la propagande antisyndicale.»

Fait intéressant, Éric Duhaime est syndiqué avec l'Union des artistes et paie ses cotisations.

 

 

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.