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Pourquoi les enfants ouvriers ne veulent pas rentrer chez eux à Liangshan

Les enfants ouvrier supplient pour ne pas être renvoyés chez eux, tandis que les responsables dilapident trop d’argent

Écrit par Zhou Xi, Radio Free Asia
21.01.2014
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Un récent reportage de Radio Free Asia a attiré l’attention du public sur deux problèmes qui se font écho en Chine.

La première de ces informations porte sur un site de production qui employait illégalement des enfants. Lorsque cet atelier clandestin a été découvert dans une usine de composants électroniques à Shenzhen, 41 jeunes enfants ont été sauvés mais aucun de ces adolescents n’a voulu être renvoyé chez lui.

Une jeune fille a déclaré au journaliste: «Ici, je peux manger du riz et de la viande, à la maison, je n’ai que des pommes de terre et du maïs. Je ne veux pas rentrer à la maison.» Leur ville natale est Liangshan dans la province du Sichuan, une des régions les plus pauvres de la province mais aussi du pays tout entier.

Là-bas, les transports et les services publics sont rudimentaires et le revenu annuel moyen par habitant n’est que de 2.000 à 3.000 yuan (220 à 370 € environ), à peu près le même montant que ce que ces enfants ouvriers gagnent en un mois. Les parents eux-mêmes estiment qu’aller travailler ailleurs n’est pas une mauvaise chose, les enfants peuvent acquérir de l’expérience, gagner de l’argent et manger de la viande. Même en travaillant 12 heures par jour, leur vie est bien meilleure qu’à la maison.

Entre-temps, le West China City Newspaper publiait le 7 janvier dernier une autre information. Un membre du Comité permanent du Parti communiste de Liangshan, également secrétaire de la Commission de surveillance des actifs publics de Liangshan, a reçu un avertissement du Comité de l’inspection disciplinaire du Parti pour avoir organisé des fêtes à l’aide de fonds publics.

Alors qu’il dirigeait un groupe de travail pour mener des inspections élémentaires, ce même responsable aurait dépensé plus de 15.000 yuan (1.830 € environ) pour un dîner, dont 8.000 yuan alloués à l’achat d’alcool et de cigarettes.

Un article de Zhi Shang Jian Zhu (Construire sur du papier) déclarait: «Dépenser 15.000 yuan pour un repas – un tel gaspillage choque même dans les quartiers aisés, sans même mentionner que cela s’est passé en plein Liangshan, où les enfants ouvriers ne veulent pas rentrer parce qu’ils n’ont pas de viande à manger.»

Il semblerait qu’il n’y ait en réalité pas de pauvreté absolue, seulement une injustice absolue. Alors que le peuple a faim, les responsables vivent dans l’extravagance. D’où leur est venu cet argent ? Il vient de ces gens incroyablement pauvres.

C’est exactement ce que décrit le vieil adage: Yu Rou Xiang Li («Traiter les petites gens comme du poisson et de la viande, tuer et manger à volonté»). Ce n’est pas une question de mode de vie, mais c’est un crime à l’état brut.

La diffusion simultanée de ces deux informations repose peut-être sur une coïncidence, l’une parlant d’enfants ouvriers travaillant douze heures par jour, l’autre évoquant le gaspillage des responsables du canton. Ces personnes viennent de la même ville mais vivent dans deux mondes totalement différents.

Dès 2008, les médias ont révélé le fait que de nombreux enfants ouvriers émigraient de Liangshan, une ville très éloignée où vivent globalement des personnes âgées, des minorités nationales ou des pauvres, vers les villes de Shenzhen et Dongguan dans la province du Guangdong.

Mais comment a été puni ce responsable coupable d’avoir gaspillé 15.000 yuan dans un repas de travail? Il a été à peine critiqué dans un avis écrit.

Quant à ces enfants des familles pauvres, même s’ils sont «sauvés» et renvoyés à Liangshan, ils reviendront très probablement en groupes après le Nouvel An chinois en février prochain pour reprendre leur vie d’enfants ouvriers, manger du riz et de la viande.

Un article de Di Guo Liang Min (L’Empire du citoyen innocent) affirme que la situation n’a pas changé après qu’elle ait été révélée par les médias en 2008. Mais une couverture médiatique aujourd’hui suffirait-elle à faire comprendre combien terrible est la pauvreté de Liangshan?

L’image de responsables locaux profitant d’un dîner extravagant avec pour décor une scène d’enfants ouvriers émigrant en grands groupes donne une version moderne de ces vers écrits par le célèbre poète Du Fu de la Dynastie Tang en 755 de notre ère: «Derrière les portes rouges, viandes et grains s’amoncellent en pourriture; Au bord du chemin, les affamés laissent leurs dépouilles gelées.»

Le niveau de pauvreté des régions reculées et misérables comme Liangshan est toujours troublant et beaucoup se sentent impuissants face au phénomène du travail des enfants. Certaines personnes ont même blâmé les médias d’avoir révélé l’existence de ces enfants ouvriers, ce qui a entraîné leur retour forcé vers leur ville natale où ils n’ont que des pommes de terre et du maïs à manger.

Cette amertume et cette frustration constituent l’image réelle de la société chinoise contemporaine.

 

Version en anglais: Why Child Laborers Don’t Want to Go Home to Liangshan, China

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