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La grande beauté

Une grande noirceur sous le soleil de Rome

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
28.01.2014
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Tout frais gagné le 12 janvier dernier, le Golden Globes de la catégorie Meilleur film en langue étrangère a été décerné à la production italienne et française, La grande beauté,version française de, La Grande Bellezza. Le réalisateur de ce drame, Paolo Sorrentino (Il Divo, This Must Be the Place), a prévu à son agenda au début de mars prochain la soirée des Oscars où son film est également en lice. Neuf nominations au dernier Festival de Cannes suivent aussi derrière. Son long métrage semble tout avoir pour la critique. Ce dernier porte sur le nouveau déclin sociétal de Rome, amené plus comme un portrait qu’une critique.

La remise en question existentielle du sexagénaire Jep Gambardella (Toni Servillo) atteint son climax lorsqu’il rejoint les 65 ans. Auteur reconnu, mais d’un seul livre écrit dans sa jeunesse, et journaliste talentueux et complaisant d’un journal bien coté de Rome, il n’arrive toujours pas à se sortir des sables mouvants de la superficialité. Cherchant toujours son inspiration, il n’a pas abandonné complètement l’idée d’écrire à nouveau ni de vivre une vie qui pourrait avoir un sens.

Toni Servillo (La Belle endormie, Mon père va me tuer), très apprécié des Français et premier rôle dans La grande beauté, a hérité d’un personnage fort complexe, au registre d’émotions vives et très variées. Il n’est pas évident de jouer une vie que son personnage, Jep Gambardella, qualifie de «néant». On peut sentir littéralement où en est le déroulement du film en lisant ce qu’il éprouve sur son visage. Bien que les chutes dans la mondanité sont ce qui caractérise son existence, il y a tout de même une évolution du personnage qui fait son chemin tard dans le très long métrage de 2 heures et 21 minutes.

La direction photo, par moment, devient palpitante et rend grâce à l’Italie, à ses beautés de toutes sortes, mais aussi à son caractère cinématographique que l’on connaît des Italiens depuis plusieurs décennies. Cette qualité du film rend l’œuvre aussi poignante quand la caméra décide de montrer les différents aspects de la décadence romaine, de tout ce qui est de moins en moins humain et de plus en plus sulfureux. On sent aussi le même hommage paradoxal à travers la trame sonore. Beaucoup de musique classique, de chant choral sacré, qui évoque à la fois une beauté intemporelle et indestructible, mais aussi le beau que consomme la haute classe de la Rome contemporaine illustrée dans le film, aussi dépravée et malsaine qu’elle soit devenue. On y voit aussi des exemples assez criants d’art contemporain, aussi dérangeant que de mauvais goût, notamment au théâtre et en peinture. Juste sur le plan visuel et sonore, on pourrait aisément affirmer que La grande beauté est un nouveau classique italien.

L’espoir de revenir à un équilibre, à ce que le retour du balancier se fasse dans cette société en perte de sens a une place fort limitée dans l’œuvre. On peut sentir l’intérêt du personnage principal au spirituel, voire à l’exorcisme de ses démons dans le dernier quart du film, où l’on propose une note plus profonde et optimiste. Les trois quarts du film pourraient être comparés à une série de chutes et de rechutes d’un alcoolique accroché à la légèreté de l’être. Difficile de résister au tourbillon de la futilité de Rome dans ses hautes sphères, mais la prise de conscience demeure inévitable un jour ou l’autre.

 

 

 

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