Ces dernières années, les conditions météorologiques semblent devenir extrêmes. En 2012, pendant que l’ouragan Sandy frappait la côte Est des États-Unis, l’Angleterre vivait son année la plus humide jamais enregistrée. Si beaucoup de personnes espéraient une accalmie en 2013, les conditions météorologiques inhabituelles ont encore fait l’actualité toute l’année.

J’ai retenu cinq événements marquants et donc inévitablement, un certain nombre de cas sont omis notamment les vagues de chaleur (l’Australie a connu une année de canicule) et les inondations au Canada et aux États-Unis.

Cependant que ce soit des blizzards surprises au mois de mars ou des inondations en juin, seuls les événements météorologiques trop inhabituels pour les lieux où ils se produisent ou la période de l’année, ont retenu mon attention.

En mars, des chutes de neige au nord-ouest de l’Europe

Le 11 mars une zone hivernale de basse pression traverse le nord de la France et pousse les fronts sur les îles anglo-normandes et les comtés côtiers du sud-est de l’Angleterre, apportant de l’air froid du nord de l’Europe.

A Guernsey, avec la neige, est arrivée le blizzard. C’est le pire blizzard depuis plus de seize ans, confient les habitants, avec au moins 16cm d’épaisseur de neige. Même sur les îles de Scilly, il y’avait du gel dans l’air - un événement exceptionnel quelque soit la période de l’année.

En Normandie, 47.000 foyers ont été privés d’électricité en raison des chutes de neige; dans le Nord Cotentin 25 cm de neige sont tombés l’après-midi du 11 avec des rafales de vent qui atteignent les 100km/h sur la côte. En Belgique, les tempêtes de neige ont causé 1.600 kilomètres d’embouteillages; la circulation des trains à grande vitesse, Eurostar et Thalys ont également interrompue.

En mai-juin, des inondations en Europe

Les pluies extrêmes survenues dans les régions alpines, en Allemagne, en Pologne, en République tchèque, en Autriche et en Suisse, ont provoqué l’inondation la plus intense et la plus longue dans les bassins du Danube et de l’Elbe depuis au moins 1950. Entre le 29 mai et le 3 juin, plus de 400mm de pluie sont tombées par endroits. A Passau, au sud-est de l’Allemagne, le niveau du fleuve a atteint son plus haut depuis 1501. Au moins 20 personnes sont mortes à la suite de ces inondations.

En Europe centrale, le mois de mai a été humide avec des précipitations qui ont doublé en moyenne, provoquant la saturation des sols. Une zone de basse pression a apporté de grandes quantités d’humidité du sud en traversant les Alpes, où elle a rencontré l’air très froid du nord dans les hauteurs de l’atmosphère. La remontée forcée de l’air au dessus des Alpes a déclenché en partie les fortes pluies. A la mi-juillet, les coûts des dégâts dépassaient les 16 milliards de dollars.

En juin, des inondations au nord de l’Inde

Dans le sud-ouest asiatique, à la frontière indo-népalaise, la saison de la mousson a causé la pire inondation et la pire dévastation des cinquante dernières années.

La mousson est arrivée avec deux semaines d’avance, au début de l’Uttarakhand, avec une grosse averse et de très fortes pluies entre le 14 et le 18 juin. En juin, le nord-ouest de l’Inde a pratiquement doublé sa moyenne de précipitations, avec 523,8mm de pluie à Lakshmi ashram, soit 344% de plus que la moyenne mensuelle. L’inondation est survenue au pic de la saison du tourisme et du pèlerinage, bloquant des centaines de milliers de visiteurs, les ponts et les routes ayant été emportés. Les victimes sont d’au moins 6.000 personnes.

Le déluge a provoqué la fonte du glacier Chorabari et de nombreuses rivières ont débordé. Les avertissements du service des prévisions météorologique qui annonçaient de fortes pluies n’ont pas obtenu l’écho escompté.

En novembre, le typhon Haiyan

Début novembre, le Typhoon Haiyan (Yolanda aux Philippines), un cyclone tropical extrêmement puissant a dévasté une partie des Philippines. Fin novembre, on dénombrait plus de 6.000 décès, même si la seule ville de Tacloban semblait avoir perdu plus de 10.000 vies. C’est la plus forte tempête qui a jamais atteint les terres Philippines à Guiuan, Samar, le 7, à 20h05 Temps Universel Coordonné (TUC).

Haiyan a d’abord été identifié le 2 novembre comme une tempête, puis requalifiée en typhon avec son intensification rapide, le 5 novembre. Vers 12h00 TUC, le 7 novembre, Haiyan atteint son pic d’intensité avec des vents soutenus de plus de 230km/h sur plus de dix minutes et une pression à la surface centrale de 895 millibars. Six heures plus tard, des bourrasques de vent de 378km/h ont été enregistrées.

Les dégâts étaient si importants, qu’un cri d’appel à l’aide internationale a été lancé.

En décembre des tempêtes sur la Mer du Nord

Le 5 décembre une dépression majeure s’est déplacée vers l’est en partant du nord-ouest de l’Ecosse au sud de la Suède (avec une pression centrale de 962 millibars à 2.400 TUC) et encore plus vers l’est le lendemain. Plus tard dans la journée, avec un vent du nord vers le nord-ouest qui s’installait, un raz de marée énorme allait toucher les zones côtières de la Mer du Nord. Les premières rafales de vents atteignant les 228,5 km/h s’abattirent sur l’Ecosse.

Les zones côtières de la Mer du Nord sont particulièrement exposées aux ondes de tempête, car l’eau qui coule dans les profondeurs de l’extrémité sud ne peut pas s’échapper rapidement par le détroit de Douvres. Les vents du nord amplifient cet effet d’entonnoir et élèvent le niveau des eaux côtières.

Au Royaume-Uni, des milliers de personnes ont dû évacuer leurs maisons situées sur la côte est, qui affrontait sa pire montée côtière depuis 1953, avec des inondations locales et des maisons emportées en mer par la chute des falaises. Au moins six personnes ont perdu la vie, avant que les vents ne se déplacent plus bas vers le nord-est de l’Europe.

Il est vrai que seuls les événements inhabituels, extrêmes et tragiques s’installent sur la durée dans nos mémoires. Chaque année, différents phénomènes météorologiques se présentent, mais ils sont impossibles à prévoir plusieurs mois à l’avance.

Roger Brugge reçoit des financements du NERC (Agence anglaise de financement de la recherche environnementale)

Version en anglais: 2013: The Year in Extreme Weather

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