Un voyage en Haïti pour découvrir une nouvelle facette de cette île: grâce au projet Destination Île-à-Vache, Haïti reprend vie.

À Port-au-Prince, beaucoup de constructions sont en cours: le Palais de la Cour de Cassation, l’immeuble du ministère du Commerce, la Direction Générale des Impôts... même un autopont. La sécurité règne et on peut voyager en toute sécurité.

Une vie sociale renaît dans la capitale

La place du Champ-de-Mars est temporairement réduite par des travaux de construction, mais elle est bien aménagée. Au cœur, on y trouve la place des Héros de l’Indépendance et le musée du Panthéon national haïtien (MUPANAH) avec d’un côté le Panthéon national qui conserve précieusement les restes des Pères de la patrie et de l’autre, deux salles d’exposition.

La première salle est consacrée à l’exposition permanente du musée, mettant en valeur des objets témoins et des documents historiques datant de la période précolombienne jusqu’à la période contemporaine, en passant par la période révolutionnaire au cours de laquelle l’armée indigène a combattu le système colonial pour parvenir à l’abolition de l’esclavage et à la création du premier État noir indépendant du monde: Haïti. La seconde salle a une vocation plus artistique et vise à promouvoir les beaux-arts.

Sophia Martelly, première dame de la République d’Haïti, a déclaré lors du vernissage de l’exposition Rencontres, qui s’est tenue du 13 août au 30 septembre dans les locaux du MUPANAH: «La culture haïtienne est le reflet de la beauté intérieure du pays».

Coup de cœur pour l’Île-à-Vache

Située au sud de la ville des Cayes, l’Île-à-Vache a une superficie proche de 46 km² (deux fois Saint-Barthélemy), elle s’étend sur 15 km de long pour une largeur maximum de 5 km et compte environ 15.000 habitants.

Très peu de voitures, on peut se déplacer à cheval, en vélo, à moto ou par la mer en barque. Un endroit paisible, authentique, comme il n’en existe plus beaucoup aujourd’hui, où les gens vous sourient, assis là, tranquillement, devant leur maison colorée, sans aucun esprit de recherche.

Plus pour longtemps, car le projet Destination Île-à-Vache, annoncé par la ministre du Tourisme, Stéphanie Balmir Villedrouin, prévoit que cette île va devenir d’ici deux ans environ une destination touristique de luxe très fréquentée. Un aéroport international est en construction ainsi qu’une route qui traversera toute l’île et des hôtels de luxe vont voir le jour.1.000 chambres sont prévues ainsi que 2.500 villas.

Quel plaisir donc de profiter encore quelque temps de cet environnement naturel, où les gens vivent essentiellement de la pêche, de la culture (maïs, manioc, patates, haricots, coton, fruits, galettes de cassave), de l’élevage et du commerce (transport maritime).

Des hôtels au charme si particulier

L’hôtel Port Morgan, ouvert depuis 15 ans, surplombe la mer. La clientèle se compose de touristes provenant d’Amérique, du Canada, de France, de Suisse, d’Espagne, de Suède, de Norvège, du Danemark... Ils viennent y passer en moyenne une à deux semaines par an. Certains ont pu y croiser, entre autres, des stars internationales telles que Madonna ou encore le chanteur français Antoine. L’hôtel emploie actuellement 40 personnes dont trois cuisiniers formés par des chefs français et belges.

La cuisine est mixte, franco-haïtienne et composée essentiellement de produits frais. Plage ou piscine avec vue sur la mer, massage, relaxation, sports, loisirs nautiques, etc. Didier Boulard, le propriétaire, envisage d’agrandir son hôtel pour atteindre un total de 120 chambres dans les cinq ans à venir.

À l’anse Dufour, face à la plage qui a été classée 57^e plus belle plage au monde, se trouve l’hôtel Abaka Bay Resort, construit en 2000. Doté de 29 chambres et d’une soixantaine d’employés, l’hôtel vous proposera une cuisine du terroir haïtien et vous pratiquerez la plongée sous-marine, les sports nautiques, monterez à cheval ou visiterez l’île des Amoureux.

Si vous aspirez à davantage de contacts avec les habitants locaux, l’hôtel Chic Cocotier – situé dans la zone Kay-Kok – est l’hôtel idéal pour les petits budgets. Situé près de la mer, ombragé, l’accueil y est très chaleureux.

Vous dégusterez du lambi, des langoustes, du poisson frais, ainsi que tous les produits locaux. Les lampadaires solaires récemment implantés – encore exceptionnels sur l’île – éclaireront vos promenades du soir, là encore, en toute sérénité.

Jean Julebert, le propriétaire, nous a raconté l’histoire de son hôtel: «Il y a six ans, un Français est arrivé dans la zone avec une toile de tente. Il est venu vers moi et m’a demandé comment il pouvait se nourrir avec peu de moyens. Je n’avais pas encore d’hôtel à cette époque-là. Je lui ai offert à manger pendant trois ou quatre jours. Quand il est parti, il était tellement touché qu’il m’a dit: "Je vais t’envoyer du monde, tu pourras faire un hôtel ici". Depuis deux ans, je reçois des groupes allant parfois jusqu’à 30 personnes et même, une fois, j’ai reçu 60 personnes. J’ai toujours trouvé comment les installer convenablement, certains chez moi, d’autres chez des membres de ma famille qui habitent dans la zone et qui n’ont pas hésité à les recevoir, et même à prêter leur maison. C’est grâce à ce Français qu’aujourd’hui j’ai pu construire quatre bungalows et ouvrir cet hôtel».

Il nous a ensuite conté l’histoire insolite de Kay Kok. «Kay veut dire maison en créole, Kok est le nom d’un homme qui est arrivé sur l’île il y a très longtemps avec sa femme, Madame Bernard. Comme il la battait trop, celle-ci est allée s’installer plus loin dans un endroit qui est devenu maintenant le centre-ville Madame Bernard. La zone où est demeuré l’homme a gardé son nom: Kok».

Madame Bernard est donc le nom donné à la ville de l’île, on y trouve toutes les administrations. Sur la place du marché, ce ne sont pas des voitures qui stationnent, mais des taxi-motos. Des chevaux aussi sont là, à l’attache, attendant que leurs propriétaires, principalement des femmes ou même parfois des fillettes, fassent leur marché. Les barques servent de transport en commun tout autour de l’île.

Il restera à visiter l’île des Amoureux: un banc de sable blanc situé en pleine mer turquoise et dont l’eau chaude est idéale pour la baignade.

Lutte contre la pauvreté et développement touristique

Le 22 février dernier, lors de sa visite sur l’île, le Premier ministre d’Haïti, Laurent Lamothe, a rassuré les habitants de la localité Kay Kok, leur disant qu’ils ne seraient pas expulsés. De plus, il a annoncé l’existence d’autres projets pour Kay Kok et pour Mme Bernard: le forage pour capter l’eau potable, la construction de toilettes publiques et l’installation de dix centres de traitement de poissons pour les pêcheurs.

«Le Projet Destination Île-à- Vache, comporte deux composantes: la première est relative à l’inclusion sociale et la lutte contre la pauvreté et la seconde concerne le développement touristique de l’île», a fait savoir Mme Villedrouin. L’Île-à-Vache est une exception dans les Caraïbes avec ses petits villages pittoresques et ses plages paradisiaques. C’est un vaste plan de développement pour Haïti et donc une belle opportunité pour les Haïtiens de faire revivre le pays, lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

INFOS PRATIQUES

Si vous arrivez le soir à Port-au-Prince, mieux vaut dormir une nuit dans un hôtel proche de l’aéroport. Faites votre réservation auprès de CAPITAL COACH LINE (bus climatisé, 2 départs par jour) pour un départ le lendemain matin.

Arrivé aux Cayes, faites-vous conduire à l’embarcadère des Cayes et là, le bateau vous attendra si vous avez réservé un hôtel car tous les hôtels de l’île peuvent réceptionner leurs clients aux Cayes en bateau.

Arrivé sur l’île vous serez dans un autre monde.