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Wu Hsing-Kuo entre Orient et Occident

Écrit par Michal Bleitreu Neeman, Epoch Times
13.10.2014
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  • Wu Hsing-Kuo interprète Shakespeare en mandarin avec toute la symbolique et les codes de l’opéra chinois. ( Boin Carey)

Pour célébrer ses 50 ans, le théâtre du Soleil propose au public une série de rencontres festives, dont fait partie le grand maître de la scène Wu Hsing-Kuo avec son Roi Lear en opéra chinois, que le public a pu savourer la semaine dernière.

Seul sur scène, l’acteur metteur en scène taïwanais a fasciné les spectateurs dans une adaptation inoubliable de l’une des pièces les plus achevées de Shakespeare.

Entre tradition séculaire et modernité

Wu Hsing-Kuo nous a convaincus qu’il était comédien dans chaque cellule de son corps. «Qui suis-je?», s’interroge-t-il tout au long de la pièce. Sur scène, il passe d’un rôle à l’autre avec une virtuosité de magicien – roi, princesses, nobles et fou. Il est encore plus impressionnant dans le deuxième acte dans lequel il incarne les dix personnages principaux de la pièce. Il hurle, chante, s’habille, se déshabille: «Je retourne à ma nature originelle», dit-il. «C’est plus difficile que de devenir moine». Le roi enlève son masque pour devenir un autre, un fou, un vieux et finalement tout simplement un homme.

Wu Hsing-Kuo fait des sauts périlleux, tombe raide. Il subjugue les spectateurs avec le moindre mouvement des yeux, du visage, des doigts qu’il manie selon la tradition du Jingjú – l’opéra de Pékin – alliant acrobatie, arts martiaux, danse et déclamation.

Wu Hsing-Kuo interprète Shakespeare en mandarin avec toute la symbolique et les codes de l’opéra chinois, ce qui confirme que le génie transcende les langues et les peuples, il est universel.

Habité par la sagesse de Shakespeare, Wu Hsing-Kuo présente l’essence de cette œuvre magistrale et nous expose la nature profonde de l’humain.

Wu Hsing-Kuo se sert avec une grande virtuosité de sa voix et de son corps, mais aussi de ses connaissances de la scène et du cinéma contemporain. Ainsi les émotions changent, tantôt avec les yeux, tantôt avec des effets de lumière.

Sur scène, quatre statues, quatre silhouettes humaines – le roi Lear et ses trois filles, comme sculptées par le vent dans les rochers, entourent un cercle de lumière. Voilà toute l’histoire, toute la tragédie humaine devant nos yeux en une seule image: le roi et ses filles agités dans le cercle de la vie. Les statues se décomposent avec la tempête et deviennent sous l’effet de la brume – qui vire du blanc au rouge, au bleu… – tour à tour une grotte, un rocher ou une falaise au bord d’un océan rugissant.

Dans Le Roi Lear, l’acteur incarne tous les personnages de la pièce à la manière des rôles traditionnels de l’opéra de Pékin: sheng (le jeune homme), dan (la jeune femme), jing (le gredin), mo (l’homme d’âge mûr) ou chou (le bouffon).

Wu Hsing-Kuo présente son adaptation de la pièce en trois actes. Il se sert de la tradition séculaire comme de la technologie moderne pour séduire son public, pour lui offrir une aventure théâtrale exceptionnelle.

Pendant les applaudissements enthousiasmés du public, la magie du théâtre ne s’arrête toujours pas. Wu Hsing-Kuo accorde aux spectateurs une longue cérémonie de révérences, présentant ses humbles remerciements et salutations, selon la tradition chinoise. Ces adieux ne sont pas moins suggestifs que le reste de la pièce.

  • Dans Le Roi Lear, l’acteur incarne tous les personnages de la pièce à la manière des rôles traditionnels de l’opéra de Pékin: sheng (le jeune homme), dan (la jeune femme), jing (le gredin), mo (l’homme d’âge mûr) ou chou (le bouffon). (Boin Carey)

Wu Hsing-Kuo et l’Opéra de Pékin

C’est à Taïwan en 1986, que Wu Hsing-Kuo fonde le Contemporary Legend Theatre, convaincu que l’opéra chinois avait quelque chose d’important à partager avec le reste du monde. Ses recherches l’amènent à puiser dans toutes les formes du répertoire. Il a ainsi su tirer profit de sa parfaite maîtrise des techniques traditionnelles pour explorer les grands classiques occidentaux signés Shakespeare ou Beckett.

L’apprentissage de l’opéra chinois est long et ardu, il peut durer de sept à huit ans. Les étudiants se lèvent tôt et sont souvent frappés par le maître pour les encourager à atteindre la perfection. La journée est consacrée à l’apprentissage de la pratique de l’acrobatie, du chant, de l’art du combat et de la gestuelle. Les plus expérimentés jouent sur scène.

Ce parcours fut aussi celui de Wu Hsing-Kuo qui est entré à l’Académie nationale des Arts dramatiques Fu Hsing à l’âge de onze ans – ce qui pourrait d’ailleurs expliquer son incroyable maîtrise.

Il y étudie durant huit années et obtient des premiers rôles dans la troupe de l’école dès l’âge de seize ans, après quoi il s’inscrit à l’université de la Culture chinoise, à Taipei. Il rejoint ensuite la troupe de Cloud Gate avec laquelle il voyagera dans le monde entier. C’est ainsi que naît sa nouvelle vision pour renouveler l’art traditionnel.

Comme thème de départ il choisit Macbeth de Shakespeare et retrouve un certain parallèle avec l’opéra de Pékin. Après trois ans de travail sur son adaptation, il présente Le Royaume du désir qui est joué dans 26 villes à travers le monde, entre autres au Royal National Theatre de Londres et au festival d’Avignon.

C’est à cette occasion qu’il rencontre Ariane Mnouchkine qui l’invitera en 2000 à venir en France encadrer un stage et jouer au théâtre de l’Odéon.

 

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