Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Réformes structurelles: pourquoi elles sont inévitables

Écrit par David Vives, Epoch Times
13.10.2014
| A-/A+
  • Michel Sapin, ministre des Finances présentant le projet de loi de finances 2015, le 1er octobre 2015. (Eric Piermont/AFP/Getty Images)

À peine présentée, la loi de finances 2015 a été soumise au feu de sévères critiques. De son côté, Michel Sapin, ministre des Finances et des Comptes publics, a récemment assuré sur France Info qu’il mènerait une politique d’ «économies», et non d’ «austérité», et qu’il ne «demanderait pas d’efforts supplémentaires aux Français».

Mais à Bruxelles, on ne l’entend pas de cette oreille. Les commissaires européens cachent de moins en moins leur colère face à une France se reposant sur ses lauriers. D’après la Commission, la France fait figure d’exception à côté de certains pays européens qui ont dû consentir à de grands sacrifices. Une exception qui pourrait bien se payer par des milliards d’euros, si l’UE met ses menaces à exécution.

Alors que le climat économique s’avère résolument morose, certains parlent désormais de besoin de «réformes structurelles». Ces réformes font également l’objet de tractations dans les discussions de nos dirigeants avec l’Allemagne, la Commission Européenne, ou encore avec Standard & Poor’s, l’agence de notation qui a averti Paris de la possibilité d’une nouvelle dévaluation de sa note AA si des mesures importantes n’étaient pas entreprises.

La réforme, interaction vitale entre politiques et citoyens

À chaque pays sa réforme. Pour mieux comprendre ce besoin essentiel de nos systèmes économiques, il peut être instructif de voir ce qui s’est fait chez nos voisins. Nombre d’entre eux ont réussi la transformation d’une partie de leur économie à travers elles. Plusieurs facteurs ont concouru: le Royaume-Uni, par exemple, a privatisé son réseau ferroviaire suite aux nombreux disfonctionnement de ce dernier. Les «hivers de grogne sociale» et les pannes d’électricité, dans les années 70-80, ont également constitué un puissant moteur de réforme.

Les impasses économiques en Allemagne, Finlande, aux Pays-Bas ou au Japon ont entraîné un développement similaire, à travers des mesures permettant une libéralisation progressive du marché du travail. Autrement dit, le mauvais contexte économique et social, appuyé par l’opinion publique, a joué un rôle crucial.

D’après l’Observatoire de l’OCDE, «l’économie détermine rarement l’issue de la bataille des réformes: c’est la politique qui en détient les clés». Comme les réformes touchent aux acquis et se ressentent de façon concrète dans la population, il est nécessaire pour le politique de prévoir leur accompagnement et leur programmation.

On peut, par exemple, affirmer qu’une mesure de soutien au pouvoir d’achat aura grande chance de réussir dans un contexte d’expansion économique. «Les gens se rallient aux réformes lorsque leurs effets bénéfiques se font plus concrètement sentir», remarque l’Observatoire. Les réformes ne sont donc pas simplement une opération de comptabilité macro-économique, mais doivent résulter d’une interaction  entre le politique et le citoyen.

La théorie de la fin de l’État-providence

Pour reprendre l’exemple ferroviaire anglais, en France, la SNCF a une réputation de performance sur son fonctionnement global. Ainsi, les réformes le concernant ont eu plus de difficultés à se concrétiser. De même, le système de couverture fournie par l’assurance maladie est performant, malgré son déficit, il sera donc plus difficile de le réformer, et d’obtenir le soutien des Français. Au niveau économique, on observe également un effet «tampon» joué par le protectionnisme appliqué par le gouvernement dans les dépenses publiques.

En France, le chômage a su se maintenir à un niveau raisonnable jusqu’en 2008 (7%). Il a progressé à 9% lors de la crise, et jusqu’à 12% actuellement. Il n’est donc pas déraisonnable d’attribuer à la crise économique les raisons de la faible croissance, et de constater la relative efficacité de l’État-providence et du protectionnisme. Différentes enquêtes ont montré que la qualité de vie des Français s’est maintenue malgré la crise. Le besoin de réforme n’a donc pas été ressenti comme une urgence par l’opinion publique. 

Le ralentissement économique s’est cependant bien installé en France, ainsi, les indicateurs ont, un à un, viré au rouge.  La crise conjoncturelle s’est muée en crise structurelle, appelant ainsi une réponse forte pour dynamiser le marché de l’emploi. À ce titre, le choix du gouvernement s’incarne dans sa loi du budget récemment votée; celle-ci s’inscrit sans surprise dans la continuité de la loi précédente. L’espoir, côté Matignon, c’est le pacte de responsabilité.

De simples ajustements ne suffiront pas

D’autres observateurs pointent une détérioration sûre et progressive de notre économie, et appellent le gouvernement à faire volte-face sur ses mesures actuelles. C’est le cas de Patrick Artus, économiste et directeur de la recherche chez Natixis. D’après lui, le pacte de responsabilité ne parviendra pas à combler le manque actuel de compétitivité. Le coût du travail et le faible taux de profit des entreprises sont des pistes qui retiennent l’attention des économistes.

Ainsi, l’enjeu dominant reste celui d’expliquer, à travers un exercice pédagogique de haute volée, les tenants et les aboutissants des mesures économiques à venir, qui ne sauraient se contenter d’être de simples ajustements. Ce scénario, maintes fois éprouvé par différents gouvernements à l’étranger, se fait toujours au prix de sacrifices dans les dépenses publiques. Les remèdes efficaces ont rarement bon goût…

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.