Suite au sommet de l’ONU sur le climat, le président Obama a annoncé, puis signé une proclamation le 25 septembre dernier, pour désigner la plus grande réserve marine au monde. Cette proclamation élargit la plus grande zone marine protégée de la planète, ceci autour des îles et atolls du Pacifique.

La superficie marine protégée dans cette région du centre et l’ouest de l’océan Pacifique passe à près de 1,3 million de kilomètres carrés, soit trois fois la taille de la Californie et six fois sa taille précédente. Cet espace abritera les baleines, les oiseaux de mer, les tortues de mer, les poissons et les coraux. La pêche commerciale et l’extraction des minéraux y seront désormais interdites.

L’administration de la Maison Blanche avait déclaré: «L’extension du sanctuaire protégerait davantage les récifs coralliens des profondeurs, les montagnes marines, et les écosystèmes marins uniques à cette partie du monde, qui figurent aussi parmi les zones les plus vulnérables à l’impact du changement climatique et à l’acidification des océans».

George Bush avait créé un sanctuaire marin en 2009

L’institut de Conservation marine a travaillé en arrière-plan depuis des années pour assurer la protection des eaux du Pacifique. C’est ainsi qu’avait été créé en 2009, par le président George Bush, un sanctuaire avoisinant 225.000 kilomètres carrés.

Maintenant c’est au tour de Barack Obama de compléter l’aire marine et d’en faire le plus grand sanctuaire marin de la planète. Sa taille sera comparable à la superficie de la France. Cette réserve abrite en effet de nombreuses espèces endémiques et uniques, telles que des coraux, baleines, tortues de mer, thons, raies manta, requins et des millions d’oiseaux marins.

Mais le réchauffement de la planète a augmenté la température des océans, les espèces marines et les récifs coralliens sont affectés. Dans un communiqué, la Maison Blanche indique: «Le dioxyde de carbone (CO2) émis dans l’atmosphère est absorbé par les océans, entraînant leur acidification, ce qui peut être néfaste pour les lits de coquillages et les récifs, et altérer des écosystèmes marins entiers.»

La pression des flottes thonières basées à Hawaï

Cependant, la réserve sera moins vaste que les désirs initiaux du président. À l’origine, Barack Obama avait annoncé la création d’un sanctuaire de 2 millions de km2 mais il a fini par céder au chantage des flottes thonières basées à Hawaï et a diminué l’étendue marine à protéger.

Toutefois pour appuyer cette réalisation, les scientifiques de l’Institut de conservation marine ont été rejoints par 600 scientifiques du monde entier et par de nombreux écologistes pour soutenir le président dans ce projet. «Ainsi le président Obama a quand même pu créer cette vaste zone protégée de l’océan Pacifique, en s’appuyant sur l’œuvre monumentale du président Bush, créée en 2009», a déclaré le Dr Lance Morgan, président de l’Institut de conservation marine. «L’histoire de la conservation marine s’écrit par les efforts du président Obama d’étendre le sanctuaire marin autour des îles du Pacifique, en prolongation du Monument marin créé par George Bush. Ainsi l’œuvre s’accomplit et devient assurément l’une des plus grandes réalisations de la planète.»

Reconstituer l’abondance des zones de pêche

Les scientifiques, les écologistes, les groupes de conservation ont fait pression pour que ce grand projet d’aire marine s’accomplisse. Ils ont déclaré que l’annonce du sanctuaire était un succès historique dans leurs efforts pour diminuer l’impact de la pêche, du forage et d’autres activités qui menacent les eaux les plus riches du monde en biodiversité.

Mais la pêche de loisir sera toujours autorisée avec permis dans la zone et les canotiers pourront circuler dans l’aire marine protégée. «Ce sanctuaire d’une étendue sans précédent est un pas important pour reconstituer l’abondance des zones de pêche dans l’océan Pacifique, ce qui en retour aidera à nourrir une population mondiale croissante», estime la vice-présidente d’Oceana, Jacqueline Savitz. Jean-Paul Michel, directeur du Global Ocean Legacy France se réjouit: «C’est une étape importante pour la protection des océans aux États-Unis». Cette décision de Barack Obama permet de doubler les territoires océaniques américains hautement protégés, qui passent de 6% à 15%.

Un sanctuaire marin morcelé

L’inconvénient, c’est que la zone protégée est constituée de cinq zones. «Or, plus les réserves marines sont grandes, plus elles sont protégées car il est plus dissuasif d’y rentrer pour les contrebandiers. Les écosystèmes ont par ailleurs davantage les moyens de se régénérer», explique Jean-Paul Michel. Ainsi, assurément la réserve marine des îles Chagos, créée par la Grande-Bretagne en 2010, est le sanctuaire marin d’un seul tenant le plus grand du monde avec 640.000 km². Arrive ensuite le Parc national marin de la mer de Corail, créé par l’Australie en 2012, il s’étend sur 990.000 km², mais seule la moitié (500.000 km²) est hautement protégée, car le reste est ouvert à la pêche commerciale et à la production minière.