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Le Japon au fil des saisons

Écrit par Michal Bleibtreu Neeman, Epoch Times
02.10.2014
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  • Paon et pivoine.Suzuki Kiitsu (1796-1858) (Crédit collection R.&B.Feinberg)

Des peintures sur soie ou sur papier, sur rouleau ou sur paravent de grande taille représentent des végétaux, des animaux et des paysages liés étroitement à la culture  japonaise et ses cultes.

Au cœur de cette exposition, on retrouve les courants de la peinture japonaise cherchant l’innovation de la forme, tout en privilégiant la thématique de la nature et les techniques traditionnelles.

Les plus grands noms de la peinture japonaise figurent dans cette  exceptionnelle exposition: Ike no  Taiga (1723-1776), Tani Bunchō  (1763-1840), Maruyama Ōkyo  (1733-1795), et Sakai Hōitsu (1761- 1828).

Le public pourra profiter de l’occasion pour apprécier la série prestigieuse des 12 peintures des Fleurs et oiseaux des 12 mois, de Sakai Hōitsu dont un équivalent figure  dans la collection impériale japonaise.

Les saisons dans la poésie japonaise

La représentation des saisons a toujours occupé une place importante  dans la culture japonaise, notamment dans la poésie. Des premiers témoignages sur ce lien se  trouvent dans la poésie du VIII e siècle. La première anthologie de poésie japonaise, Man’yōshū, au milieu du VIII e siècle, comportait plusieurs sections consacrées aux saisons. Lors de la parution de la première anthologie du Japon impérial, nous trouvons d’autant  plus de telles références.

Les poètes associaient aux éléments de la nature des symboles qui seront plus tard repris et développés par les peintres. Vivant dans les villes, ces érudits ont décrit une  nature idéalisée aussi bien que  codifiée.

  • Érables en automne. Tawaraya Sōri (actif vers 1764-1780). Paravent à six feuilles. (Crédit collection R.&B.Feinberg)

Selon la tradition, chaque élément visuel – végétal, animal, ou sonore – comme le cri, ou olfactif, est lié à une saison ou à un mois de l’année. Le printemps et l’automne, marqués par leur couleur et leur  douceur, étaient les saisons préférées des artistes.

Ainsi est né le terme de kigo: un ensemble de mots ou d’expressions que l’on peut associer à une saison particulière.

Dans le calendrier japonais, les saisons sont définies selon un calendrier luni-solaire où les solstices et les équinoxes marquent les milieux de saisons.

Ainsi, par exemple, la lune (tsuki) est associée à l’automne. Car en automne les nuits s’allongent mais le temps est encore doux, les personnes sont souvent à l’extérieur et peuvent la contempler. C’est aussi le temps de la récolte au clair de lune. Les feuilles rouges de l’érable sont également symboles de cette saison.

Le lotus représente souvent l’été, et le Sakura, la floraison du cerisier, symbolise le printemps et la beauté éphémère. Ces mots sont si nombreux que pour faciliter le travail des poètes il existe un almanach de Kigo - le saijiki, dans lequel les termes sont  classés selon les saisons. Le saijiki moderne inclut également une partie pour les mots «sans saison».

L’évolution de la peinture japonaise

À partir du Xe siècle, l’influence de la poésie se manifeste dans la peinture japonaise. Des thèmes picturaux originaux sont élaborés – «peinture des saisons» (shiki-e), «peinture des 12 mois ou des fêtes mensuelles» (tsukinami-e) et «peinture de sites célèbres» (meisho-e) – qui figuraient des paysages admirés pour leur végétation en une saison donnée.

 

Au XIIIe siècle, suite à la propagation du bouddhisme zen, la peinture chinoise avec ses techniques et ses motifs influence l’art japonais. Les couleurs vives sont vite remplacées par l’encre et l’abondance fait place à un élément solitaire qui occupe la place centrale. Au XVI e siècle, l’influence chinoise se manifeste dans la symbolique des animaux tels que la grue – ou les rapaces. L’importance de la nature s’annonce également dans la taille du support – de hauts paravents ou des rouleaux verticaux et horizontaux.

Au XVIIe siècle à l’époque d’Edo (1615-1868), l’enrichissement d’une bourgeoisie citadine et des marchands marque également l’art japonais. La demande croissante d’arts décoratifs a un effet sur le nombre d’artistes indépendants qui prolifèrent alors.

Le parcours de l’exposition met en avant les différents courants picturaux et présente leur façon de décrire la nature.

  • Grues. Paire de paravents à deux feuilles.Suzuki Kiitsu.(1796-1858) (Crédit collection R. &B. Feinberg)

Le courant Nanga

À l’époque d’Edo, le néoconfucianisme est adopté comme la philosophie officielle du pays par le Shogunat. La culture chinoise est de nouveau en vogue et son influence est marquée dans la poésie et la peinture. Un nouveau courant pictural est établi, appelé  Nanga (peinture du Sud) ou Bunjinga (peinture de lettrés), dont le centre est à Kyoto. Ce courant est essentiellement influencé par des peintres chinois renommés de l’époque.

L’école Maruyama Shijō

En 1720, le Japon s’ouvre au monde occidental après une longue période d’enfermement durant laquelle une interdiction de livres venant de l’Occident était  imposée. Le pays connaît alors une période d’épanouissement. Des livres, des encyclopédies des gravures et des peintures arrivent sur les navires de la compagnie néerlandaise des Indes orientales. Les artistes japonais découvrent alors les principes de la perspective occidentale: la chambre noire (cameraobscura) et les vues d’optique, nouvellement introduites.

Contrairement aux peintres chinois qui viennent de la haute société, les artistes japonais arrivent de tout milieu social.

Maruyama Ōkyo quitte la ferme familiale pour rejoindre Kyoto et fait son apprentissage chez Ishida  Yūtei, artiste appartenant à l’une des branches de l’école officielle Kanō. Maruyama Ōkyo fait la synthèse entre le réalisme objectif influencé par l’occident exécuté avec les techniques séculaires de la peinture japonaise. Sa peinture allie à la fois la précision et l’aspect  décoratif.

L’école Maruyama Ōkyo a influencé plusieurs courants fondateurs de la peinture japonaise, parmi lesquelles se trouve L’école  Mori, fondée par Mori Sosen (1747-1821), artiste qui adopte le réalisme d’Ōkyo auquel il rajoute l’humour fondé sur un monde animalier. 

Le courant pictural Rinpa

Le courant Rinpa est une des écoles majeures de la peinture japonaise décorative du XVIIe siècle. Ce courant est établi à Kyōto par les deux grands maîtres: le calligraphe,  laqueur et céramiste Hon’ami Kōetsu (1558-1637) et le peintre Tawaraya Sōtatsu (première moitié du XVII e siècle). Cette école est caractérisée par l’usage de matières  précieuses, lavis d’or, perles et pigments minéraux aux riches couleurs. Le courant  Rinpa dépeignait  des sujets simples tirés de la nature, tels que des oiseaux, des plantes et des fleurs, avec un arrière-plan réalisé à la feuille d’or. Ces peintures  ornaient souvent les portes coulissantes et les panneaux muraux de  nobles demeures.

Le courant Nihonga

Le  Nihonga est une technique de peinture millénaire qui trouve son  origine en Chine du VIIIe siècle, influencée par les paysages de la dynastie Tang. Au XVIII e siècle, elle s’affine et suscite de nouveau intérêt au point de devenir l’art japonais officiel. Le terme Nihonga est d’ailleurs créé au XIX e siècle, sous l’ère Meiji (1868-1912). Ce courant se met en opposition à la peinture à l’huile occidentale (Yoga). En 1907, le Nihonga définit la nouvelle peinture japonaise.

Quelques jours avant la Marche citoyenne pour le Climat, le parcours de l’exposition qui met en avant les courants différents de la peinture japonaise, liés en attaches séculaires au respect de la nature, nous propose de remettre en question notre place sur la planète ainsi que notre rapport à l’environnement.

INFOS PRATIQUES

 

Le Japon au fil des saisons

Du 19 septembre 2014

au 11 janvier 2015

Musée Cernuschi

musée des arts de l’Asie de la Ville de Paris

7, avenue Vélasquez 75008 Paris

Tél: 01 53 96 21 50

Du mardi au dimanche de 10 à 18h

Métro Villiers ou Monceau

4, 6 ou 8€

Accès gratuit pour les collections permanentes.

 

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