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L’État français, champion de la protection sociale?

Écrit par David Vives, Epoch Times
21.10.2014
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  • Le nouveau Prix Nobel de l’économie français Jean Tirole pourrait travailler avec l’exécutif français pour équilibrer les dépenses sociales et assouplir la fiscalité des entreprises. (Remy Gabalda/AFP/Getty Images)

D’après l’OCDE, la France est le pays champion des dépenses sociales publiques. En effet, pour 2013, 33% du PIB national a été dévolu aux prestations versées par l’État. D’après les prévisions de l’organisme, sur les 34 pays les plus riches de l’OCDE, celles-ci représentent en moyenne 21,9% du PIB. Depuis la crise, on note cependant une augmentation générale du niveau de dépenses publiques dans les pays de l’OCDE. Seules la Grèce et le Hongrie les ont drastiquement diminuées (respectivement 14% et 13%) en raison de politiques d’austérité.

Jusqu’ici, rien de bien anormal, affirment les économistes. «Naturellement en période de récession, il y a un besoin plus fort de filets de protection sociale», soutient Henri Sterdyniak, directeur du département Économie de la mondialisation à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Si le PIB chute et que les besoins augmentent, l’État pourvoit ainsi les dépenses supplémentaires de défense, d’enseignement, d’ordre et de sécurité publique.

Faut-il pour autant envisager une baisse des dépenses publiques et entrer dans l’austérité? Pas plus hier qu’aujourd’hui, répond le Fonds Monétaire International (FMI), qui estime que l’impact des politiques de rigueur sur l’activité des pays concerné a été sous-estimé. D’après Xavier Timbaud, directeur à l’Observatoire français des conjonctures économiques, la réduction des dépenses publiques devrait être considérée moins importante que la réduction du chômage des pays concernés. «Au-delà de l’Italie, de l’Espagne ou encore de la Grèce hier, la baisse aujourd’hui de la croissance en Allemagne, au Pays-Bas et en France est un recul auto-infligé», déclare-t-il.

Une force en période de crise

Dans le niveau des dépenses publiques, la France fait donc figure d’exception. Difficile de distinguer un modèle économique qui fasse office d’exemple dans une économie de marché. Trop ou pas assez de dépenses publiques? À chaque pays sa réponse. Les pays scandinaves ont de bons résultats dans leurs économies et ont un niveau élevé de prestations sociales. Dans les pays anglophones, comme aux États-Unis, le domaine privé est plus développé, et la croissance, pourtant faible, arrive à se maintenir.

D’après Henri Sterdyniak, «plus il y a de dépenses sociales, moins il y a d’inégalités, de pauvres, d’enfants pauvres. Cela favorise la croissance parce que l’ensemble de la population est bien éduqué, soigné, etc. Mais cela peut réduire l’incitation à travailler en raison des taux d’imposition.» Et de citer l’exemple de la Grèce et de l’Espagne, pays aux faibles dépenses publiques ayant subi de plein fouet la crise économique.

D’autre part, le niveau de protection offert par la puissance publique peut faire une grosse différence dans une économie en récession. Les filets de protection sociale sont «nécessaires parce qu’ils protègent les marchés: quand les Bourses chutent, il vaut mieux une retraite par répartition que par capitalisation». D’après l’économiste, en Grèce ou en Espagne, la baisse des dépenses publiques a encore plus «enfoncé les pauvres, ceux qui ne pouvaient pas consommer», et les employés qui «épargnent par peur du chômage».

Jean Tirole, Prix Nobel d’Économie 2014: «Il faut réconcilier les Français avec l’économie».

En France, la libéralisation des marchés et du commerce extérieur inspirent la méfiance depuis longue date – les premiers signes, d’après certains économistes, remontent au XVIIIe siècle. Une méfiance qui se traduit par une certaine prudence politique et morale dans notre pays, à contre sens d’une économie répondant pourtant à des règles de libre-échange.

Jean Tirole, récompensé par le Nobel pour son « analyse de la puissance du marché et de la régulation », se positionne pour une régulation des marchés, une idée qui gagne du terrain depuis la crise. À l’entendre, celle-ci n’est pas due, contrairement aux idées qui circulent, aux traders et actionnaires zélés qui profiteraient d’un système leur offrant une protection. D’après lui, ces crises sont «plutôt les symptômes d’une défaillance des institutions étatiques nationales et supranationales.» 

L’économiste regrette également la situation du marché de l’emploi français, qu’il juge «catastrophique». «Je pense qu’il va falloir changer les choses si on veut donner un avenir à nos enfants», a-t-il ajouté. Le Nobel français se positionne en faveur d’un contrat unique, d’une baisse des cotisations patronales et d’une taxation pour les entreprises qui licencient.

L’économiste, qui a reçu les félicitations de toute la classe politique française, voit son agenda rempli de rendez-vous avec l’exécutif. Se déclarant «prêt à aider» le gouvernement, Jean Tirole a fait valoir l’importance de «garder le cap des réformes». «Sans réformes, nous allons droit dans le mur et nous vivrons ce que l’Europe du Sud a vécu. Pourquoi attendre? Plus nous attendrons, plus les réformes se feront dans l’urgence et seront coûteuses pour nos concitoyens», analyse-t-il, ajoutant: «Il faut réconcilier les Français avec l’économie».

 

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