Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

État des lieux des conflits menés par l’Azerbaïdjan en 2014

Écrit par Christian Rivey-Dustan
21.10.2014
| A-/A+
  • Le conflit entre l’Azerbaïdjan et son voisin arménien dure depuis 1994 sur les terres du Haut-Karabagh. (Alexander Nemenov/AFP/Getty Images)

Depuis 1994 et un cessez-le-feu imposé par l’ONU, les relations entre l’Azerbaïdjan et son voisin arménien sont gelées, quoi que parsemées d’attaques sporadiques, l’Arménie occupant certaines terres azerbaïdjanaises, dont l’enclave du Haut-Karabagh. Alors que le gouvernement azerbaïdjanais doit également faire face à la menace interne que représentent, comme ailleurs, les djihadistes potentiels, le ministère des finances vient d’annoncer une augmentation du budget de la défense pour 2015.

Jeudi 16 octobre, dans la baie de Bakou, capitale azerbaïdjanaise, des navires de guerre battant pavillon russe ont jeté l’ancre en présence de fonctionnaires des forces navales du pays. La visite, qui doit durer jusqu’au 19 octobre, s’inscrit dans le cadre du rapprochement et du renforcement des coopérations entre les pays de la mer Caspienne, la Russie devant également se rendre en Iran et au Kazakhstan.

Après la chute de l’URSS, l’Azerbaïdjan a hérité d’une grande partie de la flotte et des installations soviétiques de la Caspienne. Le pays dispose cependant aujourd’hui, d’après Rovnag Abdullayev, le président de la compagnie nationale pétrolière, des moyens techniques et financiers de concevoir ses propres navires de guerre. L’État sud-caucasien alloue en effet une part importante de son budget annuel aux services de la défense; part qui devrait croitre en 2015 de 3,1% par rapport à cette année, pour atteindre 17,9% du budget global.

Cette augmentation intervient alors que les autorités azerbaïdjanaises doivent faire face à plusieurs luttes sur divers fronts.

La lutte pour recouvrer l’enclave du Haut-Karabagh

Depuis plus de 20 ans, l’Arménie occupe indûment 7 provinces limitrophes d’Azerbaïdjan – soit 20% de son territoire –, à la suite d’un conflit armé entre les deux États ne prenant fin qu’à l’aide d’un cessez-le-feu obtenu par l’ONU en 1994. Pourtant, selon le ministère de la défense azerbaïdjanais, les forces armées arméniennes auraient violé ce cessez-le-feu à plusieurs reprises dans la nuit des 15 et 16 octobre derniers. Les deux pays sont en effet voisins et leurs armées situées de part et d’autre de la frontière ; ces violations sont très régulières depuis le début du conflit. Les forces azerbaïdjanaises, de leur côté, n’ont pas eu d’autre choix que de riposter selon le ministère.

La source initiale et principale de cette mésentente est la spoliation territoriale par la population arménienne des montagnes du Haut-Karabagh, une enclave située au sud-ouest de l’Azerbaïdjan. Alors que ce territoire a déclaré son indépendance au lendemain du cessez-le-feu de 1994, les autorités azerbaïdjanaises cherchent à le réintégrer dans le giron national, tandis que l’Arménie soutient de facto cette République illégale aux yeux du monde entier. Loin de se contenter d’un appui purement platonique, le gouvernement arménien semble verser dans l’exaction massive de citoyens azerbaïdjanais, les prenant en otages, comme l’affirme la délégation caucasienne de la Croix-Rouge après une visite récente dans la région.

L’issue de ce conflit territorial, dont la quête a été confiée par l’OSCE au triumvirat États-Unis, France et Russie du groupe de Minsk, demeure par conséquent plus que jamais incertaine.

Le djihadisme azéri ou la lutte interne qui se dessine

L’Azerbaïdjan doit également faire face, en interne, à la montée en puissance d’une couche de sa population touchée par le djihadisme et l’islamisme radical, alors que la lutte internationale contre l’État islamique (EI) fait rage depuis deux mois. Les combattants affiliés au groupe Daesh affluent de tous les recoins de l’Europe – ils seraient 3.000 à se battre en Irak et en Syrie – et du monde – plus de 15.000 étrangers issus de 70 pays. L’Azerbaïdjan n’échappe pas à cette sombre statistique: plusieurs de ses ressortissants se retrouvent ainsi arrêtés à leur retour du djihad dans les aéroports, celui de Bakou notamment. Comme dans la plupart des pays touchés, les autorités azerbaïdjanaises craignent les répercutions néfastes que peuvent avoir sur la sécurité et la sûreté nationales ces endoctrinements radicaux.

D’autant plus que le pays, où l’islam fait office de religion dominante – 93,4% de la population est musulmane –, a su en 20 ans mettre en place des institutions où la laïcité est l’une des valeurs fondamentales. Alors que l’islamisation du monde est de plus en plus dénoncée – et crainte – de nos jours, l’Azerbaïdjan entretient avec la religion, quelle qu’elle soit d’ailleurs, une relation saine.

Christian Rivey-Dustan, analyste risques pays, spécialiste de la zone MENA et de l’Afrique dans son ensemble.

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.