Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Conseil Européen: les nationalismes budgétaires occultent l’unité affichée sur le climat

Écrit par Charles Callewaert, Epoch Times
28.10.2014
| A-/A+
  • Le Premier ministre britannique David Cameron a déclaré qu’il «ne paierait pas» le complément de 2,1 milliards d’euros demandé par Bruxelles pour sa contribution au budget de l’Union européenne même si l’économie britannique se porte mieux que prévu. (Carl Court/Getty Images)

L’accord final entre les chefs d’État européens obtenu ce jeudi sur le nouveau plan de lutte contre le changement climatique permettait d’espérer une issue très positive du Conseil européen. Hélas, la colère soudaine du Royaume-Uni à propos de sa participation financière au budget européen et les rebuffades de la France et de l’Italie quant à leurs dérives budgétaires nationales laissent un goût amer.

Unité européenne autour d’un programme ambitieux sur le climat

Le programme de lutte contre le changement climatique était le sujet principal de ce Conseil européen. Après une longue journée de négociations, les vingt-huit États membres sont finalement parvenus à un accord dans la nuit de jeudi à vendredi sur les principaux objectifs chiffrés proposés par la Commission à l’horizon 2030, par rapport à 1990: une diminution d’au moins 40% des émissions de gaz à effet de serre, une proportion d’énergies renouvelables portée à 27% minimum dans le mix énergétique, et 27% d’efficacité énergétique.  

Ce succès n’a pu être atteint qu’au prix de concessions à certains États comme le Royaume-Uni, qui a pesé de tout son poids pour ramener de 30 à 27% l’objectif d’économies d’énergie. Par ailleurs, les pays orientaux, dont la production électrique est encore essentiellement basée sur le charbon et le revenu par habitant trop faible (inférieur à 60% de la moyenne européenne) ont bénéficié de compensations financières pour investir dans leur transition énergétique.

L’enthousiasme du président François Hollande, pour qui «c’est un accord très ambitieux pour la planète» a donc vite été tempéré par les ONG comme les Amis de la Terre, selon qui «l’action insuffisante de la part des pays les plus riches fait peser le fardeau sur les populations les plus pauvres». Il n’en reste pas moins que l’Europe montre l’exemple et que cet accord sur le climat l’aidera à en défendre la cause face aux États-Unis et à la Chine lors de la conférence climatique de Paris prévue fin 2015. 

Réactions nationales incompréhensibles sur les questions budgétaires 

Les réunions du lendemain, centrées sur les questions budgétaires immédiates, ont singulièrement contrasté avec la précédente unité de façade sur les objectifs à long terme et les préoccupations nationales ont malheureusement repris le dessus.

Ainsi, lorsque la Commission européenne a présenté son budget révisé pour 2015, l’application des règles d’ajustements, qui avaient pourtant été adoptées à l’unanimité, a provoqué de vives réactions de certains États membres, comme le Royaume-Uni qui a vu sa contribution augmenter de 2,1 milliards d’euros, ou les Pays-Bas dont la facture s’est alourdie de 600 millions d’euros, alors que la France bénéficiait d’une économie de 1 milliard et l’Allemagne de 780 millions d’euros. Pour en comprendre les raisons, il faut se rappeler que le budget de la Commission est calculé sur la base d’un pourcentage des Produits Intérieurs Bruts (PIB) de l’année précédente. Or le PIB a fortement évolué en 2014 par rapport aux prévisions, non seulement à cause du fort ralentissement de la croissance dans la zone euro alors que le PIB britannique atteignait 3,2% de croissance, mais également à cause des nouvelles règles d’évaluation du PIB, lesquelles incluent désormais des activités comme le commerce de la drogue et la prostitution.

Le Premier ministre britannique David Cameron s’est dit «en colère» et a déclaré lors d’une conférence de presse qu’il «ne paierait pas» le complément demandé par Bruxelles: «Nous n'allons pas sortir notre chéquier. C'est totalement injustifié (...) C'est inacceptable pour cette organisation de travailler de cette façon». François Hollande lui a alors rappelé que «le respect des traités, c’est pour tout le monde».

Lors du point presse qui s’en est suivi, le président français a enfin reconnu avoir reçu une lettre de la Commission lui demandant des explications quant réformes structurelles envisagées et au déficit budgétaire prévisionnel de la France en 2015. Ce déficit est en effet évalué à 4,3% alors que la France s’était engagée à le ramener à 3%. Précisant que «le dialogue se poursuit dans de très bonnes conditions», il est pourtant resté ferme sur le sujet des économies en affirmant «qu’il n’y aura pas de modifications sur ce point».

En somme, tout se passe comme si les principaux États membres de l’Union européenne, la France et le Royaume-Uni en particulier, se sentaient au dessus des règles qu’ils se sont eux-mêmes édictées et qu’ils n’hésitent pas à rappeler à leurs confrères. Afficher une union de façade sur des objectifs à long terme n’a aucune valeur si, pour des raisons visiblement électorales, l’on n’a pas ensuite la volonté de se les appliquer à soi-même.

Plus de 204 717 860 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.