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Escale a la Rochelle

Écrit par Christiane Goor et Charles Mahaux
03.10.2014
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  • La Rochelle, riche d’un patrimoine architecturale exceptionnel, a su faire de son ancrage maritime un formidable atout de développement touristique. (Charles Mahaux)

Porte de l’Atlantique depuis des siècles, La Rochelle ne peut renier sa vocation maritime ni davantage une personnalité bien trempée: rebelle, festivalière, écolo-pionnière… À découvrir en se baladant dans son vieux port qui se raconte comme un fascinant livre d’histoire tout en goûtant une douceur de vivre unique, qui rappelle les villes du sud.

Celui qui prend le temps de musarder et de prendre le pouls de la ville devinera vite que derrière la cité qui bombe fièrement le torse de sa grande Histoire avec ses beaux hôtels particuliers et son port de plaisance, le plus grand de l’Atlantique, se cache l’autre visage de La Rochelle, plus secret, celui de son lacis de venelles où s’ouvrent de lourdes portes armoriées, gardiennes de multiples anecdotes.

Belle et rebelle

L’histoire de La Rochelle commence sur une petite plate-forme rocheuse qui lui donnera son nom. Le minuscule village saunier ne cesse de prospérer et séduit Aliénor d’Aquitaine qui lui octroie sa charte de commune dès le XIIe siècle autorisant ainsi La Rochelle à s’affranchir des tutelles féodales et à se doter d’ambitions commerciales. Elle tourne résolument le dos au continent et développe dans un premier temps le commerce du sel, du vin et du cognac vers les pays nordiques. Prévoyante, elle s’abrite derrière des remparts et encadre l’accès au port de trois tours qui dessinent aujourd’hui encore l’image emblématique de la ville.

L’indépendance de La Rochelle va naturellement accueillir les idées nouvelles de la Réforme et comme cité huguenote, elle défie Richelieu qui a entrepris une politique d’unification du pays. L’armée assiège la ville et coupe l’accès au port. Au terme de 13 mois de siège, les habitants affamés sont contraints d’implorer la grâce royale. Les remparts sont détruits et La Rochelle est privée de la plupart de ses privilèges d’antan mais elle poursuit son activité commerciale, cette fois vers le Nouveau Monde. C’est l’âge d’or d’un commerce triangulaire: les navires français partent chercher des esclaves sur les côtes africaines, les emmènent aux Antilles où de nombreuses plantations sont gérées par des familles d’armateurs ou encore en Nouvelle France découverte par Samuel de Champlain, originaire d’un village proche de La Rochelle, et reviennent chargés de sucre, de café et de fourrures. La Rochelle était à l’époque le second port négrier de France après Nantes mais aussi la plaque tournante des importations de peaux en Europe. De quoi bâtir de belles fortunes qui vont redessiner ville avec de somptueux hôtels particuliers de style néoclassique comme le veut la mode à Paris.

  • Le centre de la ville dessine un lacis de ruelles piétonnes bordées de riches façades de pierre sculptées des XVIe et XVIIe siècles ou encore des hôtels des armateurs du XVIIIe, tout en sobriété et en noblesse. (Charles Mahaux)

Porte océane

La Révolution française et la révolte des esclaves vont enrayer ce développement et la ville va s’endormir avant de retrouver un regain de dynamisme avec la création en 1890 d’un port en eaux profondes qui permet d’accueillir des chalutiers de gros tonnage. Le ton est donné et le port de pêche sera également complètement modernisé. Par ailleurs, avec ses 3.200 anneaux, la nouvelle marina des Minimes est courtisée par les passionnés de la navigation de plaisance. Et si le vieux port n’accueille plus que quelques petits bateaux, il est au coeur de toutes les visites et de toutes les animations dont les Francofolies qui rassemblent chaque été des milliers de festivaliers. C’est ainsi qu’avec ses quatre ports, La Rochelle continue de vivre au rythme de l’océan qui est presque toujours à portée du regard.

Les bateaux du Musée Maritime mouillent dans le port. On peut embarquer à bord du France 1 et découvrir le monde fascinant de la navigation et de la météorologie car cet ancien navire arrivé en fin de carrière avec la satellisation stationnait pour Météo France sur les lieux de formation et de passage des dépressions au large de l’Atlantique. Une belle occasion de se faire une idée de la vie quotidienne à bord d’un navire souvent balayé par la houle. À ses côtés, l’Angoumois, un chalutier de pêche encore en activité dans les années 80 dont la visite depuis le pont jusqu’à la cale en passant par les frigos et les cabines d’équipage permet de mieux comprendre l’univers quotidien de l’équipage. En face, dans un vaisseau de verre et de bois planté sur les quais, le grand aquarium déploie ses trésors. Un parcours fascinant simule une immersion dans les océans du monde pour découvrir entre mers chaudes et mers froides quelque 12.000 animaux marins issus de tous les continents. À retenir, le ballet aérien des méduses, les fossiles vivants que sont les limules, seuls membres survivants d’un ensemble âgé de 200 millions d’années et dont le sang de couleur bleue permet de détecter les bactéries sur les équipements médicaux, et puis la star de l’aquarium, le poisson scie de 2,60 mètres qui se découvre par en dessous en offrant au visiteur sa face étrange, presque humaine avec ses yeux, ses lèvres et sa bouche qui semble nous raconter une histoire, celle du grand large.

Un petit goût d’Italie

La Rochelle, c’est aussi une architecture particulière qui rappelle les villes méditerranéenne avec des arcades qui avaient vocation marchande au Moyen-Age et qui donnent à la ville l’aspect d’un vaste cloître où l’ambiance est toutefois nettement plus délurée. Idéal pour abriter les amateurs de lèche-vitrine par temps de pluie! Mais c’est dans ses ruelles que La Rochelle raconte son histoire: maisons à colombages du Moyen-Age dont les pans de bois sont tapissés d’ardoises pour les protéger de la morsure du sel, hôtel de ville qui hésite entre gothique et renaissance, rues pavées et jalonnées de passages protégés, hôtels particuliers élevés dans la pierre blanche de la Saintonge, etc. Comment oublier que sous la porte de la Grosse Horloge, principal point de passage entre les quais et la vieille ville, passèrent des générations d’émigrants en route vers le Nouveau Monde mais aussi les bagnards embarqués pour l’île de Ré?

Au hasard des pas, on se laisse prendre au charme évocateur des noms de rues. Ainsi en est-il de la place des Petits-Bancs où on rencontrait naguère les changeurs de monnaie installés derrière des petites tables appelées des bancs qui plus tard deviendront des banques. Plus loin, la rue de l’Escale dont les pavés ronds et inégaux proviennent du lest des vaisseaux de retour du Canada. Sur la place du Marché, de belles halles Art Nouveau invitent à flâner entre les étals plus alléchants les uns que les autres sous une lumineuse structure de verre, de briques et de pierres. Quand l’après-midi s’étire, il y a toujours une venelle qui ramène au vieux port flanqué de ses hautes tours qui rosissent sous les rayons du soleil couchant. L’heure de l’apéro, le regard perdu sur cet horizon marin chargé d’histoire et épris de voyages.

INFOS PRATIQUES

Office du tourisme, 2 quai Georges Simenon www.larochelle-tourisme.com

Se loger: Jeter l’ancre dans l’Hôtel Champlain France Angleterre, c’est déjà s’offrir un brin de romantisme dans un décor stylé d’un ancien hôtel particulier www.hotelchamplain.com

Écologie urbaine: La ville fait la part belle aux transports «propres» (vélos en libre-service, navettes électriques, bus de mer, voitures électriques…) et aux espaces naturels (parcs et jardins, marais de Tasdon, plage labellisée «Pavillonbleu»).

Une belle vue: Le Café de l’Aquarium accessible indépendamment de la visite de l’aquarium offre une terrasse qui domine la serre et le vieux port. Autre adresse, le Bar du France 1 ouvre sa passerelle tous les jours du 1er avril au 30 septembre, l’occasion de déguster à prix doux des produits du cru: huîtres, rillettes de poisson, calamars à la plancha, fromages, etc. L’accès se fait librement également.

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.