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Hong Kong risque tout pour la démocratie

Écrit par Stephen Gregory, Epoch Times
04.10.2014
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  • 2 octobre 2014, Hong Kong: une jeune femme laisse un mo sur le mur du Conseil législatif dans le quartier de l’Amirauté. (Benjamin Chasteen/Epoch Times)

Les projets de Xi Jinping de réformer le Parti communiste chinois sont entrés dans une impasse à Hong Kong.

 

Depuis que le Secrétaire général est arrivé au pouvoir, son combat pour soumettre la faction regroupée autour de l’ancien dirigeant du Parti Jiang Zemin, ainsi que le combat de cette faction d’opposition pour renverser Xi Jinping, ont dominé le régime chinois.  

L’unité anti-corruption de Xi Jinping s’est inlassablement attaquées aux plus hauts cadres du Parti et enquête après enquête, les plus gros «tigres» – hauts représentants du Parti – liés à Jiang Zemin, sont tombés au cours de l’été. Pendant ce temps, les loyaux lieutenants de Jiang Zemin ont multiplié de futiles actions d’arrière-garde.

Les équipes d’inspection ont fini par s’établir à Shanghai pour enquêter sur les proches de Jiang Zemin. Tous les signes montraient alors que Jiang Zemin lui-même, le plus gros tigre d’entre tous était menacé d’être arrêté.

Les événements qui se déroulent actuellement à Hong Kong, où des dizaines de milliers de personnes manifestent pour demander le suffrage universel, semblent avoir forcé une armistice dans la guerre entre les deux factions. 

Lors d’un concert le soir du 29 septembre et plus tard lors de la grande réception du Parti pour la Fête nationale chinoise le soir du 30 septembre, Jiang Zemin est apparu aux côtés de Xi Jinping. Pour les observateurs chinois, cela était quelque peu perturbant. 

Selon les rumeurs, Jiang Zemin serait sous assignation à domicile. Depuis des mois, il est exclu des événements officiels et est resté en-dehors de la couverture des médias officiels chinois – des signes que le Parti essaie de tenir l’ancien haut dirigeant à l’écart.

Bien sûr, il existe une probabilité superficielle que Jiang Zemin apparaisse lors de ces occasions. Il s’agissait de la 65e édition de la Fête nationale et le Parti insiste lourdement pour fêter les anniversaires tous les cinq ans en faisant apparaître en grand nombre les responsables retraités.

Et quoi qu’il arrive lors de ces occasions sociales importe peu. Le Parti communiste chinois (PCC) a le sang froid. Xi Jinping peut dîner avec Jiang Zemin le mardi soir et signer l’ordre de son arrestation le mercredi matin sans y réfléchir à deux fois.

Cependant, l’apparition de Jiang Zemin était entièrement inattendue. Les manifestations à Hong Kong présentent une menace si grande envers le PCC qu’elles ont changé les données de tout calcul politique. Xi Jinping ne peut ignorer les événements de Hong Kong qu’à son propre péril.

  • Des manifestants sont assis sous des parapluies près de l’enceinte du gouvernement à Hong Kong. (Benjamin Chasteen/Epoch Times)

Tourmente

En fait, la faction de Jiang Zemin a comploté de façon à utiliser Hong Kong pour forcer la main de Xi Jinping. Bien que Xi Jinping ait démis de leurs fonctions au sein du Parti tous les fidèles de Jiang Zemin, des hommes de Jiang Zemin détiennent encore des responsabilités à Hong Kong.

Hong Kong était autrefois le domaine de Zeng Qinghong, un homme de main de Jiang Zemin. Aujourd’hui, le vice-Premier ministre Zhang Dejiang, un autre proche de Jiang Zemin, détient les porte-feuilles de Hong Kong et Macao. Leung Chun-ying, chef de l’exécutif de Hong Kong, a été mis en place par Zeng Qinghong et est également fidèle à Jiang Zemin.

Selon des sources internes du Parti, Zeng Qinghong s’est servi de la position de Leung Chun-ying pour préparer une série de plans visant à continuellement diviser et opposer la société hongkongaise. 

Immédiatement après être arrivé au pouvoir, Leung Chun-ying a cherché à imposer le cursus scolaire de Chine continentale aux écoles de Hong Kong, ce qui avait déjà déclenché de gigantesques manifestations.

En juin 2012, un groupe mystérieux a fait son apparition à Hong Kong, avec pour seul but de harceler les pratiquants de la discipline spirituelle du Falun Gong. La police de Hong Kong a simplement ignoré les activités souvent illégales de ce groupe et des personnes internes du Parti ont révélé à Epoch Times que Leung Chun-ying lui-même était derrière ces activités.  

Un autre groupe mystérieux est apparu pour harceler les militants pour la démocratie à Hong Kong. Et un autre groupe encore a commencé à déclarer qu’il voulait que Hong Kong se sépare de la Chine continentale. Ce groupe partage par ailleurs des membres avec le groupe anti-Falun Gong.

Au cours du mandat de Leung Chun-ying, des journalistes et des éditeurs de la presse hongkongaise ont subi une série de violentes attaques injustifiées.

La hausse des impôts a poussé les riches entrepreneurs à quitter Hong Kong et les projets de développement ont mis en colère la classe moyenne, révélant une mauvaise gestion du territoire. Récemment, le nombre d’habitants quittant Hong Kong a été décuplé.

 

  • Un agent des forces de police de Hong Kong veille alors que des milliers de manifestants pour la démocratie se rassemblent devant les bâtiments des forces de l’armée populaire de libération à Hong Kong. (Benjamin Chasteen/Epoch Times)

Suffrage universel

Alors que cette série d’événements a enflammé le désir des Hongkongais de contrôler les affaires internes du territoire, la clé de la crise actuelle est leur requête du suffrage universel.

Un Livre blanc, publié le 10 juin par le Bureau d’information du Conseil d’État (autrement appelé Bureau de la propagande à l’étranger) a alarmé les partisans de la démocratie et avivé l’esprit de résistance.

Liu Yunshan, partisan de Jiang Zemin et membre du Comité permanent du Politburo, dirige le Bureau d’information du Conseil d’État. Ce Livre blanc, publié par Liu Yunshan, réinterprétait le principe fondamental des relations entre Hong Kong et Pékin, baptisé «un pays, deux systèmes».

Désormais, ce principe «un pays, deux systèmes», jusque là supposé offrir à Hong Kong une certaine autonomie, deviendra ce que Pékin voudra bien en faire. En effet, ce Livre blanc a donné à Pékin le pouvoir de changer à volonté la constitution, appelée Loi fondamentale, de Hong Kong. 

En résumé, le Livre blanc a miné la base sur laquelle s’appuie la demande de démocratie de Hong Kong, soit la compréhension que le territoire autonome agit sous un système différent que celui de la Chine continentale.

Les derniers espoirs d’obtenir le suffrage universel ont été balayés par une décision rendue le 31 août dernier par le Comité permanent du Congrès national du peuple, une législature purement formelle du PCC présidée par Zhang Dejiang.

La décision déclarait qu’un comité de nomination sous le contrôle effectif de Pékin choisira les candidats aux élections pour le poste de chef de l’exécutif de Hong Kong. Il y aura bien des élections, mais les citoyens de Hong Kong ne pourront voter que pour des candidats pré-sélectionnés par le Parti.

Après que cette décision sur le suffrage universel a été rendue, le mouvement de désobéissance civile baptisé «Occupy Central avec amour et paix» a commencé à mettre en place ses projets de manifestations. Il était devenu inévitable que les Hongkongais descendent en grand nombre dans les rues.

 

  • Des manifestants pro-démocratie se reposent face aux bâtiments des forces de l’armée populaire de libération à Hong Kong. (Benjamin Chasteen/Epoch Times)

L’ombre des violences

Les années de mauvaise gestion durant le mandat de Leung Chun-ying, le Livre blanc, la décision sur le suffrage universel – la faction de Jiang Zemin a manipulé les habitants de Hong Kong pour les faire entrer en résistance de façon à forcer Pékin à la répression et la violence.

Jiang Zemin est arrivé au pouvoir en 1989 grâce à sa volonté de soutenir le massacre de la place Tiananmen. Aujourd’hui, à la fin de sa vie, lui et sa faction semblent sur le point de préparer un nouveau massacre.

Si les chars devaient entrer dans Hong Kong et faire des milliers de morts, la faction de Jiang Zemin pourrait mettre Xi Jinping au défi au sein du Parti. Le pouvoir de Xi Jinping – ainsi que son aptitude à éradiquer la faction de Jiang Zemin – serait ainsi brisé. Xi Jinping lui-même pourrait être évincé de son poste.

Selon des sources internes au Parti, c’est ce que Jiang Zemin et sa faction ont fomenté ces quelques dernières années à Hong Kong. 

Jusqu’à présent, Xi Jinping n’a pas mordu à l’hameçon. Toujours selon des sources internes au Parti, Xi Jinping a donné un ordre pour qu’il n’y ait pas de morts à Hong Kong. Après une nuit d’intense arrosage aux gaz lacrymogènes, les autorités semblent avoir reculé dans la confrontation avec les manifestants.

Permettre à Jiang Zemin de participer aux festivités de la Fête nationale chinoise ressemble à une tactique de gain de temps. Garder Jiang Zemin près de lui permet à Xi Jinping de l’empêcher de provoquer une conflagration à Hong Kong.

Une situation explosive

Mais que peut faire Xi Jinping de ce temps gagné? Son champ de manœuvre reste très étroit. L’économie chinoise est dans une impasse. Les grandes manifestations se propagent en Chine continentale et la situation économique ne fait que les encourager.

 

Si Xi Jinping a réussi à imposer sa volonté grâce à sa campagne de lutte contre la corruption, il ne possède pas le réseau de partisans comparable à celui de Jiang Zemin. Un membre du Parti quelconque, voyant Xi Jinping réprimer tout acte de corruption et menaçant donc directement son niveau de vie, préférerait sans doute voir partir Xi jinping.

Dans cette situation explosive, l’exemple des manifestants de Hong Kong est donc perçue comme une dangereuse contamination. Les responsables du PCC commencent à se demander dans quelle ville de Chine continentale des dizaines de milliers de manifestants pourraient soudain apparaître, inspirés par la foule de Hong Kong.

  • Des milliers de manifestants pro-démocratie participent à une manifestation pacifique près de l’enceinte du gouvernement à Hong Kong. (Benjamin Chasteen/Epoch Times)

Par ailleurs, ces manifestants de Hong Kong ont jusqu’à présent joué la carte qui leur donne le plus grand appui. Sous les gaz lacrymogènes, ils n’ont pas eu recours à la violence. Ils sont restés exemplaires: calmes, raisonnables, tolérants. Le monde entier leur a signifié son soutien. 

La conduite actuelle des Hongkongais pourrait d’ailleurs avoir beaucoup appris des pratiquants de Falun Gong qui se trouvent parmi eux.

Lorsque la persécution du Falun Gong a commencé en 1999, chaque jour, les habitants de Hong Kong ont pu voir comment les pratiquants réagissaient avec calme aux insultes et aux violences que leur réservaient les Chinois du continent, trompés par la propagande du Parti. Les pratiquants du Falun Gong ont informé les gens au sujet des mensonges du Parti et les violences ont fini par s’apaiser.

Lorsque le groupe de Leung Chun-ying a commencé à harceler les pratiquants de Falun Gong à Hong Kong en 2012, la tolérance de ces derniers a séduit les Hongkongais qui ont commencé à les encourager et les soutenir.

 

Une issue?

Les manifestants de Hong Kong ont laissé la porte ouverte à un accord. Tout en insistant sur le principe du suffrage universel, ils ne se disent pas opposés au PCC. Cette déclaration politique devrait être prise avec prudence. Elle a été faite par des individus qui ont régulièrement porté des banderoles dénonçant le PCC.

De son côté, en quelques récentes occasions, Xi Jinping a exprimé son soutien envers le principe «un pays, deux systèmes», niant donc implicitement le Livre blanc. 

Lorsque Xi Jinping sera prêt à avancer, chacun s’attend à voir tomber la tête de Leung Chun-ying. Sa démission, voire son arrestation, ne manquera pas de satisfaire les Hongkongais qui le méprisent.

Mais écarter Leung Chun-ying serait faire un trop beau cadeau à Hong Kong, sans apporter de solution.

Chaque jour que Xi Jinping fait attendre les manifestants, le pouvoir exemplaire de leur mouvement de désobéissance civile grandira parmi les citoyens de Chine continentale, menaçant le règne du PCC.

 

Si Xi Jinping cède et offre le suffrage universel, l’exemple de Hong Kong deviendra un précédent que les continentaux reprendront pour appeler eux aussi au droit de vote.

Si Xi Jinping considère l’alternative de la violence, il devra en répondre au sein du Parti, devra faire face aux condamnations du monde entier et assumer la possibilité que Hongkongais et Chinois du continent aient recours à la violence comme dernière option.

Et même si Xi Jinping renonce à la violence, un accident dans la foule de Hong Kong pourrait déclencher un terrible bain de sang qu’il ne pourra pas contrôler.

Les manifestants ont entonné le chant des Misérables «Entends-tu la voix du peuple». D’autres ont fait remarquer que dans la comédie musicale, ce chant est joué juste avant que les gens ne soient massacrés sur les barricades.

Le peuple de Hong Kong sait cela. Ils savent qu’ils mettent leur vie en danger et ils croient que la liberté vaut de prendre ce risque.

Version originale: Hong Kong Protesters Risk All Hoping for Democracy

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.