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Édito

Un p’tit coin d’parapluie, contre un coin d’paradis…

Écrit par Aurélien Girard, Epoch Times
06.10.2014
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  • Hong Kong le 28 septembre 2014 - Un p’tit coin d’parapluie, contre un coin d’paradis… (Aaron Tam/AFP/Getty Images)

La jeunesse de Hong Kong, au bord des mâchoires du régime chinois, est la nouvelle rage de dents de Pékin. Avec un coup de parapluie dans les gencives, elle change depuis une dizaine de jours la donne dans le territoire, malgré les menaces, les lacrymogènes et malgré l’envoi d’hommes de main de la mafia locale pour tenter de les déloger.

Notre intelligentsia française, et d’autres intelligences assises ailleurs, considèrent avec leur habituelle condescendance ce mouvement, mené par de jeunes, très jeunes chinois et dont le leader a tout juste 17 ans. Joshua Wong est un gamin, né l’année de la rétrocession de Hong Kong à la Chine; il n’a même pas encore le droit de vote et son «pedigree» politique se limite à avoir participé il y a deux ans aux manifestations pour empêcher la mise en place d’un programme d’enseignement dit «patriotique» sur l’île. Ce corpus pédagogique, depuis abandonné, expliquait entre autres pourquoi chaque citoyen chinois se doit de ressentir une piété filiale et une confiance absolue envers le «glorieux» parti communiste.

Mais Joshua Wong se moque bien de n’avoir pas fait l’ENA. Sur Nathan road à Kowloon, des milliers comme lui, collés à leurs principes de liberté, sont ralliés chaque jour par de nouveaux étudiants, certains même de Chine continentale, indignés par les attaques aux gaz lacrymogènes, par les arrestations, par les yeux baissés de la police quand des bandes mafieuses attaquent les manifestants. Ces sales gosses irriteraient presque, en plus de Pékin, une partie de la population locale qui commence à trouver le temps long et leur reproche de ne pas encore comprendre ce qu’est le monde réel, celui où on fait des concessions, où on accepte, où on ne dérange pas trop la circulation. Mais à vingt ans, on a ses propres idées sur le «monde tel qu’il est» et sur ce qu’on voudrait qu’il soit quand on en aura cinquante. C’est «un mouvement contre l’emprise chinoise», expliquent deux jeunes de Hong Kong étudiantes à Paris, et dont le journal Le Monde publie la lettre. Concepts simples: elles ne veulent pas que la démocratie signifie d’avoir le droit de voter pour un candidat sélectionné par le régime communiste, qui ne serait qu’une nouvelle marionnette de Pékin sur le modèle de l’actuel gouverneur C.Y. Leung.

Avec la même simple énergie que les jeunes Taiwanais du mouvement des tournesols en mars cette année, les «parapluies» changent la donne avec une vitesse que personne n’avait anticipée. Pékin, devant qui nos capitales sérieuses s’inclinent, Pékin à qui le pays des droits de l’homme n’ose parler des droits humains, tremble devant une bande de gamins. Les médias officiels communistes critiquent l’irresponsabilité des manifestants, le non-respect de la loi, et minimisent autant que possible l’ampleur des manifestations. Mais le blocage d’Instagram, de Facebook, de Google, de Twitter sur toutes les questions liées à Hong Kong disent assez la peur de grande contagion. Et si en France on se trouve comme d’habitude intelligent et sage en «ne s’ingérant pas dans les affaires intérieures chinoises», le Royaume-Uni, Taiwan et le Japon ont un cœur qui bat assez pour affirmer qu’un mouvement de désobéissance civile comme celui des parapluies est l’appel le plus exemplaire et le plus digne de sympathie. Il envoie un message légitime qui doit être reçu... si possible sans envoyer les tanks cette fois-ci.

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.