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35 heures: À quoi s’attendre?

Quatorze ans plus tard, les contradictions du célèbre dispositif ne cessent d’alimenter le débat politique

Écrit par David Vives, Epoch Times
07.10.2014
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  • Le gouvernement pourra-t-il sortir des limitations du dispositif des 35 heures pour relancer la croissance? (Miguel Medina/AFP/Getty Images)

Gouverner, selon la définition courante, c’est parfois prévoir et orienter les citoyens vers une évolution qu’ils n’auraient pu imaginer par eux mêmes. Forts de cette idée, les dirigeants d’un pays ont parfois pour vocation d’innover sur les questions économiques et sociales.

Dans le cas de la réforme des 35 heures, on attend encore de connaître l’objectif de nos dirigeants. Quatorze ans après leur application, les doutes sur l’efficacité économiques des 35 heures sont toujours là et ses gains réels sont toujours discutés. Que se soient les ministres, les syndicats, les potentiels candidats à la présidence de 2017, la plupart  mentionnent le célèbre dispositif, en assumant à différents degrés sa possible remise en question. Au sein de l’opinion publique, le sujet est autant discuté et aboutit sur un paradoxe bien surprenant.

Bonne pour la vie quotidienne, mauvaise pour la vie professionnelle?

L’institut Ifop a récemment fait un bilan des réactions françaises face aux 35 heures. Les résultats de ses sondages montrent que les Français, s’ils gardent une certaine lucidité quant au manque d’efficacité de la mesure sur le plan économique, apprécient néanmoins le confort et la «qualité de vie» qu’apporte une réduction du temps de travail. En effet, deux tiers des salariés estiment que les 35 heures ont amélioré leur vie quotidienne. Cependant, ils sont autant à constater les effets négatifs de la mesure sur leur vie professionnelle.

En octobre 1997, lors des élections législatives, la mesure du programme PS était approuvée par 63% des Français. En 2000, 45% des actifs commencent à suivre ce régime; ils seront 68% en 2008. Pour autant, les Français restent divisés quant à l’efficacité réelle de cette mesure sur le chômage. En mars 2001, près de la moitié d’entre eux pensent que l’effet sur l’emploi sera positif; en 2003, ils ne sont plus que 31% à approuver cette idée. De plus, 59% des travailleurs interrogés s’attendent à une baisse de leur rémunération liée au régime, et ce dès 1997.

Reste que le passage aux 35 heures a été un long processus interne dans les entreprises, qui a été conduit sur presque une décennie au niveau national. D’après nombre d’observateurs, ressortir du dispositif pourrait faire perdre autant de temps.

À l’UMP, on imagine comment en sortir

En ces périodes de mauvaise santé économique, tous les remèdes sont à l’étude. La remise en cause de cette mesure ne fait pas exception, et évidemment, chaque bord politique l’envisage différemment. François Fillon, en octobre 2012, proposait d’ «abroger purement et simplement» leur application dans le privé, et d’allonger le temps de travail à 39 heures dans la fonction publique. 

Plus récemment, Nicolas Sarkozy s’était prononcé sur un déverrouillage du temps de travail. «Les entreprises qui voudraient en sortir pourraient le faire par la négociation interne», a-t-il déclaré récemment. Auteur du «travailler plus, pour gagner plus», Nicolas Sarkozy a également réajusté son tir en proposant simplement de «travailler davantage».

Faut-il comprendre «travailler plus, pour gagner autant»? Car rehausser le seuil du temps de travail signifie également supprimer une partie des heures supplémentaires, qui sont en général mieux payées. Or, le temps de travail moyen des travailleurs français est calculé à 39,2 heures par semaine, d’après la moyenne établie par l’institut Coe-Rexecode.

À moins de réinventer un assouplissement qui remplacerait le système actuel en termes de rémunération, l’augmentation du temps de travail pourrait donc se résumer en une perte de pouvoir d’achat. C’est aussi le calcul de l’ancien ministre du travail, Xavier Bertrand, qui estime que les salariés en «feraient les frais».

Le gouvernement, encore très divisé sur la question

Du côté du gouvernement, la discussion sur le temps de travail se résume à quelques tentatives. Pour l’instant, faute d’un consensus global, celles-ci ne dépassent pas le seuil de la communication. Fin août, Emmanuel Macron, fraîchement nommé ministre de l’Économie, s’était adressé aux organisations syndicales sur le sujet. Évoquant une possible «logique de concertation et de dialogue social», le ministre avait  été soutenu par Manuels Valls. Ce dernier s’est déclaré ouvert à une «action de simplification».

Quelques heures plus tard, François Rebsamen annonçait un verdict différent. «La durée du travail, je le dis et le redis, c’est 35 heures. C’est la position du gouvernement», tranchait ce dernier. Beaucoup ont vu naître après les propos du porte-parole du gouvernement l’opposition de l’aile gauche du gouvernement, qui considère encore les 35 heures comme un acquis social.

Un peu plus tôt cette année, à la demande de l’UDI, une commission d’une trentaine de députés avait été créée par l’Assemblée Nationale. Celle-ci était chargée d’établir «un bilan de l’impact sociétal, social, économique et financier de la réduction progressive du temps de travail et notamment de la loi de décembre 1998». Elle devrait rendre son rapport en décembre 2014. La mesure des 35 heures n’a donc pas fini de faire parler d’elle.

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