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Douceur de vivre dans le Tessin

Écrit par Christiane Goor, Epoch Times
10.11.2014
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  • Le château de Montebello qui remonte au XIIIe siècle se situe à 90 mètres au-dessus de Bellinzona et offre une vue splendide sur la ville jusqu’au lac Majeur. (Charles Mahaux)

Étrange pays qui prolonge la Suisse au-delà des neiges éternelles du massif du Saint-Gothard, offrant au pays le charme ineffable d’un jardin fleuri et ensoleillé sur sa façade sud : forêts de châtaigniers et de noyers sur les flancs des montagnes, vignes dans les vallées, camélias, palmiers et orangers au bord des lacs.

La route est longue quand il s’agit de rejoindre les confins de la Suisse, mais le trafic y devient plus fluide car les camions ont abandonné la route qui serpente maintenant au cœur d’un cirque montagneux dont les cimes accrochent la lumière malgré un ciel noyé de gris. Quand enfin on débouche du long tunnel du Saint-Gothard, quelle surprise! Nous sommes émerveillés de découvrir un soleil tout à fait méridional, qui va de pair avec une ambiance latine inattendue.

Un coin d’Italie

Les Tessinois disent volontiers qu’on entre au Tessin comme on entre en vacances. Il est vrai que la seule ville de Locarno peut se vanter d’être baignée de soleil durant au moins 2286 heures par année. Ce n’est pas pour rien que les côtes suisses du lac Majeur et du lac de Lugano accueillent bon an mal an plus de 3 millions de touristes, dont de nombreux Suisses du Nord, attirés par la douceur de cette région qui concilie avec bonheur le charme italien et l’ordre helvétique.

Au Tessin, tous les clichés sur la Suisse basculent : chalets en bois chargés de fleurs, campagne dessinée au cordeau, vastes sapinières à l’assaut des flancs de la montagne… Rien de tout cela. Au contraire, d’emblée, on est surpris par le désordre apparent du paysage où partout affleure la roche, laissant peu d’espace aux pâturages et à l’agriculture. Le Tessin, qui est aussi une rivière dont le cours dessine l’épine dorsale liquide du canton, perd rapidement le cours turbulent qu’elle affiche sur les versants du massif du Saint-Gothard pour s’apaiser dans des gorges plus évasées où se multiplient les châtaigniers. Lorsque enfin elle s’écoule dans la plaine, là où les saules alternent avec les mûriers et les noyers, où les vignes s’étalent sur des claies entre des blocs de granit rose, alors seulement le bleu de l’eau prend des accents émeraude qui annoncent les lacs que se partagent l’Italie et la Suisse.

  • La piazza Grande avec ses façades de style Belle Époque, ses cafés et ses boutiques est sans doute la place la plus évocatrice de Locarno, ville de villégiature. (Charles Mahaux)

Au Tessin, on parle italien, on mange italien, on vit à l’italienne. Au-delà d’une organisation bien rodée à la mode helvétique, on sent vibrer la vivacité d’une culture qui puise ses racines dans le Sud romain. Bellinzona, chef-lieu du canton, affiche clairement ce mélange hybride d’art médiéval austère teinté de style florentin. Trois châteaux, alignés à différents niveaux, barrent la vallée, pour rappeler que le site était autrefois le gardien des routes empruntées par les armées et les marchands. Une longue muraille à mâchicoulis, qui encadre des ceps de vigne, court le long de la montagne, reliant les trois citadelles. Rien de tel qu’une balade le samedi matin dans le marché bigarré au cœur des venelles pavées de la vieille ville pour entendre battre le cœur des Tessinois qui aiment à rire et à battre la mesure avec les musiciens de rue.

Eden montagnard

Au-delà du rempart du Saint-Gothard, le Tessin apparaît comme un long appendice entaillé, dans sa partie septentrionale, de hautes vallées étroites, jalonnées de pierres : celles de ses villages, de ses ponts en dos-d’âne, de ses églises. Les kilomètres y serpentent en épingles à cheveux et les routes s’envolent vers des hameaux perdus à moins qu’elles ne se faufilent dans un autre vallon encore plus étroit.

Balade en vert et gris, entre le vert des prés et des forêts de châtaigniers et le gris des rustici, ces maisonnettes villageoises rudimentaires recouvertes de toits de lauze, ces lourdes pierres plates posées sur d’épaisses poutres taillées dans les châtaigniers. Lodano, Bosco, Bignosco, Cevio, Mogno, Fuzio, autant de hameaux séculaires, serrés autour de leurs clochers et suspendus entre ciel et rivière. Chaque village est habité par le silence d’une vie tranquille et feutrée, à l’abri des murets de schiste qui abritent des carrés de légumes, des massifs d’hortensias bleus et roses ou encore la treille accrochée aux minces colonnettes de granit plantées pour surélever la vigne. Une voix s’échappe d’une fenêtre ouverte, d’un jardin. Décor éternel où vit encore un peuple fier de ses origines et de ses traditions.

Ce souci de préserver une culture ancestrale a nourri la créativité de certains. C’est le cas de Mario Botta, ce fils du Tessin, architecte de renom, dont le palmarès est riche d’innombrables réalisations prestigieuses. Quand il construit dans sa terre natale, celle-ci lui inspire des compositions hardies qui se fondent pourtant dans le paysage. La chapelle alpine de San Giovanni, dans le village de Mogno, avec sa façade concave et son parement bicolore, pierre grise de Riveo et marbre blanc de Peccia, deux villages du Tessin, raconte une résistance qui se veut symbolique face à la puissance de la montagne qui a détruit l’église précédente et une partie du village lors d’une avalanche. Hommage émouvant à la pierre qui a façonné le paysage et la vie des Tessinois au fil des siècles.

Deux perles bleues

Depuis le Saint-Gothard, la montagne dévale vers les eaux cristallines des lacs. Le ciel s’y reflète au fil des heures en un camaïeu de teintes, du bleu cobalt au gris acier. Sur la rive du lac Majeur, les maisons colorées aux tons pastel s’accrochent au flanc de la montagne, offrant une vue imprenable sur le lac sillonné par des bateaux de plaisance. Les nombreuses résidences de style baroque et néoclassique qui dessinent les bourgades de Locarno et d’Ascona surprennent après l’âpreté des habitations dans les vallées du Nord. Tout ici invite à la détente : un rivage fleuri, des plages aménagées, des terrasses ombragées et bavardes, des boutiques de luxe. Une promenade dans les ruelles de Locarno permet de découvrir, au-delà des arcades, des patios secrets, autant de jardins où croissent palmiers, lauriers roses et camélias. Des roses en guirlandes s’accrochent aux colonnades et dévalent des portails, embaumant délicatement la petite ville endormie durant les heures chaudes de l’après-midi. Ascona, sa voisine plus tropézienne, est aujourd’hui le paradis des peintres et des photographes dont les galeries attirent les touristes argentés.

  • Le village de Vico Morcote tel qu’il surgit depuis la terrasse de l’hôtel Serpiano sur le mont San Giorgio. (Charles Mahaux)

Les distances sont courtes dans le Tessin, à peine 45 km séparent Locarno de Lugano. La canicule qui pèse sur la région lève des voiles de brume qui masquent les cimes des montagnes. Posée dans un écrin de verdure, lovée entre deux collines, Lugano se mire dans les eaux de son lac. Avec ses palaces luxueux et ses villas roses, ocre et jaune paille, avec ses terrasses séduisantes et ses palmiers langoureux, avec ses ruelles piétonnes bordées des arcades des maisons patriciennes, Lugano a tout d’une ville de villégiature. Pourtant son attrait majeur reste le lac, d’aspect plus intime et plus sauvage que le lac Majeur. Une excursion en bateau mène d’un port à un autre, qui surgissent tous comme autant de villages construits au ras de l’eau. Une pause à Morcote est une invitation au farniente tout en offrant la possibilité de rencontrer l’âme du village pour ceux qui ont le courage d’escalader les marches éclaboussées de soleil qui mènent à l’église haut perchée de Santa Maria del Sasso, baroquisée à la mode italienne. Là-haut le regard se perd dans la contemplation du lac et des vieux toits de tuiles du village. Terminer la journée par une halte sur la terrasse du grotto del Parco qui surplombe le lac, c’est s’offrir un instant de ravissement sous la treille, à écouter vivre le lac loin du bruissement des conversations qui animent les multiples terrasses sous les arcades voûtées du port.

 

Infos pratiques

Infos : Deux sites utiles : www.ticino.ch ou www.myswitzerland.com ou l’Office de tourisme suisse au numéro gratuit 100. 200.30

Y aller : Le canton du Tessin est à environ 750 km de Paris. Attention à ne pas oublier d’acheter à la frontière la vignette qui permet de circuler sur les routes suisses. Elle est valable toute l’année. La Suisse n’a pas encore adopté l’euro, il faut donc acheter des devises suisses.

Budget? La Suisse est chère et pourtant le Tessin offre des infrastructures qui s’adaptent à toutes les bourses, entre camping, rustico et palace. Il faut compter un prix moyen de 50 euros (71 $ CA) par nuit et par personne pour une chambre d’hôtel et un minimum de 15 euros (21 $ CA) pour un simple repas.

Où loger? La pension Ca’Serafina (www.caserafina.com) à Lodano offre le confort douillet d’une typique maison tessinoise au cœur d’un village préservé à une quinzaine de kilomètres de Locarno. L’accueil y est personnalisé et le petit déjeuner pris dans le jardin sous la treille est une délicieuse expérience. Dans la région de Lugano, on peut choisir la formule du Wellnesshotel Serpiano (www.serpiano.ch) niché dans la région du mont San Giorgio, qui a été reconnu patrimoine mondial par l’UNESCO pour sa grande valeur paléontologique. La terrasse de l’hôtel offre une vue magnifique sur Morcote et le lac de Lugano.

Gastronomie : Puisant dans ses racines paysannes qui laissent la part belle aux produits du terroir, la cuisine italienne demeure sous influence italienne. Le meilleur moyen de la découvrir est de s’installer dans un grotto, ces tavernes populaires aménagées dans la roche et disposant d’une terrasse ombragée avec des tables et bancs de granit. La polenta y accompagne tous les mets. Il faut aussi goûter au piatto ticinese qui offre charcuteries et fromages locaux, à accompagner de merlot del Ticino, vin rouge ou blanc.

 

 

 

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