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Édito

Oups…

Écrit par Aurélien Girard, Epoch Times
17.11.2014
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  • «À n’en pas douter, c’est un jeune tigre, inquiet de cet environnement d’asphalte inconnu.» (George Shuklin/Wikimédia)

Sur la caméra de vidéo-surveillance annoncée comme étant celle d’un supermarché de Seine-et-Marne, un fauve apparaît entre deux voitures, avance à pas comptés, s’interrompt, tend l’oreille, puis reprend sa marche souple. À n’en pas douter, c’est un jeune tigre, inquiet de cet environnement d’asphalte inconnu. En une dizaine de secondes, il passe puis disparaît du champ. On le retrouvera ensuite photographié par une passante, avec toujours cette silhouette si particulière au félin asiatique. Mobilisés, policiers et experts animaliers trouveront ses empreintes, larges et profondément enfoncées dans la terre, que tous les quotidiens et journaux télévisés du soir présenteront comme nouvelle preuve de la présence d’un tigre en liberté à deux pas de Paris. Une large opération mobilisera équipes d’intervention et hélicoptère avec caméra thermique; la presse internationale titrera sur la «tiger panic» française, avec description de personnes cloîtrées pour éviter les crocs de la bête sanguinaire. Puis … les experts qui avaient confirmé l’hypothèse du tigre ne parleront soudainement plus que d’un «petit félin», ni un tigre, ni un léopard, ni même un lynx… au mieux un gros chat sauvage. L’inquiétante empreinte sera à nouveau présentée, en champ assez élargi pour la rendre petite et anodine. Depuis, les vidéos parodiques se multiplient sur Youtube, les adeptes des théories complotistes cherchent un motif caché dans la bascule de l’information, le plus grand nombre sourit en pensant aux précédents ours, panthères noires et crocodiles également évaporés dans l’actualité. Certains, enfin, se posent la question de la fragilité de l’information.

Ces derniers se souviennent que, quelques jours avant à peine, les services politiques de tous les grands médias qui avaient, calepin à la main, suivi l’intervention télévisée du président Hollande, analysé la moindre de ses hésitations, le plus petit de ses haussements de sourcils, que ceux-là donc avaient tous repris, commenté et déboulonné une phrase attribuée au chef de l’État: «Ce n’est pas cher, c’est l’État qui paye.» Jusqu’à ce qu’un journaliste – un seul – ait la curiosité de vouloir la réécouter et découvre qu’elle n’a jamais été prononcée.

Et que, à cinq cents millions de kilomètres de la Seine-et-Marne, un cube en métal avec des pattes a été largué vers une comète, «67P Churyumov-Gerasimenko», après dix années de vol jusqu’aux confins de notre système solaire. Suivies minute par minute, sa descente et sa bonne arrivée furent rapidement confirmées et relayées comme un succès historique de l’exploration spatiale, comme l’espoir de la découverte des origines de la vie humaine. Jusqu’à ce que la nouvelle arrive d’une «petite difficulté d’arrimage» que l’agence spatiale européenne allait devoir résoudre. Depuis, le robot Philae a cessé de fonctionner: D’après les dernières informations, le robot au lieu de s’arrimer aurait rebondi plusieurs fois, avant de se stabiliser sur les flancs d’un pic de 67P, loin du lieu prévu, et avec trop peu d’ensoleillement pour que ses panneaux solaires le maintiennent éveillé.

Philae est un autre tigre transformé en chat, un «oups» de plus dans l’information de la semaine; à défaut de nous révéler les origines de la vie, il aura eu la formidable utilité de nous faire réfléchir au recul à prendre vis-à-vis du vacarme de l’actualité, de la tyrannie du «vite» et de l’instantané.

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