La décision du Conseil de Paris vient de tomber le projet de construction de la tour Triangle dans la capitale a été rejeté. Ce projet vieux de six ans déjà, semble enfin trouver une issue. Imaginée par les architectes Jacques Herzog et Thierry de Meuron, la tour Triangle constitue un édifice pyramidal en verre de 180 mètres de hauteur et abritant 85 000 m2 de bureaux et de commerces. Sa construction s’inscrit dans le cadre de la rénovation du Parc des Expositions de la Porte de Versailles. Le Conseil de Paris doit donc décider ou non du déclassement de la parcelle en vue de la signature d’un bail avec le groupe Unibail-Rodamco, finançant le projet à hauteur de 500 millions d’euros.

Un atout économique

Anne Hidalgo avait repris ce projet initié par François Delanoë en 2008, mais qui a rencontré depuis, de très fortes oppositions de la part des écologistes, d’associations parisiennes mais aussi de l’UMP. Pour la Maire de Paris, la tour constitue un atout permettant de renforcer l’attractivité économique de la capitale: « Ce bâtiment marquera l’histoire architecturale de Paris: il véhiculera une image moderne, attractive de la capitale à l’étranger. Il s’inscrit dans un territoire déjà à forte dominante économique, à côté du Parc des Expositions et de Balard, et répond à un besoin économique réel, celui de bureaux neufs. ». Dans son camp, l’adhésion d’organismes économiques tels que le MEDEF, la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de Paris ou encore la Fédération française du bâtiment (FFB). « Les entreprises innovantes ont besoin d’espaces adaptés aux modes de travail » précise ainsi Pierre Antoine Gailly, président de la CCI.

Une tour peu écologique

C’est le principal argument présenté dès le commencement du projet. À l’heure du développement durable, la construction de tours semble de moins en moins adoptée sur la planète, du fait d’une dépense énergétique augmentée. Pour Europe Écologie Les Verts (EELV), on estime que les tours sont « sur 50 ans, 7 fois plus énergivores que des bâtiments de bureaux ‘classiques’ », du fait de la consommation des ascenseurs et des surpresseurs (amenant l’eau) sur les derniers étages. Dans le cas de la Tour Triangle, c’est un vitrage nécessitant un chauffage ou une climatisation excessive selon les saisons et l’orientation des bureaux, qui représentera jusqu’à 40% de la consommation totale de la tour.

Une architecture en question

Si elle était construite, la Tour Triangle constituera le troisième plus haut édifice de Paris après la tour Eiffel (310 mètres) et la tour Montparnasse (210 mètres) inaugurée en 1973. Selon un sondage réalisé par l’institut BVA en avril 2013, 56 % d’entre des Parisiens désapprouvent la construction de la tour Triangle, d’autant plus qu’une initiative de la mairie du 9e arrondissement voudrait classer les toits de Paris au patrimoine mondial de l’Unesco.

Autre fait important, selon une enquête de l’Observatoire régional de l’immobilier d’entreprise en Ile-de-France parue mercredi 12 novembre, la région Ile-de-France abrite un immense parc de bureaux de 52,8 millions de m2 dont 3,3 millions étaient vacants au 2e trimestre, soit 15% de surfaces inoccupées supplémentaires en deux ans.

Ces chiffres sont donc autant de grain à moudre pour les partisans et opposants à l’édification de la tour Triangle, Anne Hidalgo a d'ailleurs demandé d'invalider le vote, sous pretexte que des élus auraient montré leurs bulletins.