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Taïwan observe Hong Kong avec fierté et inquiétude

Écrit par Shannon Liao, Epoch Times
23.11.2014
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  • 27 septembre 2014: des manifestants de Hong Kong et de Taïwan se rassemblent à Times Square: (de g. à dr.) Eric Tsai, 24 ans, et Jenny Wang, 23ans. (Gary Du/Epoch Times)

NEW YORK— Jenny Wang savait que le temps était compté. Elle se précipita dès la sortie du travail, conduisant une heure pour atteindre l’appartement de sa sœur aînée à Jersey City. Puis, sans perdre une minute, elle prit le rapide pour Manhattan, juste à temps pour un rassemblement de masse sur Times Square un jeudi soir à 20h.

Jusqu’à présent, Jenny Wang – une jeune américano-taïwanaise de 23 ans qui vit et travaille dans le New Jersey – a participé à quatre de ces rassemblements et manifestations de New-yorkais soutenant les manifestations à Hong Kong, cela malgré l’incroyable trajet à faire.

Les organisateurs ne lui rendent pas la tâche facile non plus. Un texto ou un message Facebook sont le seul préavis que Jenny Wang reçoit quelques jours voire quelques heures seulement avant qu’une manifestation se produise.

Mais elle a fait ce voyage plus fréquemment ces dernières semaines. Les week-ends, elle traîne sa valise jusqu’à l’appartement de sa sœur aînée et emménage pour ainsi dire, dans l’attente d’être soudainement prévenue d’une manifestation.

Jenny Wang, ainsi que d’autres Taïwanais des États-Unis, qu’ils soient de deuxième génération ou nés à l’étranger, suivent de près le déroulement des manifestations de Hong Kong, qu’ils considèrent comme une question personnelle.

Leçon d’histoire

Les manifestations pro-démocratie de Hong Kong ont explosé le 28 septembre.

Les Hongkongais se sont enflammés après que le Parti communiste chinois (PCC) ait publié le 10 juin un Livre blanc qui impliquait la pleine autorité sur Hong Kong, faisant fi des promesses d’autonomie autrefois adressées à cette région administrative spéciale et ancienne colonie britannique.

Le projet d’occupation des rues est devenu sérieux le 31 août, lorsque le PCC a déclaré que lors des élections du chef de l’exécutif en 2017, les Hongkongais auraient à choisir parmi une liste de candidats choisis par un comité tout acquis à Pékin. Les manifestants ont qualifié ce processus de «fausse démocratie».

Les étudiants et les générations plus âgées de Hongkongais appellent au suffrage universel et à la démission de l’actuel chef de l’exécutif Leung Chun-ying, impliqué dans un scandale de corruption et lourdement lié à Pékin.

Les manifestations ont été surnommées «Mouvement des parapluies» en raison des parapluies déployés pour protéger les manifestants des fortes pluies et des gaz lacrymogènes, les gaz poivrés et les matraques des policiers. 

Le spectacle des Hongkongais luttant pour la démocratie a inspiré les gens de  New York, Vancouver, Tokyo, Londres ainsi que d’autres villes à organiser leurs propres manifestations de solidarité.

Pilule rouge ou pilule bleue?

Au milieu de la foule de Hongkongais expatriés, quelques petits groupes de Taïwanais à New York se sont régulièrement montrés pour soutenir Hong Kong – une façon de garder un œil sur le bien-être de leur propre petite île.

Taïwan possède un certain nombre de similarités avec Hong Kong: tous deux sont sous la menace du PCC. La Chine a plus d’un millier de missiles pointés sur Taïwan. Et le PCC tente de planter les dents dans les économies de Taïwan et de Hong Kong.

Alors que Hong Kong est déjà une région administrative spéciale de Chine, Taïwan demeure encore, quoique précairement, une contrée indépendante qui maintient des relations diplomatiques officielles avec une poignée de nations.

«Les Taïwanais ont effectivement le choix entre l’indépendance et un fusionnement avec la Chine. Notre démocratie n’est pas parfaite; nous avons de nombreux problèmes. Mais nous sommes encore un pays», a déclaré Hsu Hsin-hui, 31 ans, membre des Taïwanais d’outremer pour la démocratie, une coalition qui couvre une grande partie de l’Amérique du nord.

La différence entre Hong Kong et Taïwan provient de divergences dans leurs histoires. En 1949, quand le PCC a saisi le pouvoir en Chine, les individus fuyant le communisme ont cherché refuge à Taïwan.

Taïwan a obtenu un siège aux Nations unies et a été reconnue par les États-Unis et l’Europe. Deux décennies plus tard, Taïwan s’est fait évincer des Nations unies par la Chine communiste. En même temps, certains pays ont commencé à reconnaître la République populaire de Chine et à retirer leur reconnaissance à Taïwan.

Hong Kong a été une colonie britannique pendant plus d’un siècle et n’a été  rétrocédée à la Chine qu’en 1997.

«Hong Kong n’a pas eu le choix», a indiqué Hsu Hsin-hui, «ils ont été forcés à accepter le schéma ‘un pays, deux systèmes’.»

Avant la rétrocession en 1997, la Chine avait accepté de gouverner Hong Kong en respectant la politique «un pays, deux systèmes» garantissant à la Région administrative spéciale de préserver ses institutions et son mode de vie et de bénéficier d’un degré d’autonomie considérable pendant 50 ans supplémentaires. Le Livre blanc annulait ces garanties.

Bifurcation

Un dicton se promène dans les rassemblements de New York: «Hong Kong aujourd’hui, c’est Taïwan demain» – un avertissement clair incitant les Taïwanais à soutenir les Hongkongais dans leur détresse.

Alors que le PCC vise Taïwan et réclame le même accord «un pays deux systèmes» que celui promis à Hong Kong, la frontière entre Hong Kong et Taïwan commence à devenir floue.

«C’est un coup de semonce», a dit Eric Tsai, 24 ans, qui dirige avec Jenny Wang l’association «Action pour Taïwan» basée à New York et dans le New Jersey. Lors des deux manifestations de New York auxquelles ils a participé, lui et Jenny Wang se représentaient eux-même et non pas le groupe.

«Hong Kong suit un certain chemin et nous en voyons les résultats», a déclaré Eric Tsai. «Avant les manifestations, les gens disaient que Taïwan pouvait devenir comme Hong Kong, une région administrative spéciale. Mais maintenant les gens se rendent compte que ce n’est pas réalisable.»

Gordon Chang, auteur de The coming collapse of China, a approuvé. Selon lui, les manifestations de Hong Kong vont dissuader les Taïwanais de se rattacher à la Chine. Il a qualifié les violences de la police de Hong Kong de «peu séduisante réaction de Pékin».

«Les gens à Taïwan vont regarder cela et dire: ’Pourquoi voudrais-je cela? Qu’est-ce que la Chine me donne que je n’ai pas déjà?’» a indiqué Gordon Chang, avant d’ajouter: «Et qu’est-ce qu’ils m’enlèvent?»

Empathie et fierté

«Ce sont mes voisins», a déclaré Hsu Hsin-hui au sujet des Hongkongais. Elle a grandi à Taïwan en regardant les films et les émissions télévisées de Hong Kong.

L’impression de Hsu Hsin-hui à propos de Hong Kong, partagée par beaucoup de Taïwanais, est celle d’une cité internationale développée.

 

«Quand la police a lancé des gaz lacrymogènes sur la foule, cela était effrayant pour moi», a-t-elle ajouté.

Voir Hong Kong dans les journaux a également été un choc pour Eric Tsai, qui a grandi à Taïwan.

On aurait dit les vidéos de guerre dans des pays en voie de développement, a commenté Eric Tsai.

«Je me suis dit: ça ne peut pas être Hong Kong. Il y a quelque chose qui ne va vraiment pas ici.»

Yang Yueching, une activiste membre du Corps national du salut de la jeunesse anti-communiste à Taïwan qui a vécu à Hong Kong pendant des années, a fait le voyage de retour vers Hong Kong pour participer aux manifestations.

Ce qu’elle y a vu l’a émue, a-t-elle raconté lors d’un rassemblement sur Union Square à New York.

Des gens de tous âges, des gamins d’école primaire jusqu’à une dame de 92 ans, étaient présents.

Cette vieille dame occupait les rues tous les jours avec les autres manifestants, ce que Yang Yueching pensait être trop d’efforts pour son âge.

Mais la dame a répliqué: «J’ai déjà 92 ans, qu’ai-je à craindre? Je suis prête à sacrifier ma vie pour cette cause.»

aVoir les Hongkongais envahir les rues a impressionné Mark Kao, président de l’Association formosane des affaires publiques qui s’efforce de promouvoir les questions pro-taïwanaises au Congrès.

«J’ai dit: Super! Enfin des gens qui se défendent», a déclaré Kao, qui vit dans le New Jersey.

Eric Tsai a acquiescé: «La position de Hong Kong est maintenant 100% assimilée à la Chine; leur soulèvement est d’une grande hardiesse de leur part et vraiment très admirable.»

Un esprit de famille

Certains Hongkongais ont le même sentiment de proximité envers les Taïwanais que ces derniers envers les affaires de Hong Kong.

Durant les manifestations pro-démocratie à Taïwan plus tôt cette année, connues sous le nom de Mouvement des tournesols, un homme en provenance de Hong Kong avait tenu une pancarte sur laquelle il était écrit: «Peuple de Taïwan, veillez à marcher sur nos corps lorsque vous réfléchissez à la voie que vous devrez suivre.»

Autrement dit, ce Hongkongais indiquait le sort de sa ville entre les mains du régime chinois comme un avertissement adressé à Taïwan qui devrait leur faire connaître la voie à prendre.

«Nous partageons un même objectif de démocratie», a déclaré Anna Yeung-cheung, 49 ans, de Hong Kong, professeur au Collège Manhattanville et l’un des principaux organisateurs des manifestations de New York en soutien à Hong Kong. Elle a ajouté que le Mouvement des tournesols avait été très inspirant.

Anna Yeung-cheung a indiqué qu’elle accueillerait volontiers les Taïwanais aux manifestations et serait très heureuse de les voir. Elle applique une politique de porte ouverte qui inclut également les Tibétains qui voudraient venir montrer leur soutien.

Contagion démocratique

Après s’être promenée dans Hong Kong et avoir vu les manifestations, Yang Yueching – qui avait également participé au Mouvement des tournesols à Taïwan – a pris la parole lors d’un récent rassemblement à New York sur l’avenir de la Chine.

«La société chinoise ne devrait plus être fermée, car ce monde est ouvert», a-t-elle dit. Elle projette de retourner à Hong Kong après une visite à Taïwan.

Elle a déclaré que le PCC se retrouvera dans une impasse s’il continue d’essayer de faire le bras de fer avec d’autres régions et pays comme les Etats-Unis. Son mari, Lin Baohua, est un commentateur pour Epoch Times et NTD Television.

«Le régime communiste va finir par se renverser lui-même», a fait remarquer Gordon Chang, en considérant les manifestations de Hong Kong comme l’un des nombreux symptômes d’un Parti Communiste en souffrance avec une économie mourante et des turbulences politiques.

«Ce sera l’histoire la plus retentissante de notre temps», a-t-il déclaré.

Alors que les manifestations de Hong Kong se prolongent et que l’affrontement avec le régime se poursuit, beaucoup formulent des inquiétudes quant à la durée possible de cette situation.

Gordon Chang a déclaré qu’il voyait dans les Hongkongais une grande capacité de résistance. Lorsque la foule diminuait, les manifestants appelaient d’autres gens et il en arrivait encore plus.

Il a donné l’exemple de l’attaque d’un groupe de Triades – la mafia de Hong Kong sur une centaine de manifestants à Mong Kok au début du mois d’octobre.

«Après les attaques des Triades, la foule a atteint plus d’une centaine de milliers de personnes, parce que les gens réagissaient à l’usage de la violence», a observé Gordon Chang, qui a qualifié ces violences policières de contre-productives

Plus les manifestations se prolongent, a expliqué Gordon Chang, plus les informations ont de chances de passer à travers la lourde censure du PCC visant à empêcher les Chinois du continent d’entendre parler du mouvement pro-démocratie.

Mark Kao de l’Association Formosane a prédit que si les informations se répandaient, les gens diraient: «Si Hong Kong le peut, pourquoi Shanghai ne le pourrait pas?»

Cet éveil du peuple est exactement ce que les Taïwanais espèrent en se rassemblant pour une reconnaissance internationale.

Pour eux, c’est un combat qui dure depuis 27 ans, mais ils persévèrent.

Faisant preuve du même dévouement que pour les manifestations de Hong Kong, Jenny Wang tient avec passion le rassemblement annuel «Pour un Taïwan Libre» sur Times Square, où, perchée sur un podium, elle hurle en faveur de la liberté.

Son sac à main porte le ruban jaune qui symbolise la solidarité avec Hong Kong.

La famille de Jenny Wang, qui a grandi sous la loi martiale à Taïwan, s’inquiète de ce que ses activités politiques la rendent trop visible.

Malgré l’inquiétude de sa famille, elle a dit: «Il me semble que je ne peux pas arrêter, pourtant, car si je ne me bats pas, qui le fera?»

Hannah Cai a contribué à cet article

Version originale: Proud and Worried, Taiwanese Watch Hong Kong

 

 

 

   

 

     

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.