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Démocratiser Hongkong sera bénéfique aux relations entre les deux rives du Détroit

Écrit par Isabelle Meyer, Epoch Times
25.11.2014
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  • «Si la démocratie a pris racine, a grandi et s’est développée à Taiwan, il n’y a pas de raison que sur le sol chinois, on ne puisse pas le faire», a déclaré le Représentant de Taiwan à Paris S.E. Michel Ching-long Lu. (Ambassade de Taiwan)

Alors que Hongkong existe sous le statut de Région administrative spéciale, Taïwan est une démocratie souveraine – la République de Chine. En mars dernier, le mouvement étudiant des tournesols a réussi à imposer le principe d’une supervision citoyenne des accords avec la Chine. Qu’en sera-t-il du mouvement des parapluies à Hongkong? Rencontre avec le Représentant de Taiwan à Paris S.E. Michel Ching-long Lu.

Le mouvement étudiant des tournesols  qui a eu lieu à Taipei en mars dernier, bloquant pendant trois semaines le Parlement et les rues attenantes, a-t-il été source d’inspiration pour le mouvement des parapluies de Hongkong?

Il s’agit de situations assez différentes. À Taiwan, les étudiants voulaient montrer leurs préoccupations, leurs inquiétudes alors que les députés examinaient l’accord sino-taiwanais du commerce des services. Ces négociations avec la Chine découlent de l’accord-cadre de coopération économique qui a été signé en 2010.

Pour les jeunes à Taiwan, il n’a pas été difficile de monter sur la scène. Mais, après 24 jours de manifestation, comment terminer et continuer à exiger des demandes? Cela n’est pas si simple. Les étudiants ont finalement décidé d’arrêter l’occupation et de lancer une campagne nationale pour rencontrer les gens dans diverses régions du pays. Tout s’est terminé sans aucun incident, hormis quelques inconvénients pour les citadins de Taipei aux alentours du Parlement. Sinon, tous les services ont été assurés sans perturbation, les cinémas, les restaurants, les trains...

Le concept «un pays, deux systèmes » n’avait-il pas été créé à l’origine pour réunifier Taiwan?

Comme Deng Xiaoping l’avait fait remarquer, Taiwan était déjà développée et connaissait une certaine prospérité économique. Mais il y avait aussi la démocratie. Alors, pour concrétiser leur politique de récupérer Taiwan ou plutôt d’avaler Taiwan, ils ont lancé «un pays, deux systèmes ». Nous, à Taiwan, nous avons dit : désolés nous ne pouvons pas accepter! Pourquoi? Parce que, d’une part, Taiwan où a été proclamée la première République populaire de Chine en 1912, n’a pas été colonisée comme Hongkong ou Macao. Il s’agit de la continuité d’un pays où il y a tout ce qu’il faut : le peuple, les passeports, les monnaies, la défense nationale… Donc «un pays, deux systèmes » à Taiwan, cela ne peut pas être accepté! Ensuite, quand il y a deux forces, l’une est différente de l’autre. Pourquoi est-ce vous, la grande Chine, qui décidez? vous demandez d’appliquer cette politique et je dois être à votre écoute, à vos ordres directement?

Quel a été le processus de démocratisation à Taiwan?

J’ai souvent dit que l’on peut commencer la démocratisation selon l’intelligence et la vision. À Taiwan, quand il y a eu une demande de démocratie après la levée de la Loi martiale en 1987, le président d’alors Chiang Jingguo a proposé deux choses. Il a dit : «un bon système, pas un pays deux systèmes ».

«Un pays, deux systèmes » a été proposé dix ans avant le consensus de 1992 entre Taiwan et la Chine continentale. À l’époque, Taiwan était déjà assez ouvert, assez démocratique. Chiang Pon-Jien, l’un des fondateurs et pionniers de la démocratisation à Taiwan et l’un des premiers fondateurs du parti démocrate progressiste, m’a raconté qu’à la veille de la levée de la Loi martiale, une trentaine de membres de l’opposition s’étaient réunis au Grand Hôtel à Taipei. Le président Jingguo en avait été informé. Il s’était interrogé sur les mesures à prendre pour arrêter ces jeunes. Finalement, il a décidé de laisser faire.

C’est aussi grâce à cette vision et à ce courage que le parti démocrate progressiste – premier parti de l’opposition à Taiwan – a été fondé. Sans accident, sans effusion de sang. Ces références sont importantes. La démocratie est une valeur universelle. Si à Taiwan on a réussi la démocratisation, alors il ne faut pas dire que cela n’est pas réalisable. Si la démocratie a pris racine, a grandi et s’est développée à Taiwan, il n’y a pas de raison que sur le sol chinois, on ne puisse pas le faire.

Il faut savoir que des élections démocratiques ont lieu à Taiwan depuis les années 50 au niveau des municipalités spéciales et provinciales, des districts, des communes et des villages. Des élections présidentielles au suffrage universel direct ont également lieu depuis 1996. Avant cela, en 1991, il y a déjà eu des élections directes au suffrage universel pour élire les parlementaires, les législateurs comme nous le disons en chinois. 

Pékin est actuellement dans une situation délicate…

S’ils accordent une vraie démocratie à Hongkong, qu’est-ce que les citoyens des autres provinces vont demander? Ce que les étudiants demandent n’est pas exagéré. C’est juste de la dignité humaine, le droit d’être maître de soi-même.

Quand vous êtes au restaurant, vous pouvez choisir votre menu, vous êtes maître de vous-même, vous pouvez décider de ce que vous allez déguster. Vis-à-vis des élections, il y a le même esprit, la même valeur. Quand il s’agit de démocratie, on doit avoir la liberté de s’exprimer et aussi de décider. Vis-à-vis des élections, c’est inacceptable pour les jeunes. Cette procédure n’est pas démocratique. C’est une indication très claire que «un pays, deux systèmes » ne trouvera jamais son marché à Taiwan!

Hongkong est sous le contrôle de la Chine et la Chine est un grand pays qui voudrait être leader de la communauté internationale. Mais en terme de respect des droits fondamentaux, il ne faut pas diaboliser les demandes raisonnables et rationnelles des jeunes Hongkongais.

Qu’engendrerait la démocratisation de Hongkong?

Avant la rétrocession de Hongkong, Pékin a promis «un pays deux systèmes ». Cette promesse n’est pas honorée. Aujourd’hui Pékin a besoin de Hongkong. Il s’agit d’un centre financier et économique de la région, et c’est aussi une fenêtre pour la Chine continentale. Il faut des idées, de l’intelligence! notre président Ma Ying-jeou a dit très clairement que si la démocratisation à Hongkong est un succès, cela sera positif pour Hongkong mais aussi pour toute la Chine. On peut très bien commencer par la démocratisation à Hongkong. Puis une fois que les citoyens, le peuple chinois auront une idée claire de ce qu’est la vraie démocratie, alors il y aura des demandes croissantes. C’est la raison pour laquelle le président Ma Ying-jeou a bien expliqué les préoccupations du peuple et du gouvernement de Taiwan. Il a souhaité explicitement que les demandes soient pacifiques et sans violence, et que les autorités de Pékin prêtent une oreille attentive aux revendications de la population de Hongkong. Il faut observer les réactions de Pékin.

Les leaders étudiants de Hongkong se sont vu refuser de se rendre à Pékin afin d’exposer les raisons de leur mobilisation. Au moins 500 étudiants sont à ce jour répertoriés sur une liste noire. Quelle solution envisager?

Nous ne croyons pas que les étudiants vont s’arrêter là. Nous souhaitons que des compromis soient faits, qu’une solution pacifique et rationnelle soit trouvée et que des décisions intelligentes soient prises. Ceci favorisera les liens déjà existants entre Taiwan et la Chine continentale – dix négociations, vingt-et-un accords et deux consensus ont déjà été signés. Démocratiser Hongkong sera bénéfique aux relations entre les deux rives du Détroit.

Être interdit d’aller en Chine, c’est quand même très anormal. C’est intéressant à observer mais je suis plutôt optimiste. Les étudiants vont continuer à solliciter leurs droits fondamentaux de liberté et de démocratie. Soutenons-les sans violence car le désordre et le chaos ne sont d’aucun intérêt ni pour Hongkong, ni pour la Chine. 

Propos recueillis par Isabelle Meyer

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