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La filière nucléaire française dans la tourmente

Écrit par Charles Callewaert, Epoch Times
26.11.2014
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  • Site de construction de l’EPR à Flamanville, au nord ouest de la France le 6 novembre 2014. (Charly Triballeau/AFP/Getty Images)

La filière nucléaire française va très mal. La catastrophe de Fukushima au Japon en mars 2011 a stoppé beaucoup de projets, renforcé les règles de sécurité et ravivé la concurrence internationale sur un marché en décroissance. Les erreurs industrielles s’y sont ajoutées et les querelles personnelles entre dirigeants d’Areva et d’EDF ont fait le reste. Résultat: neuf ans de retard pour le prototype d’EPR d’Olkiluoto en Finlande, cinq ans pour celui de Flamanville en France, des coûts de construction à la dérive et Areva au bord de la faillite.

Areva, le champion nucléaire coté comme un junk bond!

Après un résultat net 2013 déficitaire à -494 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 9,2 milliards d’euros, le groupe Areva espérait parvenir à l’équilibre cette année. Mais l’aggravation du résultat au premier semestre à -694 millions d’euros et l’annonce de nouveaux retards sur les chantiers d’EPR ont contraint le groupe à annoncer mardi soir qu’il ne tiendrait pas son objectif de cash-flow pour 2014 et qu’il suspendait ses objectifs financiers pour 2015 et 2016. Dès le lendemain, le cours de l’action Areva chutait de plus de 20% à 9,3 euros à Paris et le groupe demandait une suspension de sa cotation. En annonçant dans la foulée une dégradation de sa note à long terme, de «BBB-» à «BB+» avec une perspective négative, l’agence de notation Standard & Poor’s reléguait le «leader mondial» du nucléaire civil dans la catégorie des émetteurs spéculatifs.

Conscient de la situation catastrophique d’Areva, Manuel Valls et Emmanuel Macron ont pris les devants en remerciant le président du conseil de surveillance Pierre Blayau et en nommant à sa place Philippe Varin. Cette décision intervient après le remplacement à la tête d’EDF, où Jean-Bernard Lévy vient de s’asseoir au poste d’Henri Proglio, et où Philippe Varin avait déjà été nommé administrateur. De cette manière, le gouvernement espère clore définitivement l’opposition ubuesque entre les deux entreprises lorsqu’elles étaient dirigées par Anne Lauvergeon (Areva) et Henri Proglio (EDF). En effet, une vraie collaboration entre les deux entreprises est indispensable pour maîtriser les difficultés techniques de l’EPR. 

La mission de Philippe Varin: «sauver le soldat Areva»

Si la mission de Philippe Varin est claire, les mesures attendues en interne sont quant à elles radicales. L’État, qui est actionnaire principal du groupe à plus de 85%, pourrait injecter 2 milliards € pour faire face aux problèmes de trésorerie en vendant certains actifs non stratégiques de la filière nucléaire. Par ailleurs, à l’image de ce qui a été réalisé lors de la quasi faillite du Crédit Lyonnais il y a vingt ans, Philippe Varin envisage de créer une société de défaisance pour y loger les activités déficitaires liées aux chantiers d’EPR de Finlande et de Flamanville, dont les surcoûts sont estimés à 10 milliards d’euros. Le nouveau président aurait également, selon le magazine Challenges, «le feu vert pour tailler dans les effectifs».

Côté externe, la confiance dont Philippe Varin bénéficie auprès des autorités chinoises depuis qu’il a orchestré l’entrée de Dong Feng au capital de PSA Peugeot-Citroën, est un atout important au moment où la Chine reste l’un des rares pays à maintenir de lourds investissements dans le nucléaire. EDF et Areva y réalisent le chantier EPR de Taishan, en collaboration avec la China Guandong Nuclear Power Holding Corp (CGNPC). La construction de ces deux réacteurs a débuté en 2008, c’est-à-dire après celle de Flamanville, mais les retours d’expérience dont elle a bénéficié permettent d’espérer une mise en service dès 2016. 

Inquiétudes des deux côtés de la Manche

La réussite de l’opération de Taishan en Chine permettrait également de lever les inquiétudes du gouvernement britannique quant à leur commande pour la construction de deux réacteurs EPR sur le site d’Hinkley Point. Le parc nucléaire anglais, qui est le second en Europe après la France, arrive en fin de vie et a besoin d’être renouvelé. Aussi EDF, associé à Areva à hauteur de 10%, y a négocié fin 2013 la commande des réacteurs d’Hinkley Point pour 19 milliards d’euros, avec une mise en service y est prévue pour 2023. Cependant, les déboires des chantiers EPR, en particulier de celui de Flamanville qui accuse cinq ans de retard et un surcoût de 8,5 milliards d’euros ont, selon le journal The Times, poussé le Royaume-Uni à diligenter une enquête secrète pour analyser les conséquences sur le renouvellement de leur parc nucléaire.

Enfin, le retard du chantier de Flamanville et les difficultés techniques de l’EPR ne sont pas sans conséquences sur la transition énergétique en France. En effet, le projet de loi récemment voté à l’Assemblée Nationale prévoit d’ici à 2025 de réduire à 50% la part du nucléaire dans la production d’électricité, mais qu’en sera-t-il si les réacteurs EPR de Flamanville et de la future centrale de Penly ne respectent pas leurs dates de mise en service?

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