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Édito

Ils ont vu le loup

Écrit par Aurélien Girard, Epoch Times
01.12.2014
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  • Décrit par les éleveurs comme particulièrement intelligent, le loup recule, se faufile, trouve la faille et attaque au moment le plus imprévu. (Arturo de Frias Marques/Wikimedia Commons)

Des centaines de brebis qui broutent, à peine surprises du lieu, l’herbe fade du Champ-de-Mars et prennent pour Alpes la colline du Trocadéro; la Tour Eiffel, Mont-Blanc de remplacement, offre à leurs bergers l’arrière-plan idéal pour des photographies-souvenir. Eclipsés dans l’actualité par les intempéries du sud de la France et par les derniers coups de dent à l’UMP, les éleveurs ovins ont transhumé jusqu’à Paris la semaine dernière pour montrer à leurs bêtes quelques loups urbains, et dire l’écologie avec les mots du terrain. 

On est loin de la «ferme aux mille vaches» et de la course au rendement de production : Pour les 300 éleveurs venus d’Auvergne, du Languedoc, de Champagne-Ardenne, la question est plutôt celle de maintenir un élevage de tradition – des transhumances, quelques bergers, des produits qui prennent le temps d’être faits et font au mieux pour ne pas se préoccuper des cours mondiaux.  Reçus au ministère de l’Écologie et à celui de l’Agriculture, ils ont raconté un quotidien d’attaques par des loups de plus en plus nombreux, de plus en plus audacieux.  Sur 2014 seulement, près de 8.000 bêtes ont été tuées et autant de troupeaux paniqués, sur 29 départements.

L’écologie politique et l’écologie de terrain se sont fait face à travers cette manifestation des éleveurs ovins, la première rougissant un peu devant la seconde qui pleurait : en aidant le retour naturel du loup en France dans les années 1990, le gouvernement et les associations écologistes espéraient participer à restaurer une part de biodiversité perdue, marquer la prise de conscience de l’État face à la destruction de l’environnement. Cette bonne pensée était malheureusement contaminée par un peu de bien-pensance parisienne: qui dans un café chic de la capitale aurait pu dire un mot contre le retour du noble animal, mamelle de la civilisation romaine, symbole de force et d’indépendance?

À la différence de l’ours et du lynx, le loup a profité à plein des mesures de protection qui lui étaient offertes et rapidement trouvé délicat le goût des brebis – ce d’autant qu’elles sont mieux nourries et plus faciles à chasser que chamois et bouquetins. Initialement présent dans le seul parc du Mercantour, il est maintenant remonté jusqu’à la Moselle. Décrit par les éleveurs comme particulièrement intelligent, le prédateur se moque des pétards d’effarouchement utilisés par les bergers, recule, se faufile, trouve la faille et attaque au moment le plus imprévu.  Les deux millions d’euros d’indemnités versées chaque année aux éleveurs pour compenser leurs pertes ne comptent pas: au ministère de l’Agriculture ce 28 novembre, les bergers éreintés par les attaques ont dit préférer leurs bêtes aux chèques du gouvernement. Nombreux parmi les jeunes en arrivent à penser à arrêter l’élevage – effet contradictoire d’une mesure de protection de la nature qui pourrait contribuer à faire disparaître les derniers tenants d’une agriculture raisonnée.

Le clivage reste fort dans les commentaires sur la toile, un camp condamnant l’attitude d’agriculteurs biberonneurs de subventions européennes, et l’autre renvoyant les citadins à leurs canapés et à leurs idées préconçues. Alors, pour ou contre le retour du loup? Par une de ces étranges analogies qu’offre l’actualité, il semble que ce soit aussi la question à laquelle ont répondu samedi 29 novembre les adhérents de l’UMP. Et si ces derniers ont choisi de répondre oui, c’est avec la prudence de nommer dans le même temps quelques bergers armés de lourds bâtons.

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