Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

L’information positive, c’est bon pour le moral!

Une majorité de Français plébiscite les bonnes nouvelles de l’actualité

Écrit par David Vives, Epoch Times
10.12.2014
| A-/A+
  • La presse n’est jugée pas assez positive pour les Français. (Fred Dufour/AFP/Getty Images)

«Dans la construction de nos journaux, on n’oublie pas de parler de ce qui va bien, même si ce n’est pas forcément le premier réflexe d’un journaliste», indique Hervé Béroud, directeur de la rédaction de BFM TV. Et pourtant, différentes enquêtes le confirment, les Français estiment que les médias nationaux ne donnent pas assez d’informations positives.

64% d’entre eux sont de cet avis, d’après une récente étude de ZoomOn (qui vient confirmer une étude similaire publiée en début d’année par la TNT Sofres).  D’autre part, 83% des sondés souhaiteraient davantage d’actualités positives sur leur ville/région, et une large majorité d’entre eux estiment que les informations positives ont un impact direct sur leur moral (79%), sur le dynamisme de la société (74%) ou sur la confiance en l’avenir (73%).

«Nous n’allons pas faire le journal des bonnes nouvelles. Nous donnons l’actualité telle qu’elle existe», objecte Christopher Baldelli, patron de RTL. Peu de médias relaient aujourd’hui ces nouvelles, et si leur succès paraît mitigé pour l’heure, certaines observations récentes prévoient un bel avenir pour le «journalisme des solutions».

L’attitude «ambivalente» du public

«Le public a une attitude ambivalente: il pointe les manques tout en suivant les médias», indique Jean-Marie Charon, sociologue spécialiste des médias. Une analyse partagée par Pierre Haski, fondateur de Rue89 qui estime qu’«il y a une sorte de schizophrénie entre les aspirations du public pour des nouvelles positives et le fait qu’il aille vers le gore, le spectaculaire ou le sinistre. Si on fait le top 10 de ce qui marche sur internet. C’est soit des lolcats (vidéos amusantes su les chats) soit des faits divers terribles».

Une petite recherche sur Google Trends le confirmera: les sujets les plus tendances tendent à suivre le courant principal d’informations développées par les grands médias généralistes, accompagnés de sujets people, insolites, ou sportifs. Les bonnes pratiques et nouvelles positives sont quasiment absentes de ces tendances, et ne semblent intéresser que sporadiquement les internautes.

Côté rédactions, les avis sont mitigés. «C’est une question d’équilibre», juge Eric Monier, directeur de la rédaction de France 2. «On n’a pas de quotas d’informations positives ou négatives, même si, pour les banlieues par exemple, on essaie de parler des choses qui fonctionnent», reconnaît-il.

L’art et la manière de faire du positif

Et pour autant, certaines initiatives ont de quoi surprendre. À commencer par Arte, chaîne culturelle populaire et symbole intellectuel pour beaucoup. La chaîne, dont l’audience télévisuelle ne s’est jamais vraiment envolée (2% en général, avec des pics à 4 ou 5% une ou deux fois par mois), a plus que doublé son nombre de visites sur son site en trois ans: de 28 millions de visiteurs en 2008, elle est passée à 65 millions en 2011, pour devenir le deuxième site télé le plus visité en France (derrière Canal +). Et elle progresse encore, selon l’OJD Internet. Une des raisons: la possibilité de revoir sur le site toutes émissions, dans les 7 jours suivant sa diffusion.

Certaines rédactions ont aussi parié sur des concepts basés sur l’information positive, et s’en sont très bien tirés. En 2005, sous l’impulsion du co-fondateur de Reporter d’Espoirs et Christian de Boisredon, le journal Libération lance le Libé des solutions, faisant la part belle à un concept naissant, le «journalisme de solution». Résultat, le Libé des solutions devient la meilleure vente de l’année.

Le journalisme de solution, la vertu de l’information

«En France, il y a une expression connue: On ne parle que des trains qui arrivent en retard. Je suis de ceux qui pensent qu’on devrait aussi parler de ceux qui arrivent à l’heure ou même trouver des solutions, pour que les trains n’arrivent plus en retard!» défend Christian de Boisredon, fondateur du site Sparknews, plateforme numérique permettant le partage et la diffusion de vidéos ou articles proposant des solutions à des problèmes divers, sociaux, environnementaux.

On trouve entre autres des histoires comme celle d’un adolescent néerlandais de 16 ans à l’origine d’un système permettant de nettoyer les océans en utilisant les courants marins et le vent pour piéger les déchets contre une barrière, ou encore le relais d’initiative soutenant l’éducation dans des zones défavorisées, des campagnes originales de lutte contre le gaspillage alimentaire, etc.

Suivant l’initiative de Sparknews, une vingtaine de rédacteurs en chef venant du monde entier se sont réunis pour un séminaire intitulé «Impact Journalism Day», tenu dans les locaux d’AFP en septembre dernier et soutenu par Le Monde.  Le constat semble unanime: «Les bonnes informations sont bonnes pour le business» lance Matiur Rahman, directeur du quotidien le plus lu au Bangladesh.

D’après Robin Andraca, journaliste dans l’émission Arrêt sur Images présent lors du séminaire, la question du journalisme de solution pose en filigrane la question du modèle économique du journal papier. Ou comment gagner un nouveau lectorat et intéresser. «Les jeunes, qui veulent du concret, des solutions, n’achètent plus la presse» remarque le japonais Takeshi Fujitani, du Asahi Shimbun. Les réponses données diffèrent pour chaque rédaction et pays, mais concordent dans un sens: l’envie de solutions et d’innovations positives pour nos sociétés pourrait s’avérer être un puissant catalyseur pour le journalisme et les lecteurs.

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.