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Fini les parapluies à Hong Kong

Les autorités mettent fin à l’occupation, mais les contestataires affirment que leur mouvement n’est pas mort

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
15.12.2014
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  • Des manifestants prodémocratie laissent, le 11 décembre 2014, un dernier message sur ce qui constituait le mur Lennon à la station Admiralty à Hong Kong. (Pedro Ugarte/AFP/Getty Images)

Policiers, huissiers et ouvriers ont participé le 11 décembre dernier au démantèlement du campement urbain étalé sur les routes principales entourant le siège du gouvernement hongkongais. Les artères étaient occupées depuis dix semaines par des étudiants, leurs sympathisants et une constellation de groupes prodémocratie.

Des milliers de policiers étaient en devoir pour l’opération, de même que de nombreux ouvriers de la construction engagés pour enlever les barrières, les tentes, les tables et autre matériel liés à l’occupation. Des porte-parole de la police avaient réitéré avant l’opération que la force allait être employée de manière appropriée selon la situation. Ces déclarations ont été faites de façon irrévocable.

Les manifestants semblaient sentir également que la fin était proche. Ces derniers jours, les leaders étudiants dans leurs discours se sont excusés de ne pas avoir atteint les objectifs des manifestations, ils ont tenté d’analyser ce qui n’a pas fonctionné et ils ont promis que la lutte n’était pas terminée. Ils ont commencé en démontant la scène principale, qui était dotée d’un équipement de son professionnel, où de nombreux rassemblements dynamiques ponctués de chants en chœur ont eu lieu.

D’autres se sont plutôt dépêchés à préserver les œuvres artistiques militantes qui sont apparues spontanément partout sur le site depuis octobre, dont les milliers de post-its qui ont constitué le mur Lennon.

Même si, de toute évidence, les manifestations n’ont pas réussi à obtenir le suffrage universel à Hong Kong, personne ne doute que le mouvement des Parapluies a marqué la ville à tout jamais.

Les ramifications des manifestations ne sont pas encore claires pour la jeunesse, indiquent les observateurs, mais cet épisode a changé pour de bon la nature des manifestations à Hong Kong.

Les conséquences à long terme «sont difficiles à prévoir, mais un grand nombre de jeunes ont participé à cette occupation et ont été tabassés par la police», estime Ho-Fung Hong, un professeur agrégé en sociologie à l’Université Johns Hopkins qui a écrit un livre sur les mouvements de contestation chinois.

Habituellement, les manifestants se comportent bien lors des rassemblements du 4 juin et du 1er juillet. Ils demeurent à l’intérieur des balises et font ce que la police leur demande. «Personne ne traverse la ligne de police», explique M. Hong. «Mais après cette expérience d’occupation, l’image de la police a été gravement entachée et, à l’avenir, je ne crois pas que ces jeunes vont considérer qu’obéir à la police est une nécessité.»

Un début accidentel

Occupy Central, comme s’appelait la campagne planifiée de désobéissance civile à grande échelle à Hong Kong, ne devait pas se dérouler ainsi.

Le groupe s’appelant Occupy Central With Love and Peace (Occupons Central avec amour et paix), composé de deux professeurs de droit et d’un pasteur, avait une idée très simple en tête : quelques centaines de personnes allaient affluer à Central, le centre financier de Hong Kong, et attendre d’être arrêtées.

Les scènes de début octobre n’étaient certainement pas planifiées, alors que des kilomètres d’artères (2,9 km plus précisément, selon le chiffre officiel) autour du siège du gouvernement étaient bondés d’adolescents et de jeunes adultes qui partageaient de la nourriture, jouaient avec leur cellulaire et se prélassaient alors qu’une procession de haut-parleurs parlait de l’importance de la démocratie et des différences entre la Chine continentale et Hong Kong.

La forme particulière qu’a prise la contestation a été forgée dès le début par une série de bourdes du gouvernement hongkongais, qui a réussi à transformer un rassemblement d’étudiants du secondaire en grève dans un parc en un immense mouvement qui a occupé l’autoroute de 12 voies qui traverse le centre de l’île de Hong Kong.

Officiellement appelées «Harcourt and Connaught Roads» (les rues Harcourt et Connaught), cette artère a été baptisée «Umbrella Square» (square Parapluie) par les manifestants, qui l’ont utilisée d’abord pour tenir de grands rassemblements et, ensuite, pour bâtir un campement sophistiqué.

Les groupes étudiants – dont Scholarism, composé d’étudiants du secondaire, et la Hong Kong Federation of Students (Fédération des étudiants de Hong Kong), qui rassemble les étudiants collégiaux et universitaires actifs politiquement – ont commencé avec un boycott des classes dans l’endroit appelé «Tamar Park», un regroupement de terrains avec des bancs qui offre un coin de repos aux fonctionnaires.

  • Un dernier dodo dans les rues de Hong Kong, le 11 décembre 2014, avant l’intervention de la police pour mettre fin à l’occupation. (Alex Ogle/AFP/Getty Images)

Après avoir été expulsés de Tamar Park, pour faire place à un groupe progouvernement qui voulait célébrer la fête de la République populaire de Chine le 1er octobre, ils se sont déplacés sur une zone asphaltée à l’extérieur du siège du gouvernement.

Le 26 septembre, il y a eu une escalade avec la prise du Civic Square, une avant-cour des bureaux gouvernementaux qui était auparavant accessible au public. Joshua Wang, le dirigeant charismatique de Scholarism, avait appelé à ce que le lieu soit repris par la population.

Il a été arrêté et a passé 40 heures en détention, ce qui a attisé la colère des manifestants. Ils ont alors occupé les ponts aériens qui relient le réseau de métro au siège du gouvernement et, le 28 septembre alors que les manifestations prenaient de l’ampleur, la police a eu recours aux gaz lacrymogènes.

Tout a basculé.

«Aussitôt que j’ai vu les nouvelles au sujet des gaz lacrymogènes, je suis sortie. Pourquoi ont-ils attaqué ces étudiants avec les gaz?», a demandé le mois dernier N.L. Chung, une secrétaire de 44 ans dans une école secondaire, lors d’une entrevue à la station Admiralty.

Elle représente l’exemple typique d’un individu politisé sur-le-champ par les gestes de la police.

Beaucoup ont rapporté avoir été bouleversés en voyant les images des jeunes manifestants, non armés, être aspergés de poivre de cayenne et étouffés par les gaz lacrymogènes.

«Nous sommes tous apolitiques, on se fout que ça se passe comme ci ou comme ça, mais il est de notre devoir civique de protéger ceux qui sont vulnérables», a déclaré Ed Lau, un des manifestants qui s’est chargé de défendre le «front est» de la zone occupée.

Charlez Kwan, un entraîneur d’athlétisme à temps partiel de 23 ans, était là les 27 et 28 septembre. «J’étais très en colère. Qu’est-ce qu’ils avaient les étudiants? Des parapluies. Des toiles de plastique. J’étais furieux.»

«Les policiers ont été tellement idiots. Ils auraient pu former une ligne et lentement repousser les gens, mais ils ont plutôt tiré les gaz dans la foule et ensuite ils ont juste attendu», a-t-il ajouté.

Stanley Ha, un agent de bureau de 29 ans, a fait des remarques semblables. «J’ai pensé que la police était tout simplement trop dure envers les étudiants. Mon ami et moi en avons été témoins et nous étions très fâchés.»

Des dizaines de milliers, peut-être plus, ont eu des réactions similaires et c’est ainsi que l’occupation a débuté.

Ceux qui n’étaient pas tellement au fait du combat pour la démocratie ont su peu à peu ce qu’il en était. Même ceux qui n’étaient pas sur les lieux étaient rejoints par des dépliants, par des étudiants faisant du porte-à-porte et par les reportages quotidiens au sujet de l’occupation.

Promesse de continuer

Le démantèlement des tentes et la chasse des étudiants mettront fin à l’occupation du site principal et, du même coup, au mouvement des Parapluies.

Les organisateurs admettent d’emblée que leurs objectifs sont lointains. «Pour ce qui est de la sensibilisation civile de la politique, nous avons fait un grand progrès», a déclaré aux journalistes Alex Chow, secrétaire général de la Hong Kong Federation of Students, selon un gazouillis transmis par un observateur. «Pour ce qui est de l’accomplissement concret, ce n’est évidemment rien.»

Toutefois, les manifestants et certains observateurs affirment que la résistance aux autorités de Hong Kong va se poursuivre. «Vous ne faites que démanteler un campement... vous ne pouvez démanteler une idée!!!», indiquait un message écrit dans la rue avec de la craie.

Une bannière attachée sur les barricades annonçait : «Ce n’est qu’un début».

Version originale : Umbrella Movement Evicted in Hong Kong

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.