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«Insuffisantes» les réformes économiques françaises?

Écrit par David Vives, Epoch Times
15.12.2014
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  • Le Premier ministre Manuel Valls et la chancelière allemande Angela Merkel lors de leur dernière rencontre à Berlin, le 22 septembre 2014. (Tobias Schwarz/AFP/Getty Images)

«Impressionnant», avait lâché Angela Merkel devant Manuel Valls, lorsque ce dernier lui présentait son calendrier des réformes en septembre dernier. Les promesses françaises ont obtenu un soutien de principe, le temps d’une visite amicale de notre Premier ministre en Allemagne. «Les Allemands aiment la France qui tient ses engagements, les Français aiment les Allemands qui les comprennent», déclarait-il, invitant au passage la chancelière à investir dans l’économie.

Prudente, la chancelière allemande n’avait pas souhaité commenter l’effort français, laissant à Bruxelles le soin d’examiner «ce qui se passe en France, ce qui est fait». Trois mois plus tard, la chancelière affirme de plus en plus ouvertement son opposition à la politique des réformes menées par l’exécutif français, qu’elle juge «insuffisante», et se demande même pourquoi elle n’a pas été sanctionnée.

La France et l’Allemagne se comprennent-elles donc de moins en moins? En novembre, Günther Oettinger, commissaire européen à l’économie numérique, avait qualifié notre pays de «déficitaire récidiviste». La Commission européenne, qui prononcera son avis sur la prise de nouvelles sanctions à l’encontre de Paris en mars 2015, attend de voir si les promesses françaises peuvent être tenues.

Dans le sillon de la Commission de Bruxelles, la chancelière craint le statu-quo, et hausse désormais le ton en pointant du doigt l’attitude qui pourrait non seulement mettre en danger l'équilibre économique de l'Europe, mais aussi la crédibilité des règles communes, en ne respectant pas les limites de déficit autorisées dans la zone euro.

Accélérer les réformes, oui, mais comment?

Ce constat est partagé et nuancé à différents degrés par d’autres personnalités. Christine Lagarde, à la tête du FMI, a appelé la France à «passer des paroles aux actes», soulignant au passage que «tout ce qui est de nature à accélérer la mise en œuvre de vraies réformes de fond va dans la bonne direction». 

Côté gouvernement, on parie sur les effets du pacte de responsabilité. Or, si celui-ci peine à convaincre, en dehors des mésententes actuelles entre le gouvernement et le Medef sur le manque de contreparties accordées par les entreprises, ce sont aussi ses effets réels sur la compétitivité qui sont bien difficiles à mesurer sur un temps si court. En 2014, une centaine de mesures concernant la simplification ont été mises en place et de nombreuses autres visant l’abaissement des cotisations viendront soutenir le dispositif dans les deux ans à venir.

Emmanuel Macron évoquait récemment l’ «échec» du pacte de responsabilité, imputable selon lui au manque de contreparties de la part des entreprises, se traduisant par l’absence d’accords entre syndicats et patronat dans les différentes banches – seulement deux accords de branches ont été signés sur les 400 attendus.

La baisse du coût du travail n’est pas une fin en soi

L’un des buts affichés du pacte de responsabilité est d’abaisser le coût du travail dans notre pays – le plus élevé d’Europe. D’après Haïba Ouaissi, maître de conférences et auteur de «Le travail de demain: rénovation ou révolution?», le coût du travail n’est pas le facteur décisif. Le plus important réside dans la capacité des entreprises à pouvoir s’autofinancer et réinvestir pour leur avenir.

«La réduction du coût du travail est un ballon d'oxygène donné aux entreprises, elle ne peut être une politique permanente. Réduire pour réduire ne sert à rien, entreprises et salariés se retrouvant quelques temps plus tard confrontés aux mêmes problèmes de perte de marchés et d'accroissement du chômage», résume-t-il.

Au regard de l’expérience allemande, la compétitivité des entreprises s’est gagnée au prix d’une austérité salariale et d’un allongement des horaires de travail. Pourrait-on réformer «à l’allemande», en visant la flexibilité du travail?  À travers des accords entre syndicats et patrons, en une décennie, l’économie allemande s’est progressivement relevée. En France, pour l’heure, la question du maintien des salaires semble diviser patrons et syndicats.

Jean Tirole, lors de la récente remise de son prix Nobel d’économie, a aussi plaidé en faveur de «réformes pour que les gens retournent au travail». Dans ses recherches, l’économiste soutient un projet de contrat de travail unique et appelle à «suivre l'exemple de pays comme l'Allemagne et la Suède, qui ont connu des moments difficiles et ont fait beaucoup de réformes».

 

Plus de 204 717 860 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.