Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Le problème avec Internet

Une commission cherche une solution à la cybercriminalité, à la répression criminelle et autres maux

Écrit par Matthew Little, Epoch Times
10.12.2014
| A-/A+
  • Melissa Hathaway, membre de la Commission globale sur la gouvernance d’Internet, s’exprime à l’évènement Canada 2020 tenu au Fairmont Château Laurier à Ottawa le 25 novembre 2014. Hathaway a dirigé la Cyberspace Policy Review pour le président Barack Obama et mené la Comprehensive National Cybersecurity Initiative pour l’ancien président George W. Bush. (Matthew Little/ÉpoqueTimes)

OTTAWA – Internet se trouve actuellement à un tournant décisif et quelqu’un doit maintenant choisir l’orientation à prendre.

C’est en gros la réalité à laquelle fait face la Commission globale sur la gouvernance d’Internet qui s’est tenue à Ottawa cette semaine.

Les débuts prometteurs d’Internet ont fait place à la cybercriminalité endémique, aux risques en matière de sécurité nationale et à un malaise grandissant quant aux vols d’identité à une époque où les appareils connectés à Internet transforment nos vies.

«Les peurs liées à la sécurité sont passées du monde physique au monde virtuel», explique Fen Hampson, codirecteur de la commission.

Hampson a parlé aux journalistes à Ottawa le 24 novembre dernier du fléau de l’«érosion de la confiance» tourmentant les citoyens du monde qui craignent que leur identité virtuelle et leur message ne soient compromis par «ceux qui opèrent dans les sombres recoins d’Internet».

Ce problème n’en est qu’un parmi d’autres auxquels fera face Internet dans le futur et auxquels la Commission s’emploie à réfléchir. 

La Commission est issue du Centre pour l’innovation dans la gouvernance internationale, à Waterloo, en Ontario, et de Chatham House, le Royal Institute of International Affairs  de Londres, au Royaume-Uni.

Elle réunit un panel international d’universitaires de renom, de dirigeants d’entreprises et d’anciens politiciens, plusieurs de ces membres sont des représentants de haut niveau et des experts en cybersécurité. Il s’agit d’une cellule de réflexion, un projet de deux ans avec pour objectif l’établissement d’un plan d’action en matière de gouvernance d’Internet.

La commission, qui a à sa tête Carl Bildt, ancien premier ministre suédois, n’a pas d’autorité, mais ses membres d’élite lui donnent une certaine crédibilité.

La commission voit le jour au moment où les risques d’un monde branché commencent à répondre aux possibilités qu’il offre en posant des défis sérieux par lesquels s’immisce au sein de la psyché moderne une anxiété nouvelle – la cyberanxiété.

Hampson précise qu’avec les anecdotes sur le vol d’informations stockées sur les cartes de crédit à partir d’endroits comme Home Depot ou Target, la peur monte.

«Je pense que nous ressentons tous ce malaise au fond de nous, c’est quelque chose du genre “est-ce que ce sera mon tour cette fois-ci, parce que j’ai entendu que c’est arrivé à d’autres”.»

Balkaniser Internet

Cette peur est plus distincte dans les pays en voie de développement où les régimes répressifs peuvent emprisonner ou même exécuter les gens pour leurs activités en ligne.

Le blogueur de Toronto Hossein Derakhsan a passé six ans en prison, en Iran, lors d’une visite dans son pays natal en 2008. Il a été emprisonné après avoir été inculpé de propagande relativement à son blogue politique. Il a été relâché à la fin novembre à la suite d’une réduction de peine inattendue, peine qui aurait dû durer 19 ans. Les procureurs de la couronne avaient demandé la peine de mort.

Un scénario commun dans des pays comme l’Iran ou la Chine, même si néanmoins peu de scénarios tels que celui-ci se jouent lorsqu’il y a des connexions canadiennes.

C’est une histoire qui démontre comment les promesses d’Internet comme voie de transparence et une panacée à la censure ont été cooptées par les régimes répressifs et manipulées pour balkaniser Internet. La Chine a commencé le bal, puis l’Iran et d’autres en ont fait autant, ils ont utilisé la technologie – souvent développée par des compagnies occidentales – pour tenir leurs citoyens à l’écart de la libre circulation de l’information et pour suivre leur utilisation.

C’est un des défis systémiques auxquels fait face la plus importante infrastructure mondiale.

Ces défis prolifèrent en même temps que l’usage explose et qu’«Internet des objets» nous amène des réfrigérateurs qui envoient des informations sur la fraîcheur de nos aliments directement dans nos téléphones cellulaires – ou même des messages indésirables à des victimes involontaires, fait qui s’est déjà produit.

Melissa Hathaway, une autre membre de la commission, a écrit un essai sur ce sujet qui a été publié en juillet dans le Georgetown Journal of International Affairs.

«Des entreprises entières sont en ce moment en train de produire des objets qui pourront être branchés, bien qu’elles aient peu ou pas d’expérience dans la production de matériel pouvant être branché (de façon sécuritaire, qui soit résistant et bien conçu).» Cette combinaison de mauvais contrôle de la production et de manque d’expérience de vente a pour résultat la production de moniteurs pour bébé, de caméras et de voitures pouvant être exploitables.

Tensions dans le système

Il y a maintenant des tensions entre ceux qui veulent utiliser Internet pour amener de nouveaux appareils ou des capacités novatrices dans ce monde et ceux qui veulent des règles pour garantir la sécurité de façon plus large, explique Melissa Hathaway à Époque Times.

«Il y a une tension naturelle dans le système entre ceux qui se soucient de la sécurité et ceux qui ne veulent pas y penser. C’est ainsi pour [la question] : le marché se relèvera-t-il ou a-t-il besoin d’une nouvelle intervention?»

Le défi pour les décideurs politiques est de donner des obligations raisonnables aux entreprises pour qu’elles produisent de la marchandise sécuritaire sans pour autant restreindre le marché à outrance.

Melissa Hathaway – qui a dirigé les initiatives de cybersécurité sous la présidence de Barack Obama et sous celle de George W. Bush – a quelques indices sur la façon dont cela peut être accompli.

  • (de g. à d.) Evan Solomon, hôte de la CBC, anime une discussion avec les membres importants de la Commission globale sur la gouvernance d’Internet lors de l’évènement Canada 2020 tenu au Fairmont Château Laurier à Ottawa le 25 novembre 2014. Sur le panel siégeaient le président de la commission, Carl Bildt; Latha Reddy, ancienne ambassadrice et conseillère en sécurité nationale de l’Inde; Moez Chakchouk, président et PDG de l’Agence tunisienne d’Internet, et Melissa Hathaway, conseillère en cybersécurité pour deux présidents américains. (Matthew Little/ÉpoqueTimes)

Lors d’un évènement tenu à Ottawa, au prestigieux hôtel Fairmont Château Laurier le 25 novembre, elle a expliqué qu’en un sens le rôle de la commission était de faire la traduction entre les technophiles et les experts en élaboration de politiques. De cette façon, ceux qui établissent les règles pour les objets comme les réfrigérateurs-Internet ou la cybersécurité comprendront les préoccupations de ceux qui travaillent à créer le prochain Facebook.

Melissa Hathaway aimerait voir des progrès sur différents plans. Par exemple, elle offrirait des avantages sur le marché aux entreprises pour qu’elles répondent aux besoins évolutifs de la cybersécurité; aussi, elle inciterait les entreprises gouvernementales à divulguer l’information dans les cas où elles sont piratées.

C’est une approche de type «la carotte et le bâton» qui pourrait fonctionner dans les pays occidentaux; par contre, le fait qu’elle s’attaque ou pas aux défis posés par les régimes autoritaires est un autre problème.

La commission pourrait avoir plus d’influence, par ailleurs, sur les pays démocratiques qui effectuent de la surveillance sur leurs propres citoyens. La commission pourrait esquisser des lois sur la vie privée qui seraient plus appropriées pour répondre de façon équilibrée aux besoins de sécurité tout en conservant les libertés civiles.

La commission livrera des recommandations au début de 2016, qui auront pour objectif principal de préserver le libre accès à Internet, service qui pourrait demeurer en majeure partie non régulé et décentralisé.

Version originale : The Trouble With the Internet

Plus de 204 717 860 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.