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La liberté de l’Internet chinois dans les nuages

Un groupe produit des sites Web miroirs que les autorités chinoises n’ont pas encore réussi à bloquer

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
10.02.2014
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  • Capture d’écran du site appartenant à GreatFire.org qui cherche à briser la censure de l’Internet chinois en créant des répliques des sites bloqués sur des plates-formes informatiques dématérialisées (Greatfire.org/Capture d’écran)

«Liberté collatérale», cela peut faire penser à une opération militaire, mais ses partisans affirmeront qu’il s’agit de tout le contraire. Le terme désigne une nouvelle tentative importante d’ouvrir l’Internet chinois que le régime communiste tente par tous les moyens de protéger des influences extérieures gênantes.

«La liberté d’expression est inscrite dans la constitution chinoise,» affirme Charlie Smith, un des militants derrière le projet. Si lui et ses collaborateurs de GreatFire.org atteignent leur objectif, cette nouvelle initiative risque de faire perdre totalement le contrôle du Parti communiste chinois sur Internet.

En Chine, lorsque vous cliquez sur le lien d’un site Web que les censeurs du Parti communiste ne veulent pas que vous consultiez, la page ne se charge pas. Une façon courante de contourner ce phénomène consiste à installer un logiciel comme FreeGate ou UltraSurf qui vous fera traverser ce grand pare-feu.

La nouvelle méthode actuellement examinée par GreatFire.org, un groupe à but non lucratif combattant la censure chinoise, consiste à copier le site dans son ensemble et de le rendre «imparable». Ainsi, la liberté devient collatérale.

Selon ce scénario, le chemin vers un Internet plus libre en Chine pourrait commencer par un lien qui ressemblerait à ceci: https:/s3.amazonaws.com/ S3 désigne un service de stockage sur le nuage informatique d’Amazon, tandis qu’AWS signifie «Amazon Web Services».

GreatFire héberge sur cette plate-forme des sites web qui sont bloqués en Chine. Jusqu’à présent, les censeurs chinois n’ont pas osé bloquer ces sites «miroirs».

Le stockage informatique dématérialisé

L’équipe de Greatfire a conçu l’idée d’héberger des sites Web entiers et de les rendre imparables après avoir elle-même expérimenté la censure.

L’an dernier, l’équipe a mis au point une application iPhone permettant un accès Internet non censuré. Les utilisateurs en Chine pouvaient la télécharger sur l’App Store.

Cependant, dès qu’elles ont eu vent de l’application, les autorités chinoises ont forcé Apple à la retirer. De nombreuses entreprises occidentales ont compris qu’accepter la censure des autorités chinoises constitue une condition sine qua non pour pouvoir coopérer avec le régime et mener des affaires en Chine. (Un phénomène que ne devra pas négliger la nouvelle entreprise GreatFire.)

Peu après cet incident, l’équipe de GreatFire a observé comment Github, un entrepôt de codes informatiques en ligne, a été bloqué par les autorités chinoises.

Après que leur propre navigateur ait été bloqué, tout comme ce site important hors de Chine, Charlie Smith, un militant travaillant à temps partiel pour GreatFire) a expliqué dans un entretien téléphonique: «Nous avons réalisé que nous pouvions exploiter le nuage pour proposer des sites miroirs en Chine qui seraient imparables.»

«Depuis, nous avons débloqué notre propre compte Free Weibo (un moteur de recherche non censuré sur le site Sina Weibo). Nous avons débloqué le site chinois de Reuters deux jours après qu’il ait été bloqué, ainsi que China Digital Times. Nous avons mis la théorie en pratique», a t-il déclaré. «Jusqu’à présent, ça marche.»

Selon Charlie Smith, si les autorités cherchaient à bloquer les services d’hébergement en nuage d’Amazon, voilà qui serait extrêmement gênant pour les entreprises en Chine: «Il y aurait des retombées économiques graves pour beaucoup de gens.» Parmi les utilisateurs d’AWS en Chine, il y a Qihoo 360, qui a créé un navigateur de premier ordre, Xiaomi, une entreprise populaire de smartphones, mais également Funplus Game, qui crée des jeux à caractère social.

Il n’existe cependant aucune garantie. Mais si le Parti finit par bloquer AWS, il suffirait de se tourner vers un autre service.

«Nous pourrions alors passer à Google,» continue Charlie Smith. «La même chose se produirait. Ensuite Microsoft. La même chose se produirait. Puis Rackspace. Ensuite, un millier d’autres sociétés de stockage informatique dématérialisé.»

Une variété de services

GreatFire existe depuis 2011, lorsqu’un groupe d’amis en ligne tous liés à la Chine (Charlie Smith précise qu’ils ne se sont jamais rencontrés dans le monde réel) se sont réunis pour essayer de surveiller, puis renverser, le grand pare-feu du régime chinois.

Greatfire offre toute une variété de services pour contourner la censure de l’Internet chinois: un service de surveillance pour tester ce qui est bloqué et ce qui ne l’est pas et déterminer à quel niveau le site est bloqué; un service Free Weibo qui récupère les messages de Sina Weibo (un site de microblogging comparable à Twitter) et les affiche même après qu’ils aient été censurés par les autorités; et aujourd’hui le projet «Liberté Collatérale».

On le comprend, le groupe garde le silence sur de nombreux aspects de ses opérations. Charlie Smith est un pseudonyme. Celui-ci a déclaré travailler à temps partiel pour GreatFire, mais à part cet élément, il n’a pas voulu indiquer où il se trouve, ni fournir d’autres renseignements personnels.

Selon Charlie Smith, Greatfire n’emploie que quelques personnes, dont une seule travaille à temps plein. L’organisation est auto-financée depuis 2011 et l’an dernier, elle a reçu une subvention du Département d’État américain.

Charlie Smith n’a fourni aucun détail concernant la subvention ni son montant. Sur son site Internet, le Département d’État publie un certain nombre de subventions soutenant le développement d’outils pour la liberté d’Internet. Le montant minimum des subventions accordées en 2013 était de 500.000 dollars (370.000 euros) et selon le site, les «récompenses de plus d’1,5 million de dollars sont rares» (1,1 million d’euros).

Le Département d’État n’a pas répondu aux questions concernant sa relation avec GreatFire. Une autre demande d’informations auprès du Département d’État est en attente.

Selon Charlie Smith, les outils de mise en miroir de GreatFire sont une tentative pour le groupe de récolter un peu d’argent afin de financer ses opérations.

Le revers du miroir

La viabilité de l’utilisation de la méthode du miroir pour débloquer presque tous les sites Web que les autorités chinoises souhaitent bloquer reste floue.

Il pourrait s’agir d’une option financière: bien que Charlie Smith n’ait en rien commenté les détails financiers, les coûts d’hébergement sur AWS ne sont pas particulièrement élevés.

Si un site devait recevoir 100.000 visites par jour, il ne coûterait que 406 euros environ par mois d’hébergement (sur une base moyenne d’1,5 mégaoctet par page téléchargée).

Les bannières publicitaires ne sont pas affectées par le miroir.

GreatFire propose désormais ses offres aux agences de presse et autres groupes de médias intéressés de faire parvenir leurs contenus aux lecteurs chinois.

«Nous frappons à de nombreuses portes», a déclaré Smith. «Le New York Times, par exemple, ils ont investi sur le marché chinois et je pense que s’ils apprennent qu’il existe un moyen pour que l’information arrive en Chine, ils devraient insister pour que l’information passe, ne serait-ce que du point de vue financier.»

Ironiquement, l’un des obstacles à la réussite de ce projet sera l’autocensure des entreprises occidentales et les plate-formes qu’ils voudraient mettre en avant pour élargir la liberté d’Internet en Chine.

Apple supprime de son App Store les logiciels qu’il juge en conflit avec la loi chinoise, c’est un exemple d’auto-censure appliquée au nom des autorités chinoises.

Amazon affirme être «en partenariat avec des organismes gouvernementaux chinois pour faire progresser l’informatique dématérialisée en Chine». Cela signifie-t-il que l’entreprise peut également subir des pressions pour fermer les sites miroirs de GreatFire?  Comment pourrait-elle réagir à de telles pressions? Cela reste à voir. Amazon n’a pas donné réponse à une invitation par courriel à donner un commentaire pour cet article.

Un autre obstacle est simplement la nature du mécanisme: immobile

Selon Bill Xia, qui dirige Dynamic Internet Technology, l’entreprise ayant créé FreeGate: «Je pense qu’on peut bloquer tout ce qui est immobile. AWS est immobile. Il faut être dynamique.» Il a ajouté: «AWS est une petite solution valable à court terme pour visiter les sites web d’information.»

Ces problèmes mis à part, Charlie Smith est persuadé que les sites miroir ouvriront au moins un nouveau front dans la bataille contre la censure du Parti communiste chinois. Si Amazon coupe leur service, ils passeront simplement à une autre plate-forme d’hébergement.

«Que va faire la Chine? Se couper de l’Internet mondial? Cela ne se produira pas.»

Charlie Smith a conclu: «D’autres ne seraient pas d’accord avec moi. Mais je suis optimiste.»

Version en anglais: Internet Freedom For China May Be in the Clouds

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