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Cap hiver en Petite Pologne

Écrit par Christiane Goor, Epoch Times
11.02.2014
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  • Encapuchonnée de neige la petite église de Zakopane veille sur son cimetière (Charles Mahaux)

La poudreuse est tombée pratiquement toute la journée et a noyé le paysage dans une blancheur laiteuse. Le froid fige les flocons qui s’accumulent sur les branches dénudées des bouleaux. Chaudement emmitouflée dans des couvertures de laine, je me laisse emporter dans un traîneau tiré par deux chevaux dont la couleur blanche pailletée de points sombres semble assortie au décor hivernal.

Magie féerique de cette balade qui me mène au cœur de la forêt encapuchonnée de blanc. Il faut toute l’habileté d’Alex pour guider le traîneau sur la route qui a disparu sous une épaisse couche de neige. Avec le jour qui décline, le froid s’intensifie. Bercée par les ondulations de la piste, je me sens l’âme de Lara dans le Docteur Jivago. Longue itinérance dans un grand silence feutré, martelé par le bruit sourd des sabots qui font voler la neige en éclats et par le grincement des patins sur la croûte glacée. Soudain, au détour du chemin, une tache lumineuse déchire la nuit. L’appel du chalet en bois est irrésistible. Rêve de bûches qui crépitent dans l’âtre, d’un verre d’eau-de-vie de prune, rugueuse sur la langue, d’une soirée conviviale bercée par les accents rocailleux du pays.

Conte d’hiver à Stare Zukowice

Ici, l’hiver est exclusif. Quand il frappe aux portes de Malopolska, la région se blottit sous plusieurs dizaines de centimètres de neige duveteuse. Cependant, la Pologne n’est pas la Sibérie. Si la saison commence tôt, dès novembre, et assure un enneigement important durant de longs mois, le froid y est sec et s’accompagne d’un soleil généreux et d’un air cristallin qui encouragent toutes les pratiques sportives, même les plus exotiques comme le kulig ou traîneau à cheval, une vieille coutume polonaise.

  • Le ski de fond est sans aucun doute une des meilleures manières de circuler dans la station de Zakopane. (Charles Mahaux)

Dans le village de Stare Zukowice, tout a commencé en 1995 quand Alex Jarmula, un cavalier hors pair, connu pour ses qualités d’entraîneur dans le cercle international de l’équitation, y a introduit le Quarter horse, une race chevaline d’origine américaine que la conquête de l’Ouest a rendu célèbre. Aujourd’hui, quelque 250 bêtes sont réparties entre trois grands haras dont chacun a sa spécialité. Au Furioso, Alex se consacre essentiellement à l’entraînement des jeunes bêtes et aux activités sportives. Nostalgique des années qu’il a vécu au Wyoming, Alex a aménagé son exploitation sur le modèle d’un ranch américain  : écuries, saloon, musique country, ambiance décontractée, tout ici évoque le western, jusqu’à la manière de conduire sa monture sur des selles de cowboy, plus confortables pour le cheval. Quelques chambres d’hôte sont proposées pour ceux qui veulent partager la vie de ce village hors du temps.

Comme l’écotourisme et la culture font bon ménage en Pologne, il faut faire le détour par Tarnow, à une demi-heure à peine de Stare Zukowice. La petite ville vit dans la nostalgie de son passé prestigieux quand elle était un important foyer culturel et artistique  : un hôtel de ville Renaissance, des arcades médiévales, de somptueux polychromes sur les façades de demeures patriciennes, autant de témoins d’une époque qui a valu à Tarnow le surnom de «perle de la Renaissance». Au sud de la vieille ville, une très belle église en bois coiffée d’une toiture de bardeaux raconte l’attachement viscéral des Polonais à leur religion et à leurs traditions.

Zakopane, le Chamonix polonais

Au creux d’une pittoresque cuvette dominée par le mont Giewont, Zakopane est la seule ville polonaise des Tatras, la chaîne de montagnes la plus haute du pays. Sans doute ne peut-elle pas rivaliser avec les géants alpins, mais la situation exceptionnelle de la petite station d’hiver noyée de neige au pied de sommets arrondis et de crêtes tranchantes suffit à plonger le touriste dans l’ambiance exceptionnelle de la haute montagne, à 900 mètres d’altitude seulement.

Malgré de nombreuses remontées mécaniques, le domaine skiable reste relativement modeste avec une trentaine de kilomètres de pistes, mais la montée en téléphérique au sommet du Kasprowy Wierch, à 1985 mètres, offre de belles descentes. Les skis glissent en silence sur des pistes bien damées et la sensation de flotter au cœur d’un paysage immaculé est tout simplement magique. Ski de fond, ski de randonnée et raquettes sont aussi au programme d’autant que Zakopane se trouve à l’orée du Parc national des Tatras. Une merveilleuse opportunité de découvrir une nature extrêmement préservée et d’une grande beauté. Les amateurs d’émotions trouveront aussi leur bonheur dans des randonnées en scooter de neige ou en traîneaux tirés par des chiens.

Zakopane organise chaque année en janvier la coupe du monde de saut à ski, l’occasion d’accueillir les meilleurs sportifs mondiaux dans ce domaine ainsi qu’un public enthousiaste, avide de sensations fortes. En dehors des compétitions, Zakopane accueille évidemment de nombreux sportifs qui considèrent la station comme un excellent site d’entraînement, l’occasion d’améliorer leur condition, leur endurance et leur technique, pour le plus grand plaisir de tous.

Zakopane, le charme de la tradition

La réputation de Zakopane s’explique aussi par son charme décalé irrésistible, bien éloigné des stations courues dans les Alpes. Naturellement préservé par sa situation stratégique à l’abri d’un massif montagneux, le petit village de bergers montagnards fut découvert à la fin du XIXe siècle par un médecin de Varsovie qui s’empressa de vanter les bienfaits d’une vie saine au grand air au cœur d’un site naturel exceptionnel. Séduite par ce décor rustique et les authentiques traditions montagnardes de ses habitants, l’intelligentsia cracovienne ainsi que des artistes et des intellectuels polonais s’empressèrent de s’y installer en se faisant construire des maisons en bois de sapin. Stanislaw Witkiewiecz, critique d’art et écrivain, effrayé par la possible intrusion de constructions à la mode tyrolienne ou suisse, inspira un style architectural dit «de Zakopane», profondément ancré dans la tradition de la région tout en mettant l’accent sur le confort moderne. Alors que les autochtones n’utilisaient que le bois, tous les chalets reposent ici sur un socle de pierre. Les toits de bardeaux tombent droit et bas et chaque détail de la façade devient une œuvre d’art avec des motifs traditionnels placés sur les frontons triangulaires, les montants des portes et les bordures des fenêtres. Les lignes s’affinent, le bois travaillé avec plus de précision devient précieux. Une balade à pied dans la ville permet de découvrir ces maisons dont la plupart sont des propriétés privées, mais la villa dite «de Koliba», construite sous la houlette de Stanislaw, est aujourd’hui un musée qui permet de mieux comprendre les critères du style de Zakopane. L’église en bois et son cimetière aux tombes richement décorées sont aussi de bons exemples de ce style que le village veille à préserver.

  • Magie de retrouver les ambiances hivernales de jadis dans un traîneau tiré par des chevaux. (Charles Mahaux)

Les gorals, à savoir les montagnards de la région, restent encore très attachés à leurs traditions comme à leur dialecte malgré l’essor du tourisme dont ils tirent d’ailleurs parti. Il n’est pas rare de les croiser en tenues traditionnelles. Bottes de cuir attachées aux mollets avec des lanières, pantalons moulants de couleur claire décorés d’un large fil rouge et manteaux de feutre pour les hommes; longues jupes plissées, chemise blanche rehaussée d’un corset brodé avec des perles et châles fleuris pour les femmes. On les rencontre dans la rue piétonne Krupowki où ils vendent leur fromage ou encore dans le marché artisanal. Certains se regroupent pour animer des soirées en musique à corde, chœurs gorals et danses folkloriques. D’autres encore offrent des balades en carriole ou en traîneau attelé à de petits chevaux trapus. À la nuit tombée, le centre s’illumine de mille feux qui chatoient sur le décor enneigé et chacun se sent transporté dans la magie féerique des contes d’autrefois.

Ceux qui préfèrent fuir l’ambiance festive du centre de Zakopane s’offriront un voyage hors du temps à Chocholow, petit village à une trentaine de minutes de Zakopane. De part et d’autre de la route qui traverse le bourg s’étirent des maisons toutes orientées plein sud et construites avec des madriers de sapin de taille impressionnante, couvertes de bardeaux et percées de petites fenêtres finement ouvragées même si on est loin ici du raffinement bourgeois de la ville de Zakopane. Un hameau minuscule qui tient de l’écomusée vivant à découvrir en poussant la porte de la demeure de l’artiste Jan Ziegler. Comme toutes les maisons, la sienne est partagée en deux parties  : la pièce noire à gauche de l’entrée et la pièce blanche à droite. Le sculpteur a transformé en atelier la pièce noire de sa maison, traditionnellement chauffée et donc noircie par la fumée, l’occasion pour le visiteur d’apprécier son artisanat axé sur les fêtes religieuses. La pièce blanche, réservée aux fêtes familiales, rassemble une impressionnante et émouvante collection d’objets qui raconte la vie quotidienne des gorals. Un plongeon dans les racines de la culture des bergers polonais.

Infos pratiques

Infos  : À consulter les sites www.pologne.travel. Pour en savoir davantage sur la petite station d’hiver www.zakopane.pl

Y aller  : Cracovie a un aéroport desservi par plusieurs lignes aériennes dont Ryanair. On peut y louer un véhicule d’autant que, dans le sud de la Pologne, le réseau routier est plutôt en bon état. On peut aussi joindre Zakopane en bus ou en train. Depuis Cracovie, le trajet en autocar dure 2 heures.

Se loger  : De manière générale, les prix sont plus bas que dans les stations françaises, suisses ou autrichiennes, mais Zakopane n’en est pas moins une station haut de gamme pour le pays, avec des prestations en conséquence. Le prix moyen pour une belle chambre pour deux personnes avec petit-déjeuner s’élève à 70 euros (105 $ CA). Un 4 étoiles comme l’Hôtel Belvédère avec piscine, hammam et spa revient à 90 euros (135 $ CA) www.belvederehotel.pl Pour ceux qui sont tentés par l’expérience Far West d’Alex Jarmula

Gastronomie  : La cuisine polonaise est roborative et convient particulièrement aux températures hivernales du pays. La charcuterie est excellente. À goûter, l’inévitable barszcz ou soupe de betterave servie avec un petit feuilleté à la viande et vous ne résisterez pas aux pierogi, gros raviolis fourrés au chou, aux champignons ou à la viande.

 

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