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Quel avenir pour la formation professionnelle en France?

Écrit par David Vives, Epoch Times
19.02.2014
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«L’inversion est déjà une réalité pour les jeunes», déclare Michel Sapin, expliquant que les mesures gouvernementales en faveur de l’emploi des jeunes ont bien atteint leur but dans le ralentissement enregistré. Pourtant, au vu des chiffres du taux de chômage des moins de 25 ans – sensiblement le même en un an –, le bilan du ministre du Travail mériterait sûrement d’être contrasté.

D’après Arnaud Chéron, directeur de recherche à l’EDHEC Business School, «si la justification sociale de ces contrats aidés est indéniable, à nouveau, la stabilisation observée du chômage ne doit pas constituer un leurre: le marché du travail des jeunes reste en berne». Un constat partagé par le Conseil d’analyse économique (CAE): «La France a un problème spécifique avec l’emploi des jeunes. À seulement 30%, le taux d’emploi des 15-24 ans est 2 fois plus faible qu’au Danemark, 1,5 fois plus faible qu’au Royaume-Uni, aux États-Unis ou en Allemagne ».

Débute alors le débat sur l’avenir des filières professionnelles dans notre pays. Car celles-ci n’ont pas encore soulevé en France le même enthousiasme que chez les voisins européens. Jean-Marc Ayrault annonçait en 2012 l’idée de former «500.000 apprentis d’ici à 2017». Un chiffre bien maigre comparé aux 1,5 million que l’on compte en Allemagne, et aux 40% des emplois occupés par les jeunes en Autriche. D’autres observateurs posent également la question de la place laissée à l’apprentissage et à la reconnaissance des filières professionnelles qui n’ont peut-être pas encore révélé tout leur potentiel dans notre pays...

Le débat sur le compte personnel de formation

Le mercredi 12 février, le Sénat a rejeté le projet de loi voté à l’Assemblée nationale concernant la formation professionnelle. Ce texte était destiné à entériner  des mesures majeures, définies dans l’accord national interprofessionnel (ANI) créé en décembre dernier. Celles-ci comportent notamment le compte personnel de formation (CPF). Malgré les grandes promesses du CPF,  les sénateurs UMP et le Front de Gauche ont voté contre, l’UDI s’est abstenu. Parmi les motifs invoqués par ces groupes: le gouvernement aurait choisi une procédure accélérée pour faire avaliser le texte sans vouloir prendre le temps de discuter de certaines questions, dont le financement du CPF et le principe de décentralisation (le CPF serait confié aux régions).

Pourtant, sur le fond, le consensus n’est pas loin. L’UMP encourage également, dans son programme des États généraux du travail, l’offre de formation; celle-ci «doit être simplifiée, mieux orientée  vers ceux qui en ont le plus besoin, avec un compte individuel crédité de manière inversement proportionnel à la formation initiale». L’UDI, pour sa part, souligne le besoin de soutenir les formations par alternance et les contrats d’apprentissage, dont on observe le recul depuis quelques années.

Le CPF symbolise donc, pour l’instant, le meilleur compromis sur ce que devrait être la sécurisation et l’accompagnement du parcours professionnel. Le texte est dense, il comporte un volet sur la démocratie sociale, impliquant syndicats et comités d’entreprises, et suggère de renforcer les inspections du travail et les dispositifs de sanctions. Le CPF prévoit également une batterie de mesures destinées à accompagner le salarié, telle que la création d’un «Conseil en évolution professionnelle», qui sera dispensé gratuitement par les institutions, des entretiens professionnels obligatoires avec l’employeur, un meilleur financement de la formation par les entreprises, des ajustements pour les contrats nouvelle génération... De profonds changements pour les PME et les salariés. D’après Philippe Bernier, expert en droit et ingénierie de la formation, «si le rythme se poursuit comme il a été engagé, les entreprises et autres acteurs de la formation devraient pouvoir engager cette réforme en 2015». À condition que tout le monde s’entende.

Faire de l’enseignement professionnel une voie «d’excellence»?

D’après Bernard Capron, président d’AGEFA PME, les arrangements prévus par le gouvernement ne mettent pas fin à l’épineuse question de la formation professionnelle. En confiant la gestion du financement de l’enseignement professionnel aux mêmes organismes qui gèrent la formation professionnelle, l’État se désengage d’un processus majeur: celui de faire reconnaître l’enseignement professionnel comme une «voie royale», un «tremplin». Bernard Capron suggère également la fin du cloisonnement français, à savoir la croyance en le fait qu’il existe une voie «royale», l’enseignement général, et une «voie de garage, toutes les autres et particulièrement l’enseignement professionnel».

L’un des avantages qu’offre l’alternance, indique Bernard Capron, est «de pouvoir financer leurs études tout en poursuivant leur cursus car leur présence dans l’entreprise est rémunérée». Une étude du Centre d’Études et de Recherches sur les Qualifications (CEREQ) conclut également que «les sortants de l’apprentissage bénéficient en général de meilleures conditions d’insertion». Cependant, les différents parcours des élèves rendent difficile la généralisation de l’accès à l’apprentissage; l’étude pose également la question du niveau de qualification ciblé par ces contrats, leur coût (pris en charge en partie par les fonds publics), et l’équité de leur accès.

D’après le président d’AGEFA PME,  la voie d’une politique ambitieuse de l’enseignement professionnel est toute tracée. Il faudrait «des formations plus généralistes (c’est-à-dire qui ne cantonnent pas l’élève à l’apprentissage d’un geste technique en particulier) et plus professionnalisantes, des enseignants mieux formés aux réalités de l’entreprise; une promotion de l’esprit d’entreprendre dans les établissements scolaires». L’enjeu de la voie professionnelle, en France, pourrait donc se définir comme une question de moyens que l’on attribue à la filière. La création de passerelles entre enseignement général et enseignement professionnel pourrait également encourager l’insertion professionnelle des jeunes. Les débats ne font que commencer...

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