Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Rail ou pipeline? Là n’est pas la question!

Écrit par David Suzuki
02.02.2014
| A-/A+
  • David Suzuki (Fondation David Suzuki)

Le débat sur le meilleur moyen de faire quelque chose que nous ne devrions pas faire est un moyen sûr pour partir dans la même direction. C’est ce qui se passe lors de la discussion «rail contre pipeline». Certains disent qu’à cause des accidents ferroviaires récents nous devons construire plus de pipelines pour le transport des combustibles fossiles. D’autres soutiennent que les fuites, les coûts élevés de construction, l’opposition, et les tracasseries administratives sont des arguments en faveur de l’utilisation de l’acheminement par voies ferrées.

Mais la récente vague d’accidents ferroviaires ainsi que les fuites de pipelines et les déversements ne fournissent pas d’arguments en faveur de l’un ou de l’autre, au contraire, cela indique que l’augmentation rapide du développement du pétrole et du gaz et leurs transports en quantité de plus en plus grandes, par n’importe quel moyen, se traduira par plus d’accidents, de déversements, de dommages – et même par la mort de l’environnement. La réponse est de prendre du recul vis-à-vis de ce pillage insouciant et d’examiner les moyens de réduire notre consommation de combustibles fossiles.

Si nous ralentissions le développement du sable bitumineux, encouragions la conservation, et investissions dans les technologies en énergie propre, nous pourrions économiser de l’argent, les écosystèmes, et nous pourrions encore avoir des ressources de précieux combustibles fossiles pendant longtemps, peut-être jusqu’à ce que nous trouvions des façons de les utiliser de manière plus efficace. Nous n’aurions pas besoin de construire plus de pipelines mais juste de vendre du pétrole et du gaz aussi rapidement que possible, principalement aux marchés étrangers. Nous n’aurions pas à envoyer autant de wagons-citernes dangereux à travers des étendues de nature sauvage ou des endroits où vivent les gens.

Nous pouvons renoncer à une partie des emplois à court terme et aux perspectives économiques que l’industrie des combustibles fossiles fournit, mais nous pouvons certainement trouver de meilleures façons de maintenir les emplois et d’alimenter l’économie. Les jeux de hasard, la vente d’armes ou de drogue, et encourager les gens à fumer sont aussi des façons de créer des emplois et des avantages économiques, mais nous essayons à juste titre de limiter les activités où les risques dépassent les gains.

Les deux modes de transport comportent des risques importants. Le transport par chemin de fer conduit à plus d’accidents et de déversements, alors que les fuites de pipelines impliquent des volumes beaucoup plus importants. Une des raisons pour laquelle nous prévoyons plus d’accidents ferroviaires impliquant des combustibles fossiles est l’incroyable boom dans ce domaine. Selon l’Association des Chemins de Fer Américains, l’expédition de pétrole brut par train aux États-Unis est passée de 9.500 wagons en 2008 à 234.000 en 2012, soit près de 25 fois plus en quatre ans! Cela devrait passer à 400.000 cette année.

Comme pour les pipelines, les risques augmentent parce que de nombreux wagons sont anciens et non conformes aux normes qui permettent de réduire les chances de fuites et d’explosion en cas d’accident. Certains dans l’industrie ferroviaire font valoir que cela coûterait trop cher de remplacer tous les wagons-citernes aussi rapidement que nécessaire pour déplacer les volumes sans cesse croissants. Certes nous devons améliorer la sécurité de l’infrastructure ferroviaire et de pipelines pour le pétrole et le gaz que nous allons continuer à expédier dans un avenir proche, mais nous devons aussi trouver les moyens de moins en transporter.

Les arguments économiques en faveur du développement massif des sables bitumineux et du gaz naturel liquéfié et de leur expansion ne sont pas si convaincants que cela, du moins de la façon dont nos gouvernements fédéraux et provinciaux abordent ce sujet. Malgré un boom dans la croissance et la production des sables bitumineux, «Alberta a affiché des déficits budgétaires consécutifs depuis 2008 et depuis lors, a dépensé 10 milliards d’euros de son fonds de durabilité», selon un article du site Web Tyee. La Fédération Canadienne des Contribuables, déclare que la dette de l’Alberta est maintenant de 4.6 milliards d’euros et quelle augmente de 7 millions d’euros par jour.

Quant à l’emploi, un rapport de 2012 du Centre canadien des politiques alternatives montre que moins de 1% des travailleurs canadiens est employé à l’extraction et la production de pétrole, le charbon et le gaz naturel. Le développement de pipelines et de combustibles fossiles ne sont pas de grands créateurs d’emplois à long terme, et font pâle figure en comparaison de l’emploi généré par le secteur des énergies renouvelables.

Au-delà du danger pour l’environnement et la santé humaine, le pire risque de l’expansion rapide des sables bitumineux, des mines de charbon et des gisements de gaz et de l’infrastructure nécessaire pour transporter les carburants sont les émissions de gaz carbonique provenant de leur combustion - indépendamment du fait que cela arrive ici, en Chine, ou ailleurs. De nombreux spécialistes du climat et de l’énergie, y compris l’Agence internationale de l’énergie, sont d’accord pour dire que nous devons laisser au moins deux tiers des combustibles fossiles dans le sol de manière à éviter un changement climatique catastrophique.

La question n’est donc pas de savoir s’il faut utiliser le rail ou les pipelines mais de savoir comment réduire nos besoins par rapport à ces deux moyens de transport.

Rédigé avec la contribution de Ian Hanington, et David Suzuki, rédacteur en chef de la Fondation.

Version en anglais: Rail Versus Pipeline Is the Wrong Question

Epoch Times est publié en 21 langues et dans 35 pays.

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.