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Au bonheur des ogres

Un bon cru cinématographique de Pennac

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
25.02.2014
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  • Le réalisateur de Au bonheur des ogres, Nicolas Bary, a livré un film particulièrement coloré. Benjamin Malaussène (Raphaël Personnaz, à droite), personnage de Daniel Pennac, l’est tout autant. (Métropole Films)

Le livre Au bonheur des ogres, datant du milieu des années 1980, a été l’un des premiers à révéler au monde la créativité tous azimuts de l’auteur français Daniel Pennac (Chagrin d’école, La Petite Marchande de prose, La Fée Carabine). Ce dernier a trouvé sa forme cinématographique presque trente ans plus tard, grâce au réalisateur Nicolas Bary (Le miroir, Les Enfants de Timpelbach). Très peu connu au Québec, le Français de 33 ans risque de connaître un accueil chaleureux avec son adaptation cinématographique de Pennac : sa comédie a tant à offrir.

Benjamin Malaussène, incarné par Raphaël Personnaz (Marius, Anna Karénine), bouc émissaire professionnel et aîné de la famille, en a plein les bras comme il prend soin de ses frères et sœurs qui ne cessent de s’additionner. En plus de sa réalité remplie d’amour et de corvées, il devient le suspect numéro 1 d’une affaire louche où explosions et meurtres se perpètrent. Le tout prend place à son lieu de travail, le prestigieux magasin Bonheur Parisien.

La poésie ludique et la vive répartie que l’on connaît à Daniel Pennac passent merveilleusement bien au grand écran. Le travail des scénaristes et dialoguistes se doit d’être souligné. Rappelons que l’auteur de best-sellers, récompensé à plusieurs reprises pour l’ensemble de son œuvre littéraire, a livré un scénario exceptionnel quelques mois plus tôt (2013) pour le film d’animation Ernest et Célestine. Juste pour retrouver ses personnages qui répandent la magie de ses mots, Au bonheur des ogres est un incontournable.

La production rappellera le plus récent opus du réalisateur français Jean-Pierre Jeunet (Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, La Cité des enfants perdus), Micmacs à tire-larigot, autant sur le plan visuel, sonore, mais aussi par rapport à l’ambiance et à l’amusant délire onirique qu’on lui connaît. La famille dysfonctionnelle, faisant également partie du dernier Jeunet, est aussi réconfortante et plaisante dans la caméra de Bary.

La mise en scène est généreuse, précise et variée. La direction photo, visiblement très coûteuse, n’est que le nec plus ultra, partant en générique d’ouverture jusqu’à la fin du générique final. On sent l’importance de celle-ci dans le travail de Bary, comme pour les réalisateurs Jean-Pierre Jeunet ou encore Yann Samuell (Jeux d’enfants, La Guerre des boutons).

Un aspect négatif de Au bonheur des ogres est que sa veine dramatique est quelque peu étroite. Elle commence large et se referme sur elle-même trop rapidement. On sent qu’elle est inachevée, qu’on l’a laissé choir en cours de route.

  • En route vers la maison, Benjamin Malaussène (Raphaël Personnaz) et ses demi-frères parcourent une petite rue de Paris. (Métropole Films)


Raphaël Personnaz, interprétant le bouc émissaire de profession, offre une performance étincelante où l’humour absurde et le comique de situation sont à l’honneur. Il est très convaincant lorsqu’il perd ses défenses devant sa complice de jeu, Bérénice Bejo, et ne peut faire autrement qu’être authentique, sincère et d’une douceur exquise. Il s’accorde à merveille avec celle qu’on avait découverte au Québec dans le film OSS 117 : Le Caire nid d’espions, avec qui il entretient une tendresse exaltée. Il a également une approche remarquable lorsqu’il se met à conter des histoires à ses frères et sœurs.

Récompensée au dernier Festival de Cannes avec le prix d’interprétation féminine dans Le Passé, Bérénice Bejo (The Artist) jouant tante Julia, une journaliste quelque peu inusitée, prouve de nouveau qu’elle s’adapte à tout, autant à l’humour, à l’action qu’au drôlement ridicule. Même si son personnage est un peu faible sur le plan scénaristique, il est difficile de ne pas s’y attacher à cause de tout le charisme que trimbale l’actrice.

Guillaume De Tonquédec (Le Prénom, Divin Enfant), interprétant Sainclair, le gérant de l’empire du grand magasin Bonheur Parisien, donne quelques bons moments de jeu, tout comme le réalisateur et comédien Emir Kusturica (L’Affaire Farewell, Dreamers) dans le rôle de Stojil. Mélanie Bernier (Les Gamins, Populaire), étant la grande sœur Malaussène, donne une interprétation limitée par son personnage. Petite participation éclair d’Isabelle Huppert (Amour, La Pianiste), jouant une éditrice sans inhibition, caricature de plusieurs de ses rôles de personnages désagréables qu’elle a pu obtenir dans sa carrière. Et, bien sûr, elle parle la langue de Pennac pour la plus grande joie des cinéphiles.

 

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