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Contrefaçon: la conscience avant l’argent

Écrit par Joshua Philipp, Epoch Times
03.02.2014
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  • Tachiliek, Birmanie, 12 novembre 2012. Une femme birmane présente des sacs de marque contrefaits en Chine sur un marché en plein air du Triangle d’Or, près de la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie. Les Nations unies ont lancé une campagne d’information publique sur les groupes criminels derrière le marché de la contrefaçon. (Paula Bronstein/Getty Images)

Tout récemment, l’approche pour résoudre le crime international de la contrefaçon reposait encore sur des tentatives de négociation avec le principal coupable: la Chine.

Mais les temps ont changé. Suite aux divulgations d’Edward Snowden, l’ancien employé de l’agence américaine de la sécurité nationale (NSA), toute discussion avec la Chine concernant le vol de la propriété intellectuelle semble devoir être abandonnée pour les années à venir.

Ainsi, les préoccupations se sont déplacées et les États-Unis et leurs alliés cherchent désormais d’autres moyens pour stopper le vol par la Chine de la propriété intellectuelle et l’écoulement de marchandises contrefaites.

Un exemple très visible de cette nouvelle approche a été diffusé ce 14 janvier sur l’écran NASDAQ de Times Square à New York.

Le message publicitaire montrait sur l’écran géant des enfants ouvriers et des hommes armés de fusils, présentant ainsi brièvement les liens obscurs entre l’industrie de la contrefaçon et le crime organisé.

Le vol de la propriété intellectuelle et les produits contrefaits vont de pair. Les criminels et les États-nations cherchant à exploiter les marchés du commerce étranger volent la conception des produits avant d’en concevoir et fabriquer leurs propres copies.

Enfants ouvriers

L’industrie de la contrefaçon «cautionne le travail des enfants, des enfants de 7 ans enchaînés à des machines à coudre, mangeant deux plats de riz par jour,» a dénoncé Valérie Salembier, présidente de l’Authentics Fondation, un groupe à but non lucratif de défense qui révèle les dangers de la contrefaçon.

Valérie Salembier était éditrice pour Harper’s Bazaar quand le magazine a publié un article d’investigation sur l’industrie de la contrefaçon en janvier 2009. L’article présentait l’intérieur d’une usine de Guangzhou en Chine, où deux douzaines d’enfants âgés de 8 à 14 ans étaient occupés à fabriquer des imitations bas de gamme de sacs à main sur des machines à coudre rouillées.

La réaction à cet article d’Harper’s Bazaar a aidé Mme Salembier à comprendre que l’information publique peut être un outil puissant contre l’industrie de la contrefaçon.

«Ces histoires de jeunes filles travaillant dans des ateliers clandestins en Chine, la réaction que nous avons eue pour cette histoire était extraordinaire,» a-t-elle reconnu.

Chine: un problème de coopération

Certains ont douté que cette campagne d’information de l’Office des Nations-unies contre la drogue et le crime (ONUDC) aille dans la bonne direction, elle ne manque cependant pas de rappeler des questions soulevées lors de la signature de l’Accord commercial anti-contrefaçon (ACTA) en octobre 2011 par les États- Unis, l’Australie, le Canada, la Corée, le Japon, la Nouvelle-Zélande, le Maroc et Singapour.

Les experts avaient alors fait valoir (et continuent de le faire) que tout effort significatif pour mettre fin à la contrefaçon nécessitait une vaste coopération de la part de la Chine. Or les autorités chinoises n’ont pas fait preuve de grand intérêt pour déraciner l’industrie de la contrefaçon.

Selon le Centre des études internationales de l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT), 15 à 20% des produits fabriqués en Chine sont des contrefaçons. Le Penn State Journal of Law & International Affairs signalait également en 2012 que près de 80 % des produits contrefaits saisis aux frontières des États-Unis provenaient de Chine.

«Demander aux autorités chinoises de stopper l’écoulement de contrefaçons est «impossible», d’autant plus que 8% du PIB chinois repose sur des marchandises contrefaites,» a déclaré dans un entretien téléphonique Daniel Katz, spécialiste des conséquences de la fabrication en sous-traitance. «Une énorme quantité de leur propre chiffre d’affaires provient de là, alors comment peuvent-ils simplement se passer de ces revenus? Par quoi vont-ils les remplacer?»

«C’est une situation qui ne peut être réprimée tant que la Chine ne se transforme pas en tant que pays», a-t-il conclu.

«Demander au consommateur»

La campagne de sensibilisation publique «Contrefaçon: N’achetez rien du crime organisé» est gérée par l’ONUDC. Bien sûr, la Chine est membre de l’ONUDC, mais la campagne ne fait aucunement mention de la Chine. L’accent est particulièrement mis sur le crime organisé transnational et les groupes tels que les Triades chinoises, la Mafia italienne et les Yakuzas japonais.

«L’objectif de la campagne est de demander au consommateur de regarder plus loin que son achat, surtout s’il achète sciemment des produits contrefaits, et l’inviter à faire un choix éthique et informé», a expliqué dans un courriel Alun Jones, directeur de communication et de défense du département d’analyse politique et des affaires publiques de l’ONUDC.

M. Jones a affirmé que la campagne fait partie d’une initiative plus large de l’ONUDC lancée à la mi-2012 visant à sensibiliser les consommateurs sur la question du crime organisé et les efforts déployés par les Nations-Unies dans ce domaine.

Selon Alun Jones, la portée du problème ne peut pas être sous-estimée. Le commerce mondial des produits contrefaits rapporte environ 250 milliards de dollars (185 milliards d’euros) par an, «et c’est probablement la deuxième source de revenus, après le trafic de drogue, pour les groupes du crime organisé».

  • 11 juin 2013, Vertou, ouest de la France. Un agent des douanes présente un sac de luxe contrefait, avant qu’il ne soit détruit parmi les quelques 3.000 autres produits contrefaits saisis au cours des derniers mois. (Frank Perry/AFP/Getty Images)

Stopper l’écoulement

Retour en arrière, mai 2013. Pour la première fois, le Pentagone a désigné directement la Chine comme responsable des cyberattaques visant à détourner des renseignements sur des entreprises américaines. Juste un mois auparavant, Microsoft remportait un procès important dans un tribunal de haute instance de Pékin contre le propriétaire et le directeur de Bai Hui Nao, accusé d’avoir propagé des copies contrefaites de Windows en Chine.

Selon le New York Times, Jon Huntsman Jr, l’ancien ambassadeur américain en Chine aujourd’hui co-président de la Commission privée sur le vol de la propriété intellectuelle américaine, a déclaré en mai 2013: «La Chine constitue les deux tiers du problème du vol de la propriété intellectuelle et nous sommes à un point où elle nous dépouille de l’innovation pour renforcer sa propre industrie, au prix de millions d’emplois.»

Pour les dirigeants communistes chinois (qui censurent largement Internet et contrôlent étroitement les médias du pays), seule l’image publique importe. Et c’est précisément leur image publique qui a été ternie lorsque les faits d’espionnage et de vol ont été révélés.

Les révélations d’Edward Snowden concernant l’espionnage de la NSA, ont dévié les tentatives de l’administration d’ouvrir des discussions avec les dirigeants chinois. Bien que la NSA ne vise que le renseignement étranger et non les secrets commerciaux, les Chinois ont exploité ces révélations pour taxer les États-Unis d’hypocrisie.

D’autres propositions ont alors été faites pour régler le problème des produits contrefaits chinois et du vol de la propriété intellectuelle.

Beaucoup de ces propositions ont été décrites dans le rapport de la Commission d’examen de la sécurité économique États Unis-Chine au Congrès en 2013: interdire les importations aux entreprises chinoises coupables de contrefaire des biens américains, empêcher les entreprises chinoises contrevenantes d’utiliser les banques américaines, établir des systèmes plus solides pour soutenir les entreprises américaines dans les poursuites internationales.

Mais selon Greg Autry, économiste de l’American Jobs Alliance et coauteur du livre Death by China, quelle que soit la solution, la contrefaçon est enracinée dans le fonctionnement même du régime communiste chinois.

«En tant qu’individus, ils ne voient pas vraiment que le vol de la propriété intellectuelle pose un problème», a déclaré M. Autry lors d’un entretien téléphonique. «En vertu de l’idéologie communiste, bien sûr, ils croient que tout appartient à la communauté.»

«Dans le système communiste, on exige que vous courbiez l’échine devant les autorités de Pékin», a-t-il expliqué. «C’est une décision politique qui vous fait avancer. Avoir de bonnes idées n’est pas ce qui vous fait avancer: voler les grandes idées des autres et aider les dirigeants à en tirer profit, voilà ce qui vous fait avancer.»

Version en anglais: Thinking of Buying a Counterfeit Bag? After Reading this, You Will Think Twice

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