Est-ce possible d’adapter un dessin animé datant de la fin des années 1950, presque 65 ans plus tard? Le créateurs de The Croods et How to train your Dragon, comptant à bord le réalisateur du Roi lion, ont su adapter au grand écran de manière pittoresque Peabody's Improbable History. Faisant partie de la série télévisée Rocky and His Friends et The Bullwinkle Show, l’émission éducative pour enfants trouve donc une deuxième vie avec M. Peabody et Sherman. Disons plutôt qu’il s’agit de la vie qu’aurait toujours dû avoir l’idée originale. Les personnages, fort peu développés à l’époque, donnent maintenant place à un superbe duo recherché.

M. Peabody et Sherman, le chien le plus savant du monde et son fils humain adoptif, ont comme passion de voyager à travers le temps. Ils ont l’habitude d’entrer en contact avec les grandes civilisations, visiter des pays gorgés d’histoire, être aux premières loges d’évènements marquants du passé, faire la rencontre de grands personnages de l’histoire, voire développer une complicité avec ces derniers. Après un incident survenu lors des premiers jours d’école du jeune Sherman, différentes circonstances les forcent à remonter le temps sans les précautions habituelles, ce qui entraîne un véritable chaos spatio-temporel qui aura des conséquences sur l’Univers entier.

À lui seul, le personnage de M. Peabody déborde d’éléments amusants. C’est à la limite si Sherman peut être considéré comme rôle de soutien. M. Peabody représente, en quelque sorte, le niveau de compréhension réservé davantage aux adultes, tandis que Sherman rassemble les plus jeunes.

L’humour est généralement tout aussi distingué que le canin érudit, entre autres, dans les références historiques qui fusent de partout tout en se croisant de manière inattendue et innovante. On pourrait dire qu’à certains moments, le film en est saturé. Elles défilent souvent sans interruption, ce qui peut avoir comme inconvénient de perdre le public qui se doit d’avoir l’esprit vif. Un deuxième ou plusieurs autres visionnements ne seront pas du luxe lors de la sortie DVD/Blu Ray. On retrouve quelques gags scatologiques, mais rien de bien vulgaire. L’air calme qu’affiche en permanence M. Peabody ajoute aux répliques et aux situations désopilantes.

L’intonation de Sherman est à la limite supportable lors des premières fois où il ouvre la bouche, surtout lorsqu’il s’adresse à son papa-toutou en l’appelant sans arrêt «M. Peabody». Cette intonation est doublement, voire triplement irritante dans le dessin animé original.

Le scénariste a su intégrer à son travail une relation père-fils (… chien-fils) astucieuse, tout en n’oubliant pas de considérer les réalités diamétralement opposées que vivent les chiens et les êtres humains. À travers le film, il a aussi encouragé l’esprit critique en remettant en question plusieurs «faits historiques» tenus pour acquis depuis des décennies par l’ensemble de l’humanité.

L’intimidation est l’un des thèmes soulevés dans M. Peabody et Sherman, mais assez singulièrement comme elle part d’une fille (Penny) en direction d’un garçon (Sherman). L’intimidation est aussi un acte commis à l’endroit de M. Peabody, victime de plusieurs remarques blessantes de la part d’adultes n’acceptant pas qu’un chien puisse être le tuteur légal d’un enfant.

L’intelligence de M. Peabody est parfois merveilleusement illustrée à l’écran comme si on suivait sa logique sous forme de plan en temps réel, de manière très semblable à l’esprit créatif du jeune Léonard de Vinci dans la série télé Da Vinci's Demons. Cette dernière lui permet même de voir venir le danger éminent, à la Matrix ou encore à la Spider-Man.

Dire que ce film est instructif serait un euphémisme. Il est plutôt une mine d’or menant à une foule de situations d’apprentissage. Encore ici, le voir et le revoir sera d’une grande richesse pour les éducateurs dynamiques qui veulent s’en servir comme déclencheurs, tout comme pour les jeunes curieux qui veulent en savoir plus sur l’histoire.

Vous serez confronté au choix de voir M. Peabody et Sherman en 3D ou 2D. Sans conteste, il mérite les quelques dollars de plus pour les lunettes 3D, comme la production utilise la technologie avec finesse. On sent qu’il y a eu une réflexion à savoir quand l’exploiter à son maximum et à quel moment mettre la pédale douce. Les séquences de voyage dans le temps avec la machine construite par M. Peabody sont de sublimes expériences en elles-mêmes, accentuées en réalisme par le 3D.