Le fardeau est lourd à porter. Jérôme Kerviel, ancien opérateur de marché à la Société Générale, accusé par cette même banque en 2008 de lui avoir fait perdre près de 5 milliards d’euros, traîne depuis six ans un jugement sans précédent. En première instance puis en appel, il a été condamné à la même peine de cinq ans d’emprisonnement, dont trois fermes et à un montant démesuré s’élevant à 4,91 milliards d’euros de dommages et intérêts, qui correspond au total de la perte déclarée par la Société Générale.

Alors qu’il est attendu le 19 mars par la Cour de cassation, son avocat, Me David Koubbi, a déclaré que l’accusé «se [tiendrait] à la disposition de la justice là où il se [trouverait] en train de marcher». En cas de rejet du pourvoi, Jérôme Kerviel risque une nouvelle incarcération. Suite à une entrevue avec le Pape le 19 février dernier, l’homme de 37 ans a entamé un nouveau chemin de croix. Un périple d’environ 1.400 kilomètres, de Rome à Paris, pour dénoncer «la tyrannie des marchés». Récemment, le pape François s’était engagé contre les dérives financières et banquières au sein de sa propre institution. Au cours de sa marche, l’ancien trader lance un appel aux âmes charitables qui voudraient bien l’héberger pendant la nuit.

S’ériger en martyr

«Condamné à tort» selon ses mots, l’ex-trader se veut désormais le chantre de la lutte contre un système financier qui part à la dérive. Il ne cesse de réclamer une expertise indépendante sur son dossier, qui lui a toujours été refusée. Celui qui se présente comme le bouc-émissaire de la Société Générale accuse la banque d’avoir été au courant de ses agissements, et rejette donc l’accusation d’avoir spéculé sans que son employeur soit au courant.

«C’est un système d’une très grande hypocrisie, un système auquel j’ai activement participé», a-t-il déclaré dans une interview au site Aleteia.org, en ajoutant: «Je me suis trompé dans ce qui me semblait et m’était présenté comme un accomplissement absolu. Je me suis trompé en participant à ce système».

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