Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Henri Cartier-Bresson, le photographe de l’insaisissable

Écrit par Michal Bleibtreu Neeman, Epoch Times
16.03.2014
| A-/A+
  • Premiers congés payés, bords de Seine, France 1936. (Henri Cartier-Bresson/Magnum Photos, Fondation Henri Cartier Bresson)

Plus de 500 œuvres – photos, peintures, dessins et films – représentent les différentes facettes de ce génie de l’image et les différentes périodes de son parcours. L’exposition dévoile les photos emblématiques du maître, mais aussi d’autres moins connues.

Henri Cartier-Bresson, né le 22 août 1908, fait ses premiers pas en tant que peintre et photographe amateur en 1920. En 1926, il s’inscrit à l’académie du peintre André Lhote, avec lequel il apprendra les règles rigoureuses de la symétrie et de la géométrie, de la composition parfaite ou encore du nombre d’or. À cette époque, il commence également à fréquenter les surréalistes qui eux, de leur côté, se fient à l’inconscient, à la poétique du hasard objectif et à la beauté convulsive.

Cartier-Bresson saura réunir ces deux tendances pour créer des compositions parfaites et surprenantes à la fois. Ses photos deviendront rapidement iconiques, la plus célèbre étant Derrière la gare Saint-Lazare (1932).

L’homme, le photographe, le photo-reporter

Henri Cartier-Bresson, c’est l’œil du siècle, le surréaliste, le peintre, le photo-reporter. C’est l’homme engagé qui utilisera l’appareil photo pour combattre le fascisme et les injustices. C’est l’homme qui croit au pouvoir du cinéma pour faire évoluer les consciences. Henri Cartier-Bresson, c’est la coopérative Magnum qui permettra aux photo-reporters d’être indépendants. C’est l’engagement pour la décolonisation. C’est l’homme  qui retrouve la contemplation et le recueillement vers la fin de sa vie. Henri Cartier-Bresson, c’est le photographe de «l’instant décisif»: celui qui capte sur le vif la composition parfaite, dans un cadre rigoureux. C’est surtout le photographe qui a su capter le regard humain pour l’immortaliser dans le quotidien des grands moments  du XXe siècle.

  • Derrière la gare Saint-Lazare, Paris, France 1932. (Henri Cartier-Bresson/Magnum Photos, Fondation Henri Cartier Bresson)

Quelques étapes dans le parcours d’un globe-trotter

«La photographie», disait-il, «c’est mettre sur la même ligne de mire la tête, l’oeil, et le cœur. C’est une façon de vivre».

À 21 ans il part en Afrique, il sera révolté par les conditions de vie des habitants et leur exploitation.

En 1933, le galeriste new-yorkais Julien Levy lui consacre une exposition. Cette même année, il associera pour la première fois ses images aux reportages pour la presse. Une deuxième exposition à New York chez Julien Levy, Documentary and Anti-Graphic photographs by Cartier-Bresson & Walker Evans & Alvarez Bravo sera présentée en 1935, après un séjour d’un an au Mexique où il rencontre Alvarez Bravo. L’année suivante, il rencontre le cinéaste Jean Renoir qui l’initie au cinéma. Au moment de la guerre d’Espagne, il abandonne l’appareil photo au profit de la caméra, un medium qu’il trouve plus approprié et plus puissant pour faire passer son message. Il réalisera trois documentaires sur la guerre d’Espagne (1937-1938).

Au cours de ces années, il s’engage pour la cause du prolétariat tantôt pour dénoncer les inégalités, tantôt pour immortaliser les moments de victoire comme par exemple ceux des fameux congés payés.

En 1940, il servira dans l’unité «film et photographie» de la troisième armée. Il sera capturé par les Allemands, fera trois tentatives d’évasion et réussira la troisième. Il filmera la libération.

En 1947, il s’engage dans le photo-reportage et fonde la coopérative Magnum Photos avec Robert Capa, George Rodger, David Seymour (surnommé Chim) et William Vandivert. Pour la première fois, les photojournalistes seront indépendants et pourront opérer en dehors des formules dictées par les journaux. Pour la première fois, les photojournalistes bénéficieront des droits d’auteurs de leurs images. Ensemble, ils couvriront les événements majeurs du XXe siècle autour du globe et publieront leurs photos dans les magazines les plus prestigieux.

Cartier-Bresson immortalisera la décolonisation de l’Inde en 1947 et rencontrera Gandhi quelques heures avant son assassinat.

En Chine, il couvrira la chute du Kuo Ming Tang et la montée des communistes. Il sera le premier photographe occidental à passer le Rideau de fer pour entrer en Russie (1954) en pleine guerre froide. Entre 1963 et 1965, il est envoyé par le magazine Life à Cuba. Après les événements de mai 68, il abandonne progressivement le reportage et se consacre aux paysages et aux portraits. Il  retournera vers le dessin dans les années 1970.

En 2003, il crée la fondation Henri Cartier-Bresson.

Le 3 août 2004, Henri Cartier-Bresson s’éteint à Monjustin.

Les photos inoubliables

Henri Cartier-Bresson, c’est l’homme qui traverse en courant la place de l’Europe dans Derrière la gare Saint-Lazare (1932), c’est Henri Matisse entouré de ses oiseaux blancs dans Matisse et les colombes (1944), c’est le titi parisien qui marche dans la rue avec les deux bouteilles de vin à la main dans Rue Mouffetard (1951), ce sont les deux amoureux s’embrassant au café dans Boulevard Diderot (1968).

Ce sont ces photos emblématiques qui ont fait d’Henri Cartier-Bresson le photographe de l’instant parisien aux yeux du monde. Mais Henri Cartier-Bresson, c’est aussi la foule qui regarde dans le miroir au moment du couronnement de Edouard VI (1937), c’est la libération des camps (1944-1945), c’est la foule bousculée devant les banques pendant les derniers jours du Kuo Ming Tang (1949), c’est le regard de convoitise des consommateurs (1958) dans les pays communistes comme capitalistes, c’est la silhouette d’une fille grimpant les escaliers dans Île de Sifnos (1961), un mélange de la perspective à la Giorgio de Chirico et de la géométrie cubiste.

L’aventure chinoise

En avril 1949, il prend en photos l’entrée des soldats de l’armée de libération à Nankin. Dans ces photos, la population regarde avec curiosité ces soldats de l’Armée populaire. Fatigués, ils incarnent la légende de La Grande Marche. Ce sont les images qui vont contribuer à édifier le mythe de la libération de la Chine par le Grand Timonier. Un mythe qui sera d’ailleurs consacré par toute une génération d’intellectuels français: en témoigne La Chinoise de Jean-Luc Godard (1967). Ce séjour en Chine donnera jour à une collaboration avec Jean-Paul Sartre et un ouvrage intitulé D’une Chine à l’autre (1954).

Quarante ans plus tard, Henri Cartier-Bresson change de point de vue. Le massacre de la Place Tiananmen lui feront perdre ses illusions sur l’épopée de l’armée de libération. Il appellera alors à boycotter toute relation commerciale avec le gouvernement chinois mettant ainsi à l’épreuve l’intégrité de l’Occident face au sang versé des étudiants.

INFOS PRATIQUES

Centre Pompidou

75191 Paris cedex 04

Tél. 01 44 78 12 33

Métro: Hôtel de Ville, Rambuteau.

Horaires: Exposition ouverte de 11h à 21h,

tous les jours, sauf le mardi.

Nocturnes jusqu’à 23h, tous les jours sauf mardi.

Tarifs: 11 à 13 €, selon période, tarif réduit: 9 à 10 €. Valable le jour même pour le Musée national d’art moderne et l’ensemble des expositions. Accès gratuit pour les adhérents du Centre Pompidou (porteurs du laissez-passer annuel)

Renseignements: 01 44 78 14 63

Billet imprimable à domicile

www.centrepompidou.fr

Epoch Times est publié en 21 langues et dans 35 pays.

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.