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L’Abitibi-Temiscamingue, terre de découvertes et d’aventures

Écrit par Christiane Goor et Charles Mahaux
18.03.2014
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  • (Charles Mahaux)

Vivre à la canadienne, c’est rompre le rythme laborieux de la semaine et passer le week-end dans un parc ou dans une réserve faunique. Refaire le plein d’énergie en épousant le rythme de la nature. S’allonger au bord d’un lac, se baigner dans son eau si douce, ou encore en faire le tour en pagayant sur son canoë.

Aller dans un parc, c’est aussi goûter à la liberté de marcher, de courir, d’écouter les mille bruits ténus des sous-bois: le craquement d’une branche, le ballet rapide des écureuils, le martèlement opiniâtre d’un pic vert. En pistant l’orignal, il n’est pas rare de surprendre un huard, un castor, une gelinotte ou un lièvre.

Le Parc national d’Aiguebelle, au cœur de l’Abitibi-Témiscamingue, est le gardien d’un riche patrimoine naturel reconnu pour son impressionnante géomorphologie sculptée par le passage des glaciers avec des vestiges comme de lourds blocs erratiques vieux de 2,7 milliards d’années et des lacs de faille. Au fil des randonnées, on traverse une longue passerelle tendue entre les versants d’un plan d’eau, on dévale une falaise rocheuse le long d’un escalier, on gagne le sommet des collines Abijévis ou on grimpe dans une tour de garde-feu, l’occasion de scruter la ligne d’horizon qui semble se perdre dans les confins d’une immense forêt émaillée de lacs. Ce qui fait dire aux Abitibiens que leur région est un pays à part entière.

Depuis les belvédères, on se laisse prendre au calme surprenant qui règne sur la forêt. Un parfum sauvage, porté par la brise, flotte dans l’air: odeur de feuilles, de fruits, d’animaux, d’humidité. L’après-midi se poursuit en canot ou en rabaska, à explorer les lacs de faille. Au détour des îlots surgissent des hérons, des goélands, des canards noirs mais aussi des martins-pêcheurs et des barrages de castors. Le soir, assis au bord de l’eau, sous la lune ronde, on s’essaye à moduler un cri sourd avec le poing fermé sur la bouche, d’autres cris nous répondent. Magie unique de l’immersion dans une nature sauvage.

Abitibiwinni, l’aventure algonquine

Les Algonquins vivaient autrefois sur un immense territoire qui s’étendait du bassin de la rivière des Outaouais jusqu’aux grands lacs nordiques. Durant l’été, le lac Abitibi était le lieu de rassemblement de la communauté, on y célébrait les mariages et on y négociait les alliances. L’arrivée des Européens a modifié considérablement leur vie. Au départ, chacun s’enrichissait des biens que l’autre pouvait lui offrir. C’est ainsi que dès le XVIIIe siècle s’est établi sur le bord du lac Témiscamingue le premier poste de traite français de la région, pour y créer un lieu de ralliement pour les Amérindiens. Ils venaient y troquer leurs fourrures contre des produits européens: haches de métal, pièges, pierres à silex, perles, couteaux, chaudrons de cuivre, etc. Mais avec la colonisation des terres fertiles, le gouvernement a mis la main sur les immenses territoires autochtones pour les redistribuer aux colons et permettre la construction du chemin de fer et l’établissement de villes et de villages. Les récriminations des Algonquins les mèneront à être cantonnés dans une réserve le long de la rivière Harricana, près de la ville d’Amos. L’ouverture du pensionnat indien d’Amos en 1955 amène la sédentarisation définitive des Algonquins, leur village s’appelle désormais Pikogan, tipi dans la langue algonquine.

Soucieuse de faire entendre sa voix et ses droits, la communauté a décidé de s’ouvrir au tourisme en espérant partager avec ses hôtes le rapport intime qu’elle partage toujours avec la nature et tout particulièrement avec la rivière Harricana, un cours d’eau emprunté jadis pour joindre les territoires de chasse des différents clans. Après une première visite dans la curieuse église Ste-Catherine construite en forme de tipi où on peut découvrir des pièces originales qui utilisent un artisanat autochtone pour raconter des symboles chrétiens, on est invité à prendre un canot et à pagayer jusqu’au campement où des tipis sont installés pour les touristes. André Mowat, chargé du développement touristique de sa communauté, partage volontiers ses souvenirs. Son récit fait prendre la mesure de la rudesse de la vie que menaient autrefois ces communautés nomades et on en vient presque à regretter notre image de touristes en mal d’expériences authentiques. Raison de plus pour participer aux inévitables petites tâches qui accompagnent la préparation d’un souper frugal à base de bannique chaude – un pain autochtone – et de viande d’orignal, ou encore au transport des sacs depuis la berge.

  • (Charles Mahaux)

Pour ceux qui rêvent de voir loin: le train-stop

Pour découvrir des paysages inaccessibles, rien de tel que le train qui relie Montréal à Senneterre, à quelque 60 kilomètres de Val-d’Or. Jadis, c’était la seule manière de joindre le Nord et cette liaison ouverte au début du XXe permettait aux forestiers de gagner les camps de bûcheronnage. Depuis 1996, le convoi roule de jour, il pique à travers champs et dessert d’abord villes et villages jusqu’à Hervey-Jonction, point de division des routes, un train vers Jonquière, l’autre vers Senneterre. Le train ne compte plus alors que deux wagons, un pour les passagers, un pour les marchandises. Pêcheurs, chasseurs, touristes, familles de retour au pays, Amérindiens, autant de personnes qui au fil des heures se mélangent, se racontent, échangent, partagent un repas, un café. Pour la plupart, le train est le seul moyen de transport pour joindre une pourvoirie, un relais, un village où l’arrivée du train est toujours un événement. Un jour il arrive de Montréal, le lendemain de Senneterre. On compte sur lui pour le courrier, les journaux, l’épicerie qu’on commande par téléphone. Au fil du voyage, le wagon se vide, les arrêts se font à la demande au milieu de nulle part, dans des endroits improbables au bord d’un lac ou au milieu de la forêt et le conducteur sait déjà qu’il repassera par là dans quelques jours pour reprendre les voyageurs au même endroit.

Voyager avec ce train, c’est s’offrir un extraordinaire plongeon au cœur de la forêt qui semble ici impénétrable et infinie. Parfois surgit un chalet de rondins, ailleurs une gare officielle à peine signalée par une cabane. Le tortillard suit la rivière St-Maurice, aux eaux tantôt lentes, tantôt tumultueuses. Ailleurs, le convoi traverse un lac sur un simple remblai qui donne l’impression de voguer sur l’eau. Les 150 derniers kilomètres ne sont que bois et forêts, lacs et rivières, éléments naturels des animaux et des coureurs de bois que personne ne voit. La nuit tombe quand on arrive enfin à Senneterre, au terme d’une longue journée de voyage que l’on n’a pas vue passer. Les heures s’étirent à la cadence des paysages, à contre-courant de notre époque pressée, il y a longtemps que la wifi s’est perdue et chacun a compris qu’il est en train de suivre la route des pionniers, là où tout est encore à découvrir.

Charles Mahaux, photographe. Christiane Goor, journaliste. Un couple, deux expressions complémentaires, ils fixent l’instant et le racontent. Leur passion, ils la mettent au service du voyage, de la rencontre avec l’autre.

Informations pratiques

Deux sites incontournables:

bonjourquebec.com/fr et www.tourisme-abitibi-temiscamingue.org.

Le Parc national d’Aiguebelle offre différentes formules d’hébergement, avec la possibilité de louer sur place les équipements nécessaires.

Leur politique: «un chalet, un lac», gage d’une tranquillité absolue.

www.sepaq.com/pq/aig/

L’expérience algonquine www.abitibiwinni.com

www.refugepageau.ca: Le refuge Pageau à Amos mérite le détour. Il accueille depuis 30 ans les animaux sauvages malades ou blessés pour les soigner avant de les relâcher si c’est possible.

Y aller:

www.airtransat.com.

www.viarail.ca

Sur place, l’idéal est de louer une voiture

www.discountcar.com

et de partir à l’aventure.

Quand y aller:

L’été, en sachant qu’il commence tard au Québec, à partir du 20 juin, une saison idéale pour participer aux nombreux festivals de plein air qui animent tout l’été. Dès la fin septembre la nature s’enflamme avec l’été indien. À cette époque les musées se visitent sur rendez-vous.

Se loger:

Hôtel, motel, camping et gîte sont des types d’hébergement qu’on trouve en grand nombre en Abitibi-Témiscamingue. www.motelsenabi.com ou www.auberge4saisons.ca chambre double à partir de 60 euros.

Se nourrir:

Région jeune, l’Abitibi-Témiscamingue s’affiche résolument gastronome, avec à sa source une belle association entre des producteurs locaux et des cuisiniers de talent. À retenir entre autres les tables de L’Entracte et de l’Hôtel Forestel à Val d’Or, du Chat’O à Amos, du Champêtre de la Pourvoirie du lac Duparquet, du Bistro Jezz à Rouyn-Noranda et de La Bannik près de Ville-Marie.

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