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Vivendi en négociation exclusive avec Altice pour la vente de SFR

Écrit par Charles Callewaert, Epoch Times
19.03.2014
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  • Patrick Drahi, patron d’Altice, maison mère de Numericable. (Olivier Laban-Mattei/AFP/GETTY IMAGES)

Après deux semaines de suspens et de surenchère entre les deux concurrents pour le rachat de SFR, la filiale de télécoms de Vivendi, son conseil de surveillance s’est réuni ce vendredi 14 mars et a décidé de retenir l’offre d’Altice, la holding de Numericable. Dans le communiqué de presse de Vivendi, l’offre d’Altice se base sur un paiement en cash de 11,75 milliards d’euros avec une participation de 32% dans la nouvelle entité Numericable-SFR, assortie de possibilités de sortie à terme selon des modalités à déterminer. Vivendi «estime que cette offre est la plus pertinente pour les actionnaires et les salariés du groupe et qu’elle offre la meilleure sécurité d’exécution. C’est celle qui répond le mieux à l’objectif de Vivendi de devenir rapidement un acteur européen majeur des médias». 

Le choix de Numericable n’est pas encore acquis, selon Arnaud Montebourg

Ces derniers jours, Bouygues avait surpris tout le monde en annonçant d’abord un relèvement de son offre de 1 milliard d’euros dont 800 millions en cash. En parallèle, le groupe anticipait les futures demandes de l’autorité de la concurrence et passait en quelques heures un accord avec son concurrent Free pour lui céder, en cas de succès, son réseau de 15.000 antennes à 1,8 milliard d’euros. Ces annonces multiples ont forcé Patrick Drahi, le très discret patron franco-israélien d’Altice, à sortir du bois et à améliorer son offre de 850 millions d’euros, mais en gardant la même participation dans le futur ensemble. La campagne de lobbying de Bouygues s’est donc soldée par un échec retentissant, non seulement pour le groupe de BTP, mais également pour le ministre du redressement productif Arnaud Montebourg, qui avait clamé sa préférence pour l’offre de Bouygues.

Sitôt le choix de Vivendi pour Altice publié, Arnaud Montebourg a réagi sur France 2 en annonçant que le rapprochement SFR-Numericable n’est pas encore acquis: «Je crois que le débat continue... je ne suis pas certain que les banques aient envie de s’exposer outre mesure». Il a également rappelé les deux exigences du gouvernement en matière économique: «Nous souhaitons qu’il n’y ait pas d’emplois perdus, pas de plan de licenciements, pas de plan de départs volontaires, pas de plan social. Deuxièmement: la reprise des investissements de la fibre sur tout le territoire, par Numericable».

Parallèlement, il a enfin dénoncé la propension du patron d’Altice, Patrick Drahi, qui «est milliardaire, a une holding cotée au Luxembourg, est propriétaire de ses actions à Guernesey, a sa société cotée à Amsterdam et est résident suisse», pour lui demander de faire preuve de «patriotisme fiscal, en rapatriant un peu tout ça en France». 

  • Tour Séquoia, siège de SFR à La Défense. (Joel Saget/AFP/GETTY IMAGE)

La victoire du câblo-opérateur sur l’industriel du BTP

Les stratégies de Bouygues et d’Altice sont très différentes: Bouygues Télécom s’est développé en privilégiant le téléphone mobile et l’acquisition de SFR lui aurait permis de devenir le second opérateur mobile français, sur une offre réduite à trois opérateurs. C’était aussi l’occasion de se développer dans le très haut débit au travers de la fibre optique que SFR a déjà déployée, et d’y faire migrer les nombreux particuliers encore abonnés à l’ADSL.

De son côté, le groupe Altice qui existe depuis vingt ans s’est constitué sur les réseaux câblés mal gérés, dont celui de Noos devenu Numericable, qu’il a racheté un peu partout (France Belgique, Portugal, Israël) pour devenir le second câblo-opérateur européen. L’acquisition de SFR constitue donc pour lui une excellente opportunité de se développer dans le mobile en maintenant une concurrence à quatre opérateurs mobiles. Par ailleurs pour Patrick Drahi, interrogé par Les Échos le 11 mars dernier, la convergence des réseaux fixe et mobile est l’avenir, et son projet est de «marier le réseau de Numericable avec la puissance commerciale d’une marque comme SFR».

Altice est également un spécialiste du financement par endettement de type LBO, ce qui fait craindre de futures suppressions d’emplois chez SFR. En effet, Altice est déjà très endettée, à hauteur de 6,9 milliards d’euros (soit 4 fois son Ebitda), et l’acquisition de SFR alourdira son endettement. On imagine donc difficilement comment Altice pourra maintenir l’effectif de SFR à son niveau actuel. Mais Patrick Drahi balaie cette remarque en rappelant que d’importantes économies, à hauteur de 400 millions d’euros par an, sont envisageables sur les coûts informatiques, et qu’il respectera ses engagements en termes d’effectifs et de déploiement de la fibre optique.

Les marchés ont rapidement réagi à l’annonce de la décision de Vivendi: le cours de Bouygues a chuté de 6,19% tandis que celui d’Altice a bondi de 8,81%. La période de négociations exclusives entre Vivendi et Altice devrait maintenant s’étendre sur les trois prochaines semaines, à l’issue desquelles le conseil de surveillance se réunira à nouveau. Restera enfin un dernier acteur à ne pas négliger, à savoir l’Autorité de la Concurrence qui doit étudier l’impact du rachat de SFR, et dont le président Bruno Lasserre a été dans les années 1990, le principal architecte de l’ouverture des télécoms à la concurrence.

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