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Peut-on parler d’une fuite des talents français à l’étranger?

Écrit par David Vives, Epoch Times
20.03.2014
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  • Un tiers des jeunes Français ont l’intention de partir à l’étranger dans les cinq ans. (Eric Cabanis/AFP/GETTY IMAGES)

D’après une étude réalisée par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris Ile-de-France (CCIP), le nombre de Français installés à l’étranger augmente de 3 à 4% par an (soit entre 60.000 et 80.000 personnes). Cela touche essentiellement les jeunes attirés par une mobilité accrue, des cadres dirigeants de grands groupes, des grandes fortunes ou des entrepreneurs. Des observateurs français s’inquiètent alors de ce qui pourrait s’apparenter à «une hémorragie», rapporte la CCIP.

«Un tiers des jeunes ont l’intention de partir dans les cinq ans qui viennent, entre 2012 et 2013, on est passé de 13% à 27% des jeunes qui considèrent que leur avenir est à l’étranger», continue Jean-Yves Durance, vice-président de la CCIP. Cependant, ce constat n’est pas une surprise, si l’on considère qu’aujourd’hui, les pouvoirs publics, les entreprises et les universités, valorisent les échanges culturels et séjours à l’étranger.

Face à ces chiffres, les analyses varient donc avec des sons de cloches différents selon qu’ils viennent des entrepreneurs, des directeurs de grandes écoles ou des directeurs des ressources humaines. D’après Jean-Yves Durance, «on ne voit pas si nous sommes dans un simple mouvement de mondialisation des talents, ou dans une période où la morosité économique accélère le phénomène d’expatriation».

Cependant, quand il s’agit de reconnaître les points faibles de notre pays, les violons des experts s’accordent facilement; ces derniers regrettent les difficiles conditions économiques dans lesquelles évoluent les jeunes Français, ainsi que la dureté d’entreprendre et de faire des affaires.

«Morosité», vous avez dit «morosité»?

Avec l’ouverture des systèmes d’échanges culturels et économiques entre pays, la question est de savoir si la logique de la «fuite des cerveaux» correspond à une réalité observée. Les difficultés liées à la création d’entreprise et la mauvaise image politisée des entrepreneurs ont provoqué une  perte de confiance dans la capacité de réussir en France. Ainsi, 26% des expatriés disent qu’ils ne rentreront pas de l’étranger, et 50% ne savent pas quand ils rentreront.

Au vu de la situation européenne, avec 1,6 million de Français vivant à l’étranger, la France ne s’en sort pas si mal. En Allemagne, ils sont au nombre de 4,28 millions. En Italie, le gouvernement s’inquiète de voir la désaffection de nombre de ses chercheurs ; au Royaume-Uni, la situation est encore plus grave, avec 400 expatriations par jour. Les mêmes motifs se retrouvent communément : la difficulté de la situation économique.

La morosité est bien difficile à mesurer. Jean-Marc Mickeler, DRH de Delloitte France, a ainsi mené une étude interne sur les motifs poussant les jeunes à s’expatrier. Deux types de facteurs ont été établis, ceux qui étaient positifs (raisons professionnelles, ouverture culturelle) et les facteurs négatifs qui constituaient un motif de fuite. «Dans tous les facteurs cités, les seuls dépassant les 50 % étaient les facteurs négatifs. On pourrait ainsi supposer que les jeunes partent plus par dépit ou pour des raisons négatives, et non pour les raisons pour lesquelles nous voudrions qu’ils partent», a-t-il conclu.

Un solde d’arrivées et de départs positif malgré tout

Francis Jouanjean, délégué général de la Conférence des Grandes Écoles (CGE) estime qu’«en ce qui concerne les étudiants, il y a entre 50.000 étudiants qui partent et 50.000 qui viennent» et qu’il y a donc un flux équilibré. La France demeure en effet très attractive pour les étudiants étrangers. En 2006, l’OCDE établissait qu’elle était le quatrième plus grand bénéficiaire au monde des flux en matière de recherche, et le premier parmi les pays européen. D’après Jean-Christophe Dumont, directeur de la division Migrations internationales à l’OCDE, le phénomène «pourrait être inquiétant si les gens ne revenaient pas ou si ce n’était pas compensé par une mobilité entrante». Par rapport aux autres pays européens, la France ne comptait que peu d’expatriés. Le fait que leur nombre augmente chaque année est, d’après lui, «plutôt rassurant parce que faisant partie d’un mouvement global».

Concernant l’expatriation en Europe, Antoine Godbert, directeur de l’Agence Europe Éducation Formation France et chargé du programme Erasmus, estime qu’il s’agit de créer une identité européenne neuve. Aujourd’hui, la France figure dans le top 3 des pays en nombre d’étudiants partis et d’étudiants reçus, et le dispositif Erasmus, en très bonne santé, continue à s’élargir pour favoriser la mobilité. Laquelle est devenue un argument d’adaptabilité et d’expérience, et en même temps, un objectif soutenu par les pouvoirs publics.

Fédérer la diaspora française

Reste à résoudre la difficile question de l’attractivité française en matière de conditions de vie et de facilités à entreprendre sur son sol. Sur ce sujet, Jean-Yves Durance préconise la vigilance, et appelle les pouvoirs publics et les entreprises à mener une politique plus volontariste pour «favoriser les retours, l’intégration, et la conscience nationale». Finalement, il faudrait fédérer la diaspora française, conclut-il. Un argument repris par Laurent Bigorgne, Directeur de l’Institut Montaigne, qui regrette que «les entreprises et les pouvoirs publics ne réfléchissent qu’à court terme».

Beaucoup de progrès pourraient ainsi être faits au niveau de la culture économique de la France, toujours complexée quand il s’agit de jouer le jeu de la liberté d’entreprendre. Les conditions de vie sont le critère le plus important : un très bon diplômé français a plus de chances de trouver un meilleur salaire à l’étranger, comme par exemple aux États-Unis ou au Canada. C’est une des raisons les plus citées par les jeunes Français s’expatriant à l’étranger.

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