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Élections Québec 2014

Une bonne énergie pas toujours mise à la bonne place

De la caravane du PQ - jour 17

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
24.03.2014
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  • La chef du Parti québécois, Pauline Marois, à Lévis devant la caravane de son parti, le 13 mars 2014 (Presse Canadienne/Jacques Boissinot)

Le Parti québécois, souverainiste et protectionniste concernant les ressources naturelles de la province, compte bien des «amoureux du parti». Une nouvelle élection se veut une occasion privilégiée de le mettre sous la loupe et de voir plus en détail son évolution bien à lui, pouvant remettre ou non en question cette affection de plusieurs.

9 h

Mme Pauline Marois était accompagnée de son actuel ministre responsable des Institutions démocratiques et de la Participation citoyenne, Bernard Drainville, et sa nouvelle icône économique et candidat du comté de Saint-Jérôme, Pierre-Karl Péladeau (PKB), à l’Université de Sherbrooke – campus de Longueuil.

Mme Marois s’adresse aux nouveaux journalistes et aux plus expérimentés avec une familiarité et une considération déconcertante, quelque part charmante. Chris Curtis, journaliste à The Gazette, me disait qu’il n’avait pas encore ce traitement de faveur de la part de Mme Marois. «Peut-être qu’un jour, j’aurai cette chance. The Gazette existe! […] Love me!» Mme Marois semblait aussi très à l’aise d’interchanger les intervenants près d’elle (M. Drainville et M. Péladeau), alors qu’on lui avait reproché dans les derniers jours de «tasser son monde». Son anglais est acceptable durant le point de presse. Les journalistes s’adressent à elle avec des paroles avenantes témoignant une belle preuve de respect.

Le choix du lieu de rencontre est… disons discutable. Il s’agit d’un (re)coin de l’Université de Sherbrooke – campus de Longueuil, spécialement lumineux comme étant encerclé de fenêtres (lumière limitée à cause de la grisaille extérieure). Ce lieu ne pouvait que donner des images passables lorsqu’on est un média qui utilise le support photo ou vidéo. En parlant avec un membre du personnel du PQ, on m’indique qu’il y a beaucoup de détails à arrimer afin de déterminer un lieu pour les conférences de presse.

Bombardée de questions sur des détails concernant un éventuel référendum alors qu’elle a voulu définitivement changer l’orientation de la campagne durant le débat télévisé de jeudi soir dernier, Mme Marois a tenté, tant bien que mal, a réaffirmer encore et encore sa position : «Le PQ ne tiendra pas de référendum tant que les Québécois ne seront pas prêts.» Pour plusieurs, cette position est toujours vague, confuse, alors qu’à ses yeux, elle ne peut être plus claire. Elle pointe plutôt les libéraux du doigt en les accusant de camouflage lorsqu’ils attisent de manière intensive la question référendaire à leur avantage. Quelques questions ont été posées à propos de la charte et de la création d’emploi à ses candidats présents. C’était pourtant les thèmes prévus pour ce point de presse.

12 h 15

Après une – particulièrement délicieuse – boîte à lunch gracieuseté PQ, la caravane arrive à l’hôtel Hilton où se tenait le Sommet sur le milieu municipal organisé par l’Union des municipalités du Québec (UMQ). La présence de la première ministre du Québec et chef du Parti québécois, en plus de celle de M. Legault et de M. Couillard, était de mise. Après le trio de discours, je croise une conseillère municipale de Rimouski. Mme Claire Dubé, responsable du quartier Saint-Robert, me donne ses impressions de l’allocution des trois chefs à l’endroit des municipalités :

«J’ai trouvé que le gouvernement du Parti québécois avait déjà pas mal fait ses preuves au niveau municipal depuis qu’il est au pouvoir. C’est ce que j’ai constaté et c’est ce que Mme Marois a affirmé aujourd’hui. Ses engagements pour les municipalités, elle les a tenus et concrétisés. Mon ministre préféré est Sylvain Gaudreau [ministre des Transports et ministre des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire]. Je trouve qu’il parle bien, qu’il met ses culottes. Puis, je sens qu’il écoute les municipalités. Je pense que les municipalités sont satisfaites de son travail aussi.»

«Ce qu’ils nous ont laissé comme héritage le Parti libéral, c’est une énorme dette, je ne peux passer l’éponge. Ils n’étaient pas nécessairement à l’écoute des citoyens et des municipalités et là maintenant ils ont toute une ouverture. Je me méfie beaucoup dans mes campagnes électorales des gens qui font des promesses. Le Parti québécois fait ce qu’il promet.»

«M. Legault propose aussi des choses intéressantes, entre autres, que ce soit le palier de gouvernement municipal qui négocie les fonds de pension. Le problème c’est qu’il n’a pas trop fait ses preuves. Normalement, ce serait ma responsabilité d’être curieuse à son sujet, n’est-ce pas? Je suis moins attirée vers lui, mais quand tu es élu, il ne faut pas que tu agisses juste comme cela, il faut être davantage objectif.»

«J’ai été déçue de ne pas voir Mme Françoise David donner son avis sur les municipalités. Je me demande pourquoi elle n’a pas été invitée, possiblement puisqu’il y a seulement deux députés de Québec solidaire en Chambre. C’est un parti pourtant reconnu. Ça aurait été intéressant de l’entendre. Il faut dire que c’est elle qui me rejoint le plus. Ses valeurs sont les miennes, autant au niveau de l’environnement, de l’électricité, des transports, du pétrole, de se servir de nos richesses pour s’enrichir. Mais est-ce que c’est réaliste? C’est ça que je ne sais pas.»

16 h 45

Durant une bonne demi-heure, quelques journalistes travaillent dans la caravane. La radio est allumée et syntonise un poste non identifié de la Capitale-Nationale. Seul le genre musical est reconnaissable : de la musique métal avec, entre autres, des solos de guitares électriques dignes de musiciens d’expérience. Drôle de choix musical du chauffeur dans les circonstances...

19 h

Rassemblement des militants du PQ. Une des salles de bal de l’Hôtel Clarion à Québec pullulait de partisans du Parti québécois chargés à bloc, mais beaucoup moins motivé que PKP en comparaison. Ouvrant les discours prévus à l’horaire en répétant essentiellement des parties du discours qu’il a livré ce matin devant les journalistes à Longueuil, il dégageait en supplément une passion et l’enthousiasme d’un animateur de foule… en forme. Le voir dans cet état était en quelque sorte stupéfiant, presque surréaliste.

Bernard Drainville l’a secondé avec une prestation tout aussi absorbante, sinon plus. Il parlait de «sa charte» avec un charisme qui tirait sur celui du conteur Fred Pellerin, mais en demeurant sérieux. Il avait un talent fort impressionnant en «contant» la charte des valeurs québécoises avec autant de nuances dans sa voix que de rythme : quasi hypnotisant. Un ton juste, chacune de ses intonations était adéquate, même lorsqu’il chuchotait certains passages. PKP, en le présentant, a affirmé haut et fort l’admiration qu’il avait pour Bernard, tout comme Pauline qui le suivait.

En troisième position venait Mme Marois, bien accueillie, mais moins que l’a été PKP à son arrivée sur la scène. Elle était digne de son slogan «déterminée», mais était encore une fois dans l’ombre de ses ministres «voleurs de vedette». Faisant un bref retour sur le débat des chefs de jeudi dernier, elle semblait vraiment avoir été étonnée par les remontrances de Mme Françoise David. Elle avait à son agenda d’enflammer ses partisans, déjà ardents à la suite du passage de PKP.

Quelques partisans voyaient la performance du PQ comme un verre à moitié plein, d’autres comme un verre à moitié vide.

Jeannine (dans la cinquantaine)

«Jusqu’à maintenant, il faudrait que le PQ décroche du référendum et qu’il fasse en sorte d’être élu. Avoir avancé autant le référendum leur nuit énormément. Péladeau n’a vraiment pas aidé en ce sens. Ça a changé la donne, je trouve dommage. Je viens du Lac-Saint-Jean, j’ai un accent. Nous autres on est pas mal tous séparatistes au Lac-Saint-Jean et très séparatistes, mais une séparatiste équilibrée.»

Pierre (dans la soixantaine)

«Mon fils Laurent (sur place) s’intéresse à l’actualité. Il écoute les nouvelles. On parle toujours beaucoup de politique à la maison, entre nous, entre moi et ma conjointe, à partir de nos conversations, il s’intéresse à la chose. En 2012, avant l’élection, je l’avais emmené voir Mme Marois. Il a une photo avec elle. Laurent a écouté le débat de jeudi soir dernier et même le débat sur le débat qui suivait. C’est certain que s’il avait une autre allégeance politique, ça nous choquerait un peu, mais ça viendra peut-être.»

Louis (début 70 ans)

«Je pense qu’on aurait dû parler davantage de la charte. Peut-être pas immédiatement dès le début, mais ne pas attendre que le “Jello” prenne comme c’est le cas présentement. On aurait dû en traiter il y a déjà une bonne semaine. Ça devrait être le centre du débat actuellement. Je suis aussi très déçu du comportement des médias, les journalistes qui sont affectés à la campagne. Ils reviennent constamment avec la question de la souveraineté du Québec, alors que Mme Marois a déjà établi clairement sa position. Mme Marois n’est pas traitée d’une façon équitable. Ce qui est le plus triste, c’est que ce sont des comportements de plusieurs journalistes qui sont dans l’empire de M. Péladeau. Le plus aberrant de tout est ce désaccord qu’a la population à l’égard de la manifestation de démocratie de vouloir un Québec souverain. Par définition, la démocratie c’est un système où les gens ne sont pas tous d’accord. Au fond, c’est une façon de bâillonner l’opinion publique – en disant “vous n’avez pas le droit de vous prononcer sur la question. Juste le fait de le faire va diviser la population”. C’est d’un ridicule consommé.»

André-Paul (dans la vingtaine)

«Cette campagne électorale est un moment un peu décevant dans notre démocratie. C’est un moment où l’on fait davantage de la relation publique envers l’électorat. Je trouve triste que l’on vote plus pour l’apparence au lieu de le faire pour les propositions des partis. Tous les partis ont une campagne assez neutre, assez molle, n’abordant jamais les vrais sujets. On l’a vu au débat d’hier (le jeudi 20 mars). J’ai été généralement déçu, même si quelques bons points ont été soulevés seulement 25 % du temps. Ce ne sera pas un débat dont on se souviendra dans le futur. Il n’a pas changé grand-chose non plus sur l’électorat. Au PQ, les propositions de pouvoir diminuer la dette, après avoir prouvé qu’il pouvait gérer les dépenses publiques, ont du sens pour moi. Le fait que le PQ soit un exemple en matière d’intégrité, capable de faire cesser le régime des prête-noms, de réduire la corruption m’importe également. Je ne me fais pas d’illusion mais, au moins, le PQ n’a pas de système de corruption institutionnalisé mis en place.»

 

 

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.