Divergente, roman demeurant un des meilleurs vendeurs à l’international, vient de connaître son adaptation au cinéma, Divergence (titre au Québec), trois ans après le début de sa sortie glorieuse en librairie. Son adaptation au grand écran ne risque pas de faire trop d’ombre à sa «compétition», la série de livres (et de films) Hunger Games, ou à l’autre série culte, Twilight. Explicitement destinée aux adolescentes en quête de sensations et de frissons «à l’eau de rose», cette adaptation a clairement été réalisée pour générer un maximum de profits, déduction d’une machine à promotion particulièrement massive, alors que les scénaristes semblent avoir abandonné le navire dès le début.

Neil Burger, réalisateur de The Illusionist et de Limitless, a été élu pour réaliser le premier de trois projets de film, alors que le deuxième volet sera confié à Robert Schwentke (RED, Flight Plan). Difficile de s’imaginer que deux autres longs métrages suivront ce premier opus défaillant et décevant, alors qu’il recèle des composantes malgré tout précieuses.

Dans un Chicago post-apocalyptique, ce qui reste de la civilisation humaine est divisé en cinq factions exploitant différemment quelques qualités humaines unificatrices. Tris, Shailene Woodley (The Descendants, The Fault in Our Stars), découvrira qu’elle n’entre dans aucune des catégories proposées, ce qui a comme résultat qu’elle sera considérée comme une menace à être éliminée. Elle est dans la même situation que Four, Theo James (You Will Meet a Tall Dark Stranger, Underworld: Awakening), un des commandants de la faction des Audacieux qui doit servir et protéger les citoyens.

Manifestement, les cinq factions présentées à la hâte et en abrégé est l’une des ratées considérables du film. Ces cinq factions (Altruiste, Audacieux, Érudit, Sincère et Fraternel) regorgent pourtant de potentiel. C’était une occasion rêvée de renverser le système de valeurs actuel des adolescents dominés par la consommation et le paraître et d’y introduire la vertu, à l’image d’un des personnages clé, Four (Theo James), qui a comme aspiration de toutes les intégrer progressivement dans sa vie.

Les deux tiers du film mettent l’accent sur l’entraînement de la protagoniste chez les Audacieux, qui font régner la loi et l’ordre dans la ville de Chicago, à la fois futuriste et dévastée. L’auteure des livres, Veronica Roth, ainsi que les scénaristes ont privilégié l’adrénaline, les émotions fortes et le choix de l’égoïsme fait par le personnage principal, Tris (Shailene Woodley). Au départ, une scène démontre littéralement son désintérêt à aider les gens dans le besoin et à assumer son rôle, celui d’être Altruiste. On peut être témoin d’une séquence rapide montrant sa mère refusant qu’elle se regarde trop longtemps dans le miroir pour éviter qu’elle soit entachée par la vanité. Comme elle choisit de quitter la faction des Altruistes pour celle des Audacieux, on la retrouve de plus en plus maquillée au fil des séquences.

Le long métrage dure 140 minutes, ce qui est forcément trop long, la profondeur manque cruellement. Cette profondeur est justement un aspect fondamental d’un bon film dystopique, qu’il soit adapté ou non d’un livre. Pour optimiser votre gestion du temps, il vaudrait mieux revoir des classiques tels que 1984, Gattaca, Soylent Green, Equilibrium, Brave New World, Children of Men ou encore V for Vendetta.

Des cinéastes et scénaristes ont su, dans le passé, améliorer certaines lacunes d’œuvres littéraires, mais ce cas est assez rare. On remarque généralement le contraire, où le livre est supérieur à son adaptation cinématographique. Dans le cas de Divergence, l’adaptation a au moins un avantage. Les scénaristes ont fait fi d’un passage controversé du livre où Tris est victime d’un viol, ce qui n’était pas nécessaire selon bien des lecteurs.

Le duo d’acteurs Shailene Woodley et Theo James, interprétant respectivement Tris et Four, est vraiment juste, le courant entre les deux est palpable, mais le tout est quand même insuffisant pour qualifier l’ensemble du film de satisfaisant. Même avec Kate Winslet (Titanic, Revolutionary Road) à bord, accoutumée à livrer d’excellentes interprétations, on ne rejoint toujours pas la surface de l’acceptable. Le passage de la jolie Maggie Q (Nikita, Live Free or Die Hard) ou encore celui de l’actrice Ashley Judd (Kiss the Girls, Double Jeopardy) sont tout de même appréciables durant ce film à n’en plus finir.

Les séquences d’actions sont assez chétives, il n’y a pas de cascades mémorables, bien qu’on tente de nous faire croire que certaines le sont. La réalisation reste dans le connu. Rien n’est particulièrement saisissant. On a l’impression qu’il s’agit presque d’un film amateur.

Le producteur exécutif musical, Hans Zimmer, derrière le succès des célèbres trames sonores de Gladiator, Mission : Impossible 2, The Last Samurai, The Lion King et bien d’autres, rassure par son inspiration qui se fait sentir à l’occasion durant la superproduction.

En entrevue pour le site web Melty.fr, la jeune actrice Shailene Woodley n’a pas mâché ses mots en qualifiant la saga culte Twilight (qui a donné du vent dans les voiles à des franchises fantaisistes comme The Mortal Instruments ou encore Divergence) de «toxique et malsaine». Elle pointe du doigt les répercussions que peut avoir son histoire d’amour allant aux extrêmes. Pourtant, celle de Tris et Four, au cœur de Divergence, n’est pas nocive pour ceux qui la suivront, mais n’a pas de substance, elle est insipide et pleine de clichés.

Le tournage du second tome de la trilogie Divergence, Insurgent (titre du roman en français Divergente 2 - Différente, déterminée, dangereuse) sera à l’affiche le 20 mars 2015, tandis que le troisième tome, Allegiant (titre du roman en français Divergente, Tome 3 : Allegiant sera en vente au début avril prochain en librairie) paraîtra au cinéma presque un an plus tard, soit le 18 mars 2016.