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Massacre au couteau de Kunming: un nouveau complot politique?

Écrit par Joshua Philipp et Zhang Dun, Epoch Times
06.03.2014
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  • 3 mars 2014. Des paramilitaires chinois patrouillent la gare principale de Kunming dans la province du Yunnan, après que 29 personnes aient été tuées dans une attaque au couteau. (Mark Ralston/AFP/Getty Images)

Après qu’un groupe de huit hommes et femme habillés de noir et armés de longs couteaux aient tué 29 personnes et en aient blessé 143 dans une gare ferroviaire du sud de la Chine, la censure a rapidement pris le contrôle de l’histoire.

Peu après le massacre du 1er mars dernier, les rapports et les photos sanglantes ont inondé l’Internet, mais cet tapage a rapidement été canalisé, non par manque d’intérêt du public mais par respect des ordres du Département central de la propagande du parti communiste.

Selon China Digital Times, l’ordre disait: «les médias qui publieront des articles sur l’incident de l’attaque au couteau qui s’est déroulé le 1er mars à la gare de Kunming devront suivre strictement la copie de l’agence de presse Xinhua ou les informations fournies par les autorités locales. Ne publiez pas cette histoire dans les gros titres. Pas de photo macabre.»

L’article officiel de Xinhua daté du 3 mars, que les médias chinois ont reçu l’ordre de suivre, ne faisait que deux paragraphes de long.

Le premier paragraphe disait que Meng Jiangzhu, le patron de la sécurité du PCC, avait rendu visite aux victimes au Premier hôpital du peuple de Kunming. Le second paragraphe décrit brièvement l’attaque comme l’acte d’un «groupe terroriste violent» dirigé par Abudurehim Kurban.

Aucun des grands quotidiens chinois hors de la province du Yunnan n’a publié cette histoire en première page. Depuis, de nombreux articles publiés sur Internet ont été effacés. Le magazine Time remarquait que même le Kunming Daily, le journal local, n’a publié que les deux paragraphes de Xinhua en première page avec un court éditorial rédigé dans le jargon habituel du Parti.

Selon Xinhua, quatre des assaillants présumés ont été abattus, une femme a été arrêtée et trois autres ont plus tard été capturés.

Une efficacité troublante

Si on lit les compte-rendus des témoins postés sur les sites de microblogging chinois, les assaillants semblaient hautement organisés et inhabituellement habiles.

Un internaute, Zuo Ruxing, a commenté sur Weibo, que chaque victime était expédiée avec une efficacité troublante par les assaillants. «Les tueurs ne dispensaient qu’un seul coup avant de se diriger vers la victime suivante, sans s’arrêter, cherchant sans cesse une nouvelle cible à abattre.»

Un autre internaute déclare avoir entendu un agent de police dire qu’il n’y avait «pas eu de second coup» sur aucune des victimes.

La méthode laisse penser que les assaillants étaient bien entraînés. Une victime meurt plus facilement d’un coup de lame enfoncée que d’une simple entaille. C’est pourquoi la doctrine militaire dans l’usage de l’épée favorise les coups portés en profondeur.

L’entraînement évident des assaillants, l’accusation presque immédiate (en quelques heures) des séparatistes du Xinjiang, ainsi que le lieu géographique de l’attaque, ont éveillé la suspicion des internautes chinois.

L’ombre de Bo Xilai

Un certain nombre d’observateurs ont remarqué que la gare de Kunming se trouve à proximité de la 14e base militaire chinoise.

La proximité de l’attaque avec la 14e base militaire à Kunming semble avoir déclenché un flux de rumeurs en ligne autour d’une intrigue politique. Cette base militaire a en effet des liens avec l’ancien membre du Politburo Bo Xilai, qui appartenait à la faction rivale de l’actuel dirigeant du Parti communiste Xi Jinping.

Selon le Wall Street Journal, le lien entre Bo Xilai et la base militaire avait déjà alarmé Pékin lors de sa visite à Kunming en 2012, remarquant  que la ville «abritait la 14e base militaire, directe héritière des forces de guérilla que son père avait dirigées dans les années 30’s».

Après la chute de Bo Xilai, le nouveau maire de Chongqing a révélait que Bo Xilai contrôlait au moins deux des armées de campagne de Chine.

Une autre rumeur court: au milieu de l’agitation politique qui a conduit à la condamnation de Bo Xilai à la prison à vie, la 14e armée se serait rangée du côté de Bo Xilai. Cette rumeur a été appuyée par des rapports selon lesquels le Comité central de l’Armée du Parti communiste chinois aurait envoyé cinq groupes pour enquêter sur les relations entretenues entre Bo Xilai et les bases militaires de Kunming, du Guizhou, du Sichuan et de Chongqing. La 14e base militaire se trouvait sur la liste d’enquête.

Théories du complot

Les utilisateurs de l’Internet chinois, mécontents de la façon dont les autorités ont traité l’histoire (réprimant les discussions et les enquêtes indépendantes, tout en soutenant agressivement la piste d’assaillants venus du Xinjiang) ont suggéré leurs propres théories du complot derrière cette attaque. Mais tout comme la version donnée par les autorités chinoises des événements, il n’existe aucune preuve indépendamment vérifiable d’une telle spéculation au sujet de l’identité et des motifs des assaillants.

Un internaute, Gulang Mosan, a commenté: «Ces malfaiteurs en uniforme ne vous semblent-ils pas familiers? Tout comme ces hommes forts et bien entraînés qui ont entraîné les foules à détruire des voitures japonaises au cours de la campagne anti-japonaise de défense des îles?»

Le mouvement de défense des îles est une série de manifestations populaires apparue en 2012 visant à soutenir la souveraineté de la Chine sur les Îles Senkaku contrôlées par le Japon. Les manifestations ont été autorisées par les autorités, même après qu’elles soient devenues extrêmement violentes.

En règle générale, le Parti ne respecte pas la liberté de rassemblement. Les observateurs attentifs ont remarqué qu’un certain nombre de leaders énergiques à la tête des manifestations portaient des signes d’affiliation à l’appareil de sécurité publique du parti. L’année 2012 a été riche en spéculations autour de complots politiques, notamment après l’arrestation de Bo Xilai et de son épouse. Certains ont donc lié les manifestations à ce qui restait de la faction de Bo Xilai et dénoncé une tentative de créer des troubles avant l’accession au pouvoir de Xi Jinping en novembre de la même année.

Un autre internaute a remarqué sur Weibo que les assaillants de Kunming portaient des uniformes, fait qui a été largement rapporté, et que plusieurs éléments de l’attaque, y compris leur visible habileté dans l’usage militaire des couteaux, laissaient penser que l’attaque «avait été préparée pendant longtemps».

Le même internaute a également noté que l’incident s’est produit peu de temps avant les «deux sessions» du Congrès national du peuple et la Conférence consultative politique du peuple chinois.

Version en anglais: Kunming Knife Massacre: Official Control of Narrative Prompts Questions

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