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Le retour de la realpolitik?

Faut-il s’attendre à une réelle rupture dans la voie des réformes entamées par Ayrault au gouvernement?

Écrit par David Vives, Epoch Times
10.04.2014
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  • L’arrivée de Manuel Valls à la tête du gouvernement, un changement de cap politique? (Alain Jocard/AFP/GETTY IMAGES)

Le message des Français aux dernières municipales a laissé place à de nombreuses interprétations de la part de la classe politique. Face à cette grande désapprobation, la réponse de François Hollande est tombée: «former un gouvernement de combat». Jean-Pierre Bel, président du groupe socialiste au Sénat, a ainsi affirmé qu’«avec 16 ministres, ce gouvernement sera immédiatement au travail afin d’accélérer les réformes et de redresser le pays dans la justice sociale». Il s’est également félicité de la formation «d’une équipe resserrée et paritaire» autour du Premier ministre Manuel Valls.

Mais derrière la formule, peu de ministres arrivent pour l’instant à expliquer aux micros des journalistes à quoi peut bien ressembler un «gouvernement de combat». Encore faudra-t-il convaincre les électeurs et la classe politique. La nomination de Manuel Valls ressemble à un symbole politique, se démarquant d’une partie d’une gauche revendicatrice d’une «ligne politique», et celle d’une gauche ayant besoin d’être «modernisée», selon les mots de l’ancien ministre de l’Intérieur.

Cette orientation semble curieusement rappeler les prises de position du candidat Nicolas Sarkozy, qui vantait en 2007 les mérites d’ une  politique de l’ «action» et de la «rupture tranquille», engagée dans des réformes qui, selon lui, attendaient depuis «vingt ou trente ans». Une nouvelle gauche décomplexée serait-elle en train de naître?

Le retour d’une gauche décomplexée

Comme Nicolas Sarkozy, Manuel Valls a été ministre de l’Intérieur avant d’occuper ses nouvelles fonctions de Premier ministre. Toujours comme Sarkozy, ce poste l’a amené à trancher sur des questions délicates telles que l’expulsion des Roms ou à prendre parti sur des questions de politique de sécurité intérieure. Plus discret que Sarkozy sur sa politique de sécurité intérieure, Manuel Valls incarne tout autant un homme loin de certaines préoccupations idéologiques, celles de la «ligne PS».

«L’important c’est la ligne, et Valls est celui, sur le papier, qui s’éloigne le plus de celle que nous souhaitons», estime le député socialiste de l’Essonne Jérôme Guedj, à l’instar de toute une partie des dirigeants PS.

«Une grande partie des idées de gauche est épuisée», expliquait Manuel Valls au journaliste Claude Askolovitch en 2008. D’après lui, le socialisme était alors devenu « un mot-prison qui empêche d’avancer. […] Nous n’avons plus de terre promise idéologique, acceptons-le», assumait-il, proposant même de changer le nom du Parti à la rose. En décembre 2012, l’ancien ministre de l’Intérieur résumait sa pensée dans l’émission Des Paroles et des Actes: «Il faut moderniser notre pensée».

Pas de doctrine pré-établie, seulement une direction, quelques objectifs (parfois symboliques), et de l’action, beaucoup d’action: voilà quelques points qui semblent jusqu’à présent familiers à Manuel Valls, et qui caractérisaient le règne de la realpolitik de l’ère Sarkozy. Au point qu’en ce temps-là, celle-ci se confondait avec la défense d’intérêts économiques, comme avec la Russie en 2010, où encore avec la visite de Kadhafi en 2007, au grand détriment de la défense des droits de l’homme. Sur ce point, le gouvernement actuel a déjà confirmé une certaine forme de pragmatisme, en déroulant le tapis rouge au président chinois le mois dernier.

Vers une réorientation de politique?

De nombreux problèmes se posent pour le nouveau gouvernement. L’administration française doit s’expliquer avec Bruxelles sur la réduction des dépenses publiques, doit résoudre les nombreuses difficultés inhérentes à la mise en place du «pacte de responsabilité», alors même que la courbe du chômage est loin d’atteindre les objectifs fixés. Autant de réformes qui, comme des leviers, semblent impossibles à actionner tous en même temps. D’où, le nécessaire effort d’explication appelé de ses vœux par Jean-Marc Ayrault, lors de son dernier discours à la suite du résultat du second tour des municipales.

L’ancien Premier ministre voyait dans la vague bleue des municipales un «message clair», qui devait être «parfaitement entendu». «se retrousser les manches pour sauver notre pays, les Français y sont prêts, mais à condition qu’ils comprennent à quoi servent leurs efforts», expliquait-il, tout en défendant la voie des réformes empruntée par le gouvernement. Le nouveau Premier ministre sera-t-il un pédagogue d’un genre nouveau, pour arriver à expliquer mieux que ne l’avait fait le gouvernement Ayrault, la voie choisie par le président de la République?

Cependant, mieux expliquer, ce n’est pas rompre avec la politique. Or, c’est précisément dans la rupture et non dans l’explication, qu’une partie de la classe politique fonde son espoir en l’avenir. Il est difficile d’imaginer un revirement de politique générale de la part de Manuel Valls, qui pourrait signifier un aveu d’échec des mesures prises jusqu’ici, alors même que celles-ci n’ont pas encore porté leurs fruits. Jean-Vincent Placé, chef du groupe écologiste au Sénat, commentait: «Est-ce qu’il veut aller plus vite et plus loin dans la politique qui est menée depuis deux ans et auquel cas nous ne pourrons pas lui donner notre confiance, est-ce qu’il veut tenir compte des messages des Français lors des municipales (...) et auquel cas nous discuterons».

Les Verts ne sont sûrement pas les seuls à attendre des signes de confiance de la part du nouveau gouvernement.

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