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Peut-on parler d’écologie politique?

Écrit par David Vives, Epoch Times
21.04.2014
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Quand on parle d’écologie, aujourd’hui, deux mots courent sur toutes les lèvres: transition énergétique. Ségolène Royal a tôt fait de s’exprimer sur le sujet, assurant l’urgence de «monter en puissance sur les énergies renouvelables», pour ramener à 50% la part de l’énergie nucléaire dans le bouquet énergétique français, une mesure annoncée par François Hollande lors de sa campagne.

Lors de son discours de politique générale le 8 avril, Manuel Valls avait rappelé que la future loi sur la transition énergétique sera soumise au Conseil des ministres avant l’été, et que cette dernière sera fondatrice de la nouvelle politique énergétique française. D’après le Premier ministre, celle-ci serait «une formidable opportunité économique».

Parallèlement à ces déclarations, la Fondation Nicolas Hulot a récemment remis une feuille de route à Ségolène Royal, qui appelle la ministre nouvellement élue à «mettre en place progressivement une obligation de rénovation des logements», à «défendre la montée en puissance de la contribution carbone», à «engager le rattrapage de la fiscalité diesel» ou encore à «maintenir le moratoire sur les gaz de schiste». Preuve en est – s’il fallait encore en apporter – que le projet écologiste n’en est qu’à ses débuts et ce malgré les nombreuses annonces et discussions politiques sur le sujet.

L’opinion publique et l’écologie

Malgré la couverture médiatique et les discussions des élus consacrées à l’écologie, les observateurs guettent encore les signes d’une prise de conscience significative dans notre pays. D’après un sondage émis par la TNS-Sofres, un tiers des français se disent sceptiques sur les causes réelles du changement climatique, et 13% d’entre eux nient ce phénomène. D’après l’ancienne ministre Corinne Lepage, «Allègre et Ferry ont fait des ravages», et «chaque pays a son Claude Allègre». «Pour le plus grand plaisir des lobbies industriels pétroliers, automobiles, nucléaires et chimiques» aurait pu continuer le député vert Sergio Coronado. Cependant, le gouvernement note que les français apparaissent globalement sensibilisés aux questions environnementales, et conscients des enjeux, bien qu’inquiets face à la crise économique.

A ce jour, d’après l’Insee, 75% des français déclarent consommer des «produits bio», et au cours des 12 derniers mois, 25% d’entre eux ont augmenté leur budget consacré à l’achat de ces produits. Au sujet d’une «consommation responsable», respectivement 39% et 40% des français estiment qu’il est meilleur d’acheter des produits fabriqués localement, et qu’il est important d’acheter seulement le nécessaire afin d’éviter le gaspillage.

Un point intéressant que soutient l’étude: l’attente des français envers les politiques. Il y a 4 ans, 44% des français pensaient que la responsabilité de la protection de l’environnement incombait aux entreprises. Une tendance en train de s’inverser: aujourd’hui, plus de la moitié des français (52%) estiment que ce sont d’abord les pouvoirs publics qui doivent agir pour la protection de l’environnement, contre 23% aux entreprises et 19 % aux particuliers.

L’écologie en politique, un rapport peu évident

Fort de son bon résultat aux municipales (27 villes de plus de 1.000 habitants, dont Grenoble), le parti EELV soutient qu’il «existe une demande d’écologie, une demande d’innovation et une demande d’imagination vers une politique permettant à la fois de soulager le budget des ménages et de protéger notre planète». Pour Daniel Boy, directeur de recherches à Sciences Po, «le meilleur terrain électoral des écologistes est aussi celui qui correspond à un vieux slogan: penser globalement, agir localement». Ainsi, la réussite aux municipales confirme aussi l’attrait du sujet écologiste pour les français.

Mais malgré la sympathie d’une partie des électeurs, dans l’histoire du parti écologiste en France, ces derniers n’ont jamais constitué une force politique majeure. La moyenne de leurs scores aux présidentielles se situe à 3,2% (avec un pic de 5,3% en 2002, avec le candidat Noël Mamère). A deux reprises, les Verts ont été nommés au gouvernement: en 1997 sous l’ère Jospin, et récemment avec Jean Marc Ayrault. Cependant, le parti reste défavorisé par le mode de scrutin, qui le réduit à conclure systématiquement des alliances avec le PS.

Les Verts n’accompagneront donc pas la transition énergétique, pour autant que celle-ci soit conclue par le gouvernement. D’après Daniel Boy, on peut voir dans la démission de Cécile Duflot et de Pascal Canfin du gouvernement Ayrault les limites et les faiblesses de l’écologie politique. L’écologie politique, d’après ce dernier, servirait peut être à «préparer l’avenir, c’est à dire à travailler à constituer une force politique suffisamment forte pour se passer de ce carcan que constitue un accord électoral avec le PS». «La tâche n’est pas facile», conclut-il.

Se saisir de l’enjeu

De nombreux gouvernements se succèdent depuis une vingtaine d’année, et chacun mesure l’importance de la défense environnementale selon des angles différents. Mais globalement, les mêmes interrogations demeurent. Aujourd’hui, d’après l’écologiste Nicolas Hulot, la défense de l’environnement «reste davantage perçue comme une question périphérique, une variable d’ajustement plutôt qu’une préoccupation centrale». Ce dernier appelait récemment les politiques à laisser «les armes au vestiaires», pour mieux faire face aux défis majeurs soulevés par la remise du dernier rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat.

Publié à Berlin le 13 avril, celui ci enjoint les gouvernements à réduire les émissions de gaz à effet de serre, qui ne cessent d’augmenter. Le rapport prévoit notamment une montée de 0,3% à 4,8% de la température d’ici 2100. De plus, il établit que «la responsabilité de l’homme dans le réchauffement» est «toujours plus certaine, de l’ordre de 95%».

En 2009, la conférence mondiale de Copenhague avait été un grand rendez-vous manqué sur l’engagement des pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Malgré les hautes ambitions européennes, les luttes géopolitiques pour les matières premières l’avaient emporté, et le refus d’engagement de la part des États Unis et de la Chine ont fait sombrer les espoirs d’un réel élan pour l’écologie mondiale, nécessaire depuis les lointains accords de Kyoto. En 2015, Paris accueillera une nouvelle conférence sur le climat; d’ici là, les ONG appellent les autorités françaises à montrer l’exemple dans leur engagement.

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