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Une rencontre au sommet entre promesse et persécution

L’«incident de Zhongnanhai», 15 ans plus tard

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
26.04.2014
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  • 25 avril 1999: Des pratiquants de Falun Gong alignés le long des rues bordant l’enceinte de Zhongnanhai. (Minghui.org)

Il n’est pas d’usage qu’un haut dirigeant du Parti communiste chinois rencontre des représentants du peuple pour répondre directement à leurs inquiétudes. En réalité, cela ne s’est produit que deux fois au cours de toute l’histoire moderne de la Chine: la première, le 19 mai 1989 lorsque Zhao Ziyang, alors Secrétaire général du Parti, par la suite écarté du pouvoir, a rencontré les étudiants de la place Tiananmen. Quelques semaines plus tard, les tanks occupaient la place.

La deuxième rencontre a eu lieu dix ans plus tard, le 25 avril 1999. Ce jour-là, Zhu Rongji, Premier ministre de l’époque, a appelé à Zhongnanhai, bastion des autorités centrales à Pékin, trois représentants de plus de 10.000 personnes qui s’étaient rassemblées aux abords de l’enceinte. Les circonstances semblaient plus favorables et, de leur côté, les attentes des requérants sensiblement moins politiques.

Zhu Rongji s’est montré à Zhongnanhai vers 8h30, trois heures après que les pratiquants de la voie spirituelle traditionnelle chinoise Falun Gong ont commencé à se rassembler. À ce moment, le Premier ministre aurait demandé à parler aux responsables et un groupe de manifestants aurait répondu: «Nous sommes tous responsables». Au final, trois représentants ont été désignés. Ils ont eu un entretien de plusieurs heures avec Zhu Rongji.

Les témoins rapportent que la discussion s’est bien déroulée et qu’elle s’est conclue sur trois points d’accord : les pratiquants de Falun Gong qui avaient été arrêtés à tort quelques jours plus tôt à Tianjin, une ville proche de Pékin, seraient libérés ; un environnement légal serait offert à la pratique du Falun Gong en Chine; les livres du Falun Gong ne seraient plus interdits d’édition.

Cet appel à manifester et la rencontre qui s’en est suivie avec Zhu Rongji étaient sans précédent en Chine.

Témoignage de Shi Caidong 

Des trois personnes qui ont rencontré Zhu Rongji, l’une d’entre elles était docteur en physique à l’académie chinoise des sciences, un think tank chapeauté par le régime chinois. Cette personne s’appelle Shi Caidong. Il travaille aujourd’hui dans les affaires à New York. Il se souvient de la rencontre.

Alors qu’ils entraient dans l’enceinte des autorités centrales, Zhu Rongji a demandé: «J’ai répondu à votre appel par écrit, n’est-ce pas?» Les trois représentants du Falun Gong ont été très étonnés car ils n’avaient pas eu connaissance de cette réponse. À l’origine, Zhu Rongji avait rédigé une lettre pour répondre aux inquiétudes des pratiquants du Falun Gong selon laquelle les forces dures du Parti cherchaient à harceler et à restreindre la pratique, à faire interdire la publication de Zhuan Falun, l’ouvrage principal du Falun Gong, et à répandre une propagande destructrice dans les médias. Il semble que les instructions du Premier ministre à ce sujet ont été interceptées par les autorités chinoises qui avaient d’autres stratégies.

«Vous avez la liberté d’expression, n’est-ce pas?», a demandé également Zhu Rongji. Ce dernier semblait réceptif aux inquiétudes des manifestants et aimable envers ses interlocuteurs.

Au cours de la discussion, l’un des deux pratiquants de Falun Gong qui accompagnaient Shi Caidong a cité un article diffamatoire écrit par He Zuoxiu, un scientifique communiste qui cherchait à attaquer le Falun Gong. Les pratiquants avaient réagi en se rendant à l’université de Tianjin où cet article avait été publié pour en demander le retrait. Les pratiquants avaient été reçus par des forces de police violentes et parmi les pratiquants, 45 d’entre eux avaient été arrêtés. Le rassemblement de 10.000 personnes à Zhongnanhai quelques jours plus tard est la conséquence de ce premier incident.

Lorsque le nom de He Zuoxiu a été cité, l’un des proches de Zhu Rongji a murmuré: «Encore lui!» Selon les souvenirs de Shi Caidong, le président du bureau des appels vers lequel les pratiquants avaient d’abord entrepris leurs démarches, a ajouté: «Il n’y a qu’un He Zuoxiu, n’est-ce pas?»

  • Shi Caidong, l’un des trois pratiquants de Falun Gong qui, le 25 avril 1999, sont entrés à Zhongnanhai, les quartiers généraux des dirigeants du Parti communiste chinois pour discuter de la situation avec Zhu Rongji, Premier Ministre chinois de l’époque. (Minghui.org)

Une campagne de brutalité en préparation

Depuis l’«incident de Zhongnanhai», comme il a été nommé, de nombreux analystes chinois se sont demandé si ce n’était pas l’«erreur stratégique» des pratiquants de Falun Gong ayant participé à l’événement qui avait précipité la persécution brutale qui s’en est suivie, ou si c’était la meilleure occasion que les autorités chinoises ont saisie pour déclencher une campagne préparée depuis longtemps.

Selon le souvenir de Shi Caidong, la seconde hypothèse est la plus probable. He Zuoxiu est le beau-frère de Luo Gan, à l’époque responsable de la sécurité chinoise, un fervent de la ligne dure communiste qui considérait l’expansion du Falun Gong en Chine comme un défi à l’idéologie marxiste-léniniste du régime. Dès 1996, Luo Gan avait lui-même organisé, secrètement, des enquêtes autour du Falun Gong, en envoyant des policiers en civil sur les sites de pratique pour récolter les identités et les adresses des pratiquants de tout le pays.

Les recherches récentes menées par l’auteur Ethan Gutmann suggèrent même que Luo Gan pourrait avoir été impliqué dans une conspiration visant à piéger les pratiquants présents autour de Zhongnanhai le 25 avril 1999. «Zhongnanhai était une mise en scène», a expliqué Ethan Gutmann dans une récente interview. Son prochain livre à paraître prochainement sous le titre anglais The Slaughter (Le Massacre, ndlr.) raconte comment les pratiquants de Falun Gong ont décidé d’aller faire appel auprès des autorités centrales et comment les policiers étaient prêts à les recevoir et leur ont barré le chemin du bureau des appels pour les forcer à se ranger tout autour de l’enceinte de Zhongnanhai, les quartiers généraux des dirigeants du Parti.

Plus tard dans la journée, Jiang Zemin, alors Secrétaire général du Parti, est passé dans sa limousine noire pour observer le groupe qui s’était rassemblé dans le calme. Dans une lettre rédigée le soir même, Jiang Zemin a qualifié ce rassemblement de «plus sérieux incident depuis les turbulences politiques de 1989».

Il y posait cette question, en rage: «Ne pouvons-nous pas, nous les communistes, avec notre croyance dans le marxisme, le matérialisme et l’athéisme, vaincre toutes ces choses lancées par le Falun Gong? Si nous n’y arrivons pas, nous serons la risée du monde entier. Tous les cadres dirigeants de tous les niveaux, surtout les plus hauts responsables, doivent reprendre leurs esprits maintenant!»

La réponse de Jiang Zemin au Falun Gong ne s’est pas fait attendre: une police secrète, des confessions forcées, des programmes incessants de propagande télévisée aux heures de grande écoute, des sessions forcées d’étude idéologique et pour ceux qui refusaient de renoncer à leur foi en Falun Gong, de lourdes peines de prison, des chambres de torture et des camps de travaux forcés. La campagne violente de persécution du Falun Gong qui se poursuit encore en ce 25 avril est un héritage de Jiang Zemin.

Version en anglais: Looking Back at a Rare Meeting With China’s Premier: Hopeful Yet Foreboding

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