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L’héritage perdu de Gabriel Garcia Marquez

Écrit par le Dr César Chelala
26.04.2014
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  • Le lauréat du Prix Nobel de littérature en 1982, Gabriel García Marquez est le sujet de ce portrait peint dans sa ville natale, à Aracataca en Colombie, le 18 avril 2014. García Marquez, auteur de Cent ans de solitude, est décédé le 17 avril 2014 à son domicile de la ville de Mexico en présence de sa femme et de ses deux enfants. (Eitan Abramovich/AFP/Getty Images)

J’ai rencontré Gabriel Garcia Marquez et Fidel Castro, à Cuba, au Palais de la Convention de la Havane pendant un meeting médical auquel j’ai assisté dans les années 80. J’ai aussi eu l’honneur d’être beaucoup cité dans l’un de ses articles: «Con las Malvinas o sin Ellas» (Avec ou sans  les Malouines). Mon article (que j’ai signé sous le pseudonyme de Juan Montalvo, pour protéger ma famille en Argentine) était une longue interview avec deux leaders de l’organisation des Mères de la place de Mai en Argentine. C’est un groupe de femmes courageuses qui recherchent encore leurs fils et filles qui ont été «portés disparus» par les militaires argentins gouvernant le pays.

Dans son article, Garcia Marquez révèle une de ses deux principales préoccupations: la relation abusive entre les grandes puissances industrielles et les pays d’Amérique Latine et des Caraïbes, et la situation des droits de l’Homme sur le continent. Bien que les commentaires sur son travail et sa vie témoignent principalement de ses réalisations littéraires, ils ne traitent pas des aspects politiques de sa vie.

«Le monde a perdu un de ses plus grands écrivains visionnaires – et un de mes favoris depuis le temps où j’étais jeune» a déclaré le Président Obama dans un communiqué, et il a appelé l’auteur «le représentant de la voix du peuple des Amériques.» Le Président Obama est absolument juste à ce propos: «Marquez s’est toujours positionné du côté des moins fortunés et contre ceux qui abusaient d’eux.»

Durant la conférence d’acceptation de son Prix Nobel, Marquez a développé quelques-uns des sujets qui le hantaient. Il a parlé de deux Présidents morts suspectement dans deux accidents d’avion, raisons pour lesquelles rien n’a été découvert. Un d’eux, Jaime Roldos Aguilera, Président de l’Equateur connu pour son positionnement ferme en faveur des droits de l’Homme, est décédé dans un accident d’avion le 24 mai 1981, en compagnie de ses assistants et de leurs conjoints.

John Perkins, ancien économiste à la Banque mondiale et auteur de «Confessions d’un tueur à gage de l’économie» croit que Roldos a été assassiné  en raison de son plan de réorganisation du secteur de l’hydrocarbure de son pays qui aurait menacé les intérêts américains. Des mois après le décès de Roldos, un autre leader d’Amérique Latine et un proche ami de Marquez,  Gen. Omar Torrijos, Président  de Panama, est aussi décédé dans un accident d’avion suspect. Perkins croit que c’était le produit d’un assassinat mené par la CIA.

Lors de sa conférence du Nobel, Marquez a aussi fait référence aux trois pays d’Amérique Centrale, punis par des guerres longues et sanglantes.

«Parce qu’ils ont tenté de changer cet état de choses», il a dit qu’«à peu près deux cent milles hommes et femmes sont morts à travers le continent, et plus d’une centaine de milliers ont perdu leur vie dans trois petits et malheureux pays d’Amérique Central: le Nicaragua, le Salvador, le Guatemala. Si cela s’était passé aux États-Unis, l’équivalent aurait été d’un million six cent mille morts violentes en quatre ans.»

En raison de l’intervention étrangère, le progrès de beaucoup de pays d’Amérique Latine a été retardé pendant des décennies, une réalité douloureuse que j’ai été capable de voir lors de plusieurs missions sanitaires à travers le continent. Mais j’ai aussi vu le désir et l’optimisme pour un meilleur futur des peuples punis par les brutales et longues guerres. Marquez a exprimé  par la puissance de ses propres mots, «Malgré cela, l’oppression, le pillage, l’abandon, nous répondons à la vie. Ni les inondations, ni la peste, ni les famines ou les cataclysmes, pas même les guerres éternelles de siècle en siècle, n’ont été en mesure de maîtriser l’avantage de la vie sur la mort.»

C’est que le désir d’une vie meilleure, que j’ai un jour vu en sortant de mon hôtel à Port-au-Prince, à Haïti, quand une bande d’écoliers est passée devant moi, bien habillés, en chantant sur le chemin de l’école. Je ne pouvais m’empêcher de m’émerveiller, dans le pays le plus pauvre de l’hémisphère, avec la persistance de manque de moyens en matériaux et en eau, devant des enfants capables de marcher fièrement vers leur école dans leurs uniformes propres, leur chant était la manifestation de leur optimisme.

Ces faits me font réaliser que la meilleure façon d’honorer la mémoire et de garder l’héritage d’un des plus grands écrivains d’Amérique Latine n’est pas seulement de se rappeler de l’écrivain, mais aussi de l’homme qui a toujours exprimé sa préoccupation pour les démunis de la terre.

Dr. César Chelala est co-lauréat du prix de l’Overseas Press Club of America.

Les opinions exprimées dans cet article sont les opinions de ou des auteur(s) et ne reflètent pas nécessairement les vues d’Epoch Times.

Version en anglais: Gabriel García Márquez’s Lost Legacy

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