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La construction européenne fait-elle toujours rêver?

Écrit par David Vives, Epoch Times
29.04.2014
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  • (Frederick Florin/AFP/Getty Images)

Le 25 mai prochain, nous devrons élire les 74 eurodéputés français qui parmi les 751 représenteront les 500 millions de citoyens européens pour les cinq années à venir. Rendez-vous manqué pour certains, opportunités et espoirs pour d’autres, la construction européenne fait-elle toujours rêver?

«La campagne pour les élections européennes n’a pas démarré. Elle ne démarrera pas», déclarait Jean-Jacques Attali le 14 avril. Deux semaines plus tard, la campagne pour les élections européennes commence timidement, quand celle-ci n’est pas simplement absente des médias. À première vue, le climat politique ne soulève guère l’optimisme: montée de l’euroscepticisme et du nationalisme, perte d’influence de la France au sein de la communauté européenne, crise économique, chômage en hausse, etc.

À moins d’un mois du vote qui établira les 74 eurodéputés représentant les Français à Bruxelles, le débat sur l’Europe reste néanmoins crucial, tant il soulève des questions importantes pour la future gestion économique et le poids politique de cette dernière.

«On peut attendre de ce Parlement européen que ses élus nous disent comment l’Europe va s’affirmer dans la mondialisation. Il y a des décisions à prendre en matière de politique commerciale d’énergie climat, etc. des enjeux assez substantiels», soutient Yves Bertoncini, secrétaire général du centre de réflexion «Notre Europe».

Faute de «rêve», les Français pourront-ils espérer un débat à la hauteur de l’espoir européen? Les hommes politiques commencent leurs sorties et chacun joue sa partition sur les sujets qui seront au cœur de l’élection européenne. Encore faudra-t-il convaincre les nombreux électeurs français qui n’ont l’impression qu’on leur parle d’Europe que quand l’heure des élections approche.

L’absence de débat crée-t-elle de l’abstentionnisme?

Parmi les nombreux facteurs, on peut souligner que l’absence d’enjeux identifiés et d’une compréhension claire du fonctionnement des institutions européennes n’aident pas les électeurs à se rendre aux urnes. Selon un sondage CSA tombé vendredi dernier seuls 35% des Français se disent «certains» d’aller voter. Mais ce chiffre n’est pas forcément signe de désintérêt. En 2005, lors du référendum qui allait déterminer la création d’une constitution européenne, l’abstention n’avait été que de 30%.

D’après certains observateurs du milieu politique, le désintérêt des électeurs serait plutôt révélateur d’un euroscepticisme lié au fonctionnement politique de l’Europe et au caractère peu démocratique de ses institutions. La Commission européenne est souvent perçue comme une technocratie complexe, éloignée des préoccupations quotidiennes des citoyens, émettant des séries de normes et de réglementations contraignantes.

D’après Sylvie Goulard, eurodéputée sur la liste du MoDem, les campagnes d’information civique brillent en France par leur absence, malgré les recommandations du ministère des Affaires européennes et du CSA; d’après elle, «sur les chaînes de télévision et les radios, l’Europe est la grande absente». Pourtant, dans l’article 16 de son cahier des charges (publié en 2009), France Télévisions soutenait son attachement à «évoquer les institutions européennes et, notamment, le Parlement européen», et s’engageait à organiser des «rendez-vous hebdomadaires et des reportages consacrés à l’information et aux débats politiques français et européens».

  • Le huitième scrutin des élections européennes se déroulera du 22 au 25 mai sur le continent. (Frederick Florin/AFP/Getty Images)

Les enjeux forts du scrutin

Le premier enjeu est politique, même s’il demeure peu évident de tirer des enseignements directs du résultat sortant des urnes. Or, au niveau national, l’ombre d’un vote défouloir plane encore sur le scrutin. D’après les premiers sondages Ipsos, 24% des intentions de vote iraient au FN, 22,5% à l’UMP, et 20% au PS. Si Marine Le Pen rêve d’une première place, celle-ci serait toute symbolique car l’influence du groupe européen d’extrême droite ne détermine pas l’issue des débats au Parlement européen. Pour les socialistes, si l’on en croit Jean-Christophe Cambadélis, ils ne «feront pas de miracle» mais tenteront de limiter la casse. Le parti au pouvoir craint en effet une seconde débandade électorale, dans le courant des municipales: «Le seul suspense, c’est de savoir si l’on finira troisième ou quatrième», affirme un élu socialiste.

Le second enjeu fort est donc économique et renvoie au bras de fer européen qui se joue entre les pays tenant de l’orthodoxie économique (dont l’Allemagne) et les pays du Sud, la France, l’Espagne ou la Grèce, qui appellent de leurs vœux un assouplissement. Sur la table des négociations, on trouverait, notamment, la baisse des critères sur les limites des déficits publics, une question douloureuse pour ces derniers, hors des clous fixés par la Commission européenne.

D’après le parti du gouvernement, cette question serait susceptible d’intéresser les Français: mettre fin à la politique d’austérité menée par Bruxelles, et qui d’après une députée PS, ne correspond pas du tout «à ce que fait le gouvernement». Pour Thomas Klau, expert et chef du Conseil européen des Affaires étrangères, la question d’une «bonne gestion d’un point de vue économique» est omniprésente dans l’élection: «C’est la première fois que nous avons au cœur du débat européen, un sujet partagé par l’Europe tout entière. En résumé: austérité, rigueur budgétaire ou bien une politique qui favorise et stimule la croissance à court terme».

Susciter l’espoir européen

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, qui parachevait des siècles de douleurs et de meurtrissements amenés par les conflits européens, l’espoir d’une ère de paix s’est fait pressentir sur le continent. Qui se souvient encore de Victor Hugo, qui espérait remplacer les «hommes d’armes, les canons, les épées» par une «assemblée», qui serait comme une «âme à tous», et qui naîtrait d’«une petite boîte» qu’on appellerait «urne à scrutin»? «L’ère des révolutions se ferme, l’ère des améliorations commence», entrevoyait le célèbre auteur dans son discours au Congrès de la Paix en 1849 avec lyrisme. Depuis sa création il y a quelques décennies, l’Europe a traversé de grandes difficultés, mais a également accompli de grandes avancées.

Aux eurosceptiques de tous poils, on pourra toujours dire que Rome ne s’est pas faite en un jour. Dans un billet publié sur le Huffington Post, Jean-Marie Cavada affirmait que «la construction européenne n’en est qu’à son adolescence politique». L’eurodéputé, dans la lignée de certains observateurs, soutenait que celle-ci est encore sujette aux «vents nationalistes» qui pourraient bien «balayer l’édifice», et en conséquence, appelle les électeurs à ne pas bouder les urnes suite à une simple mauvaise humeur nationale.

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