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La révolution des «villes intelligentes» aura-t-elle lieu?

Écrit par David Vives, Epoch Times
04.04.2014
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  • Nos bonnes vieilles cités européennes sont-elles prêtes à se transformer en gigantesques iPhone multifonctionnels?. (Christopher Furlong/GETTY IMAGES)

D’après un sondage Ipsos, la grande majorité des Français estime que le numérique leur facilite le quotidien (90%). Parallèlement à cela, 44% des Français pensent que leur ville utilise les services numériques, 27% méconnaissent le sujet. Le sondage montre également que les habitants vivant dans de grandes agglomérations sont plus sensibles à ce sujet et pensent que leur ville pourrait faire mieux. Une certitude, d’après ce sondage: plus on habite dans de grandes agglomérations, plus le «besoin» de technologie se fait sentir.

Dans nos agglomérations, nous vivons en étroite symbiose avec des objets technologiques, qui sont de plus en plus capables d’agir ou de posséder une identité informationnelle. Mais tout dépend de la fonction que l’on donne à la technologie...

Par exemple, le Tower Bridge de Londres est capable d’avertir les gens via twitter quand le pont se soulève. En Finlande, pays plongé dans l’obscurité pendant une grande partie de l’année, les voitures sont un danger pour les piétons. Ainsi, un capteur placé sur la chaussée est capable de détecter les piétons et d’avertir les véhicules; ce système, qui recueille les données des usagers – sans toutefois les stocker – a sauvé de nombreuses vies et est perçu comme très positif par la population.

Cependant, l’adaptation à l’usager et le gain de confort ne sont pas forcément synonymes d’adaptation à l’espace urbain. Dans d’autres cas, certains pays comme la Corée ou le Japon ont développé des panneaux publicitaires qui, en analysant le visage des badauds, sont capables de proposer des produits censés correspondre à leurs goûts. Une société française a également développé un panneau d’affichage, qui d’après l’âge, le sexe, le groupe ethnique d’un passant, produit une image susceptible d’attirer son attention.

Les villes, des entités humaines et complexes

D’après Adam Greenfield, écrivain et directeur d’Urbanscale, «une telle application a tendance à effectuer des discriminations, à placer des gens dans des catégories. Cela va dans le sens inverse de ce qu’on attend d’une ville, qui est d’augmenter la diversité».

Le  risque existant serait donc d’exporter les problématiques inhérentes à l’usage des technologies dans l’espace urbain. Pour la sociologue et économiste américaine Saskia Sassen, les villes sont des entités humaines complexes, toutes différentes les unes des autres: «Il faut d’abord voir que la ville n’est pas une somme d’objets matériels, mais qu’on y trouve aussi des personnes, des cultures, des sous-cultures. C’est d’ailleurs ce qui permet le plus souvent à la ville de s’adapter, de réagir et de continuer à exister comme l’ont fait Rome, Marseille ou Istanbul», indique-t-elle.

D’où la nécessaire compréhension de l’adaptation réelle de la ville aux besoins propres des citoyens. La ville fonctionne comme un espace ouvert, contrairement aux systèmes informatiques, qui sont des systèmes fermés créés par des ingénieurs. Or, la technologie étant limitée, on ne peut l’introduire à grande échelle. «Ainsi, il faudrait penser à  urbaniser les technologies plutôt que d’utiliser des technologies qui désurbanisent la ville», asserte Saskia Sassen. Les villes ont une forme d’évolution propre aux comportements des citoyens – qui ne sont pas tous des ingénieurs…

De nouveaux liens entre services publics, entreprises, et citoyens?

Différents acteurs du numérique, qui se prononcent pour le développement des villes intelligentes, y voient cependant un levier pour permettre une meilleure relation entre entreprises, services publics et citoyens. Jérôme Lhote, fondateur de la plate-forme Koum, propose à travers certains projets en voie de développement de «mettre les villes et les entreprises en connexion pour les faire agir sur le développement durable en prenant en compte l’enjeu de la réciprocité». Le concept, d’après une trouvaille développée par son réseau, serait de compter le nombre d’habitants qui se fournissent dans un certain type d’énergie, pour amener les autorités municipales à se fournir dans une énergie renouvelable.

D’après Vincent Callebaud, architecte et partisans des smart cities, la technologie a créé «de nouveaux rapports entre les gens, sans toutefois les améliorer». Or, il faudrait «repenser au mode communautaire et quitter le modèle individualiste». Un exemple pour l’architecte: «les fermes urbaines». La possibilité de créer des projets collectifs, en s’appuyant sur les services de mise en relation et en définissant certains espaces destinés à la vie en collectivité, pourrait faciliter la vie urbaine. Un avis que partage Jérôme Lhote: «privilégier l’agriculture urbaine, faire une activité ensemble, repenser les interactions entre les différentes classes sociales, entre les différentes quartiers... cela est primordial», affirme-t-il.

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