Du haut de sa tour, à Arbois dans le Jura, Patrice Gouttefanjat ponce, dessine, crée, encre, reproduit et ponce encore.

Il s’active silencieusement autour de ses feuilles soigneusement choisies, de ses encres, de son rouleau en cuir, de ses ustensiles historiques et des odeurs acides. Loin d’être freiné par le poids des blocs de calcaire, il les manipule avec hardiesse et presque légèreté. Dessin après dessin, ils resteront le support délicatement poncé, doux et homogène comme la peau, palais de tant d’arts, de savoirs et de moments méditatifs. À lui seul, il ressuscite tout un univers oublié, presque perdu. Il est l’un des derniers détenteurs des secrets de la lithographie en France…

Dessinateur avant tout, admirateur de nature, ses influences le guident et l’amènent à revisiter chaque jour les mondes animaliers, forestiers et paysagers.

Humble de son art, «la presse» trône au milieu de l’atelier. Une alliance de différents bois, de fer et de pierre et une capacité étrange à traverser le temps… C’est à travers elle que chaque dessin transitera, prendra sa grandeur et trouvera sa raison d’être. L’œil aguerri de Patrice Gouttefanjat ne laissera aucun détail au hasard malgré la subtilité des tirages et le pourcentage de surprise. Les teintes obtenues, le grain de la pierre, les dégradés, les contrastes et la qualité des dessins sont le fruit d’années d’expérience fortes de passion et de recherche.

Perdue entre l’imprimerie moderne, la gravure et l’estampe, la lithographie a été oubliée à cause de la taille imposante de la presse et de la fragilité des blocs de calcaire. L’introduction de la lithographie en 1814 en France, malgré sa forte utilisation et sa qualité, n’a pas pu rivaliser avec les autres techniques de reproduction telles que l’imprimerie. Traditionnelle, elle reste cependant la pionnière et l’ancêtre des premières presses à imprimer et possède un large éventail de moyens. De grands artistes tels Manet, Pissaro, Degas, Toulouse-Lautrec, Gauguin, Cézanne, Renoir, Schiele, Matisse, Chagall, Picasso (…) ont laissé plusieurs essais remarquables, mais elle déclinera après la Deuxième Guerre mondiale.

Riche de son histoire et de ses possibilités, elle comble l’appétit de l’artiste pour le plus grand plaisir des promeneurs, des amateurs et des collectionneurs. Au-delà de cela, Patrice Gouttefanjat fait perdurer à travers le temps, la connaissance académique qui disparaîtrait sans le courage et l’assiduité des artistes, détenteurs et défenseurs de savoir et de culture.

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