Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

La fibre statistique

Écrit par Aurélien Girard, Epoch Times
06.04.2014
| A-/A+
  • Patrick Drahi, à la tête d’Altice - société mère de Numéricable - et désormais de l’opérateur SFR. (Eric Piermont/AFP/Getty Images)

EDITO – Après une guerre des offres qui a réveillé l’actualité économique française et fourni l’occasion de mille et une analyses sur l’évolution du paysage des télécoms français, le rachat de SFR par Altice/Numericable est acté. Ce samedi 5 avril, le Conseil de surveillance de Vivendi a tranché et confirmé son choix initial, malgré le double relèvement de l’offre bruyamment annoncé par Bouygues. Malgré, aussi, l’activisme d’Arnaud Montebourg, qui a mis tout son poids dans la balance contre Numericable; coïncidence étrange, les hordes du fisc ont d’ailleurs, à la mi-février, opéré un médiatique redressement fiscal de 36 millions d’euros à l’encontre de l’opérateur.

La force du positionnement de M. Montebourg en faveur du groupe Bouygues a été dérangeante à plusieurs titres. L’État n’étant actionnaire ni de Vivendi ni de Bouygues, le marquage d’une préférence aussi forte – au point de recourir aux menaces et à la rétorsion – laisse l’impression désagréable d’un espace de non-droit où le politique peut agir sur l’économie et l’emploi, non comme force dynamisante, mais par le recours à la nuisance. L’État, argue le ministère de l’Économie, est dans son droit dès lors qu’il s’agit de s’assurer du maintien de l’emploi ou du bon déroulement de chantiers stratégiques nationaux – ici, le déploiement national de l’internet à très haut débit, par fibre optique pour l’internet fixe et par réseau 4G pour l’internet mobile.

Pourtant, chacune des offres pose problème: Bouygues, en acquérant SFR, prévoyait de vendre son propre réseau mobile à Free, qui n’aurait alors plus eu aucun besoin d’investir dans le développement de ses infrastructures. Free, obtenant le réseau Bouygues, aurait aussi brusquement cessé de le louer à Orange, induisant plusieurs milliards d’euros de perte pour l’opérateur national – dont l’État est actionnaire. Bercy aurait perdu quelques autres milliards en ayant un client de moins pour l’achat de fréquences mobiles.

Avec l’achat par Numericable par contre, c’est le déploiement national de la fibre optique qui pourrait prendre du retard, aucun engagement n’ayant été pris par le groupe à ce sujet. Martin Bouygues, lui, avait promis au gouvernement d’investir 2 milliards d’euros par an dans le développement des réseaux fixes et mobiles, soit une promesse de création d’emplois qui ne pouvait que toucher la fibre statistique de l’État: aider à inverser la courbe du chômage – même en creusant le déficit public – vaut en cette période mieux que l’offre d’achat la plus solide et la mieux ficelée. On peut s’attendre maintenant à ce que les juristes de Bercy travaillent au microscope et au scalpel à trouver la moindre faille permettant d’annuler la vente de SFR.

Epoch Times est publié en 21 langues et dans 35 pays.

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.